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Helvétie

Helvétie

Titel: Helvétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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coupables.
     
    Cet ancien élève du corps royal d’artillerie, né à Wezel, en Westphalie, avait opté pour la France à la Révolution. Confirmé dans son grade par le Comité de salut public, il avait servi comme capitaine au 6 e  bataillon d’infanterie légère, avant d’être affecté, en 1792, à l’état-major de l’armée du Nord. Promu capitaine général des Guides, puis général de brigade et enfin général de division en 1796, il avait prouvé de réelles qualités militaires dans l’armée du Danube, sous les ordres de Masséna. Envoyé dans le haut Valais avec quelques bataillons pour chasser les Autrichiens qui tentaient d’empêcher les communications entre l’armée du Danube et celle d’Helvétie, il avait délogé les Impériaux de Brigue et de Lax, puis avait dû faire face à la guérilla que menaient les Grisons et les Valaisans. Cette rébellion pro-autrichienne avait ses origines dans l’atta chement des Valaisans à l’indépendance. La mainmise française, rendue nécessaire par la guerre contre l’Autriche et l’obligation de maintenir ouverte la route d’Italie, avait été mal acceptée par une population vaillante et pacifique, qui entendait rester à l’écart des conflits qui agitaient l’Europe. Cette neutralité avait perdu toute signification depuis que les Autrichiens avaient été admis en Suisse. Certains Valaisans l’avaient reconnu et s’étaient résignés au moindre mal, l’occupation française. Mais une grande partie de la population avait rejeté des considérations stratégiques qui dépassaient son entendement. D’où une rébellion attisée par les prêtres qui brossaient d’effrayants portraits de ceux qui voulaient imposer à l’Europe, par la terreur, le gouvernement des sans-culottes régicides, pilleurs et libertins.
     
    Les agents autrichiens et russes encourageaient, et parfois armaient, ceux qui ne voulaient pas entendre parler de la République helvétique. La révolte avait été contenue, puis réprimée, par les troupes de Xaintrailles, mais les horreurs commises n’étaient pas oubliées. Un ressentiment subsistait et beaucoup de paysans graissaient leurs carabines en attendant une nouvelle insurrection, promise par des libelles vengeurs.
     
    Pour inspirer un renouveau de confiance aux Valaisans, il fallait donc que la justice passât et que Xaintrailles, désigné comme premier responsable des crimes et exactions, fût jugé et condamné.
     
    L’appel à témoins, lancé à la demande de l’état-major, produisit son effet. Des plaignants se présentèrent, qui se montrèrent le plus souvent précis. Le sous-préfet de Loèche, M. Mutter, raconta qu’il n’avait jamais pu obtenir de Xaintrailles la restitution de quatre vaches, prises par erreur dans le district insurgé. Un fonctionnaire expliqua comment le général vendait le sel de la République helvétique aux particuliers. Certains paysans vinrent rappeler des faits plus graves. Non seulement le général français avait fait fusiller des insurgés considérés comme prisonniers de guerre, mais il avait laissé massacrer, chez eux, des villageois qui ne demandaient rien à personne. De jeunes Valaisans qui, après s’être cachés dans la montagne par crainte des soldats français, étaient revenus dans leur village, sur la foi d’une proclamation rassurante de Xaintrailles, avaient été abattus de sang-froid. Le général avait, en outre, chargé son aide de camp, Schweisguth, et le citoyen David, employé aux liquides, de vendre à Martigny, à Sierres et ailleurs le butin de ses pillages : meubles, effets, chevaux, mulets, blé, cuirs verts.
     
    D’après un garde-magasin, l’ancien élève du corps royal d’artillerie, qui avait déjà été suspendu une première fois en 1793 pour « irrégularité de conduite » dans une affaire de gestion hospitalière, escroquait aussi le service des subsistances. Il avait exigé que l’officier responsable des fourrages commandât plus d’avoine que nécessaire pour les chevaux de l’armée. Le surplus, revendu à des particuliers, devait rapporter vingt-quatre mille francs au général !
     
    Une femme vint raconter que des cavaliers du 27 e  chasseurs qu’elle avait hébergés, à Brigue, avaient emporté une caisse d’argenterie, dont le général Xaintrailles et sa femme s’étaient aussitôt emparés, sous prétexte de la rendre à sa légitime propriétaire, ce qui, naturellement, n’avait pas

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