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Herge fils de Tintin

Herge fils de Tintin

Titel: Herge fils de Tintin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoit Peeters
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l’assurant que Hergé ne pourrait se passer d’elle
et que de belles choses lui sont promises dans un proche
avenir. Germaine finira par se rendre compte qu’elle a
« trop écouté Bertje » et que « cela aussi a faussé la
situation ».
    Quant à Hergé, à mesure que la situation se dégrade, il
a l’impression que Germaine n’a « plus rien à lui dire ni à
lui apporter », alors que Fanny a « tout à lui apprendre età lui révéler ». Peut-être pense-t-il, comme Pol Vandromme, que l’une le ramène vers son passé moribond,
tandis que l’autre va le tirer « vers son avenir et la promesse de son renouveau 9  ». Hergé ne parle en tout cas
que de « se libérer », de « revivre avec un être jeune une vie
plus douce, plus agréable ». Germaine se demande comment il pourrait y parvenir, « avec son caractère si peu
gai ». Elle trouve aussi qu’il est un peu « facile » pour
Georges de vouloir tout reprendre de zéro, après ce qu’elle
a enduré pendant les années noires.
    Au quotidien la situation devient très pénible. Incapable de prendre une décision, Hergé se ferme, s’emporte,
se cabre pour un rien. La culpabilité ne fait qu’aggraver les
choses : « La séparation, la période où tout a basculé, ce
fut un vrai supplice ; je quittais un être, ma femme, qui
m’avait réellement consacré sa vie, auquel je n’avais strictement aucun reproche majeur à faire 10 . » Des scènes éclatent de plus en plus souvent. Hergé évite autant qu’il peut
le domicile conjugal.
    ----
    1  Témoignage de Fanny Rodwell à l’auteur, 1988.
    2  Numa Sadoul, Tintin et moi, entretiens avec Hergé , édition
définitive, Casterman, 2000, p. 134.
    3  Témoignage de Josette Baujot à l’auteur, janvier 2002 ; témoignage de France Ferrari à l’auteur, février 2002.
    4  Germaine Kieckens, carnet personnel, 1957.
    5  Germaine Kieckens, carnet personnel, 6 mai 1957.
    6  Agenda de Marcel Dehaye, 1957.
    7  Germaine Kieckens, carnet personnel, 15 octobre 1957.
    8  Germaine Kieckens, carnet personnel, 12 novembre 1957.
    9  Pol Vandromme, Bivouacs d’un hussard , souvenirs, La Table
Ronde, 2002, p. 206.
    10  Numa Sadoul, Tintin et moi, entretiens avec Hergé , édition définitive, Casterman, 2000, p. 134-135.

 
    3
     
    « L’Internationale Tintin »
     
    Même s’il est en crise, Hergé, pour l’instant, est loin de
s’écrouler. En cette fin des années cinquante, tandis qu’il
est déchiré entre Germaine et Fanny, il se livre à un jeu
habile entre ses deux éditeurs.
    Lorsqu’il parle avec Raymond Leblanc, il ne se prive
pas de lui exposer ses motifs d’insatisfaction. Mais
quand il écrit à Louis-Robert Casterman, il vante la qualité des albums publiés par les Éditions du Lombard et
l’agressivité commerciale de la maison bruxelloise.
Certes, Les Aventures de Tintin se vendent mieux que
jamais. En français, la série vient de dépasser le million
d’exemplaires annuel et les traductions se développent
en Angleterre, en Espagne et dans les pays scandinaves,
même si les résultats commerciaux y demeurent
modestes. Hergé est toutefois persuadé que la vigilance
doit rester de mise. Le monde de la bande dessinée
évolue à grande vitesse. Avec les albums de Jacobs, Franquin, Vandersteen et quelques autres, Tintin a désormais
de sérieux concurrents. Hergé trouve que Casterman
devrait se montrer plus offensif et partir à la conquête de
nouveaux marchés.
    Depuis qu’il a retrouvé un vrai rythme de travail,
Hergé suit de près l’évolution de l’hebdomadaire Tintin dont l’édition française connaît un succès sans cesse croissant. Les jeunes dessinateurs, comme Tibet ou Craenhals,
sont tenus de lui soumettre leurs travaux ; souvent, ils
subissent des refus ou de sévères critiques. Hergé
demande par exemple à Tibet de transformer profondément la série Chick Bill  : les personnages, des animaux à
l’origine, doivent prendre un aspect humain et le dessin
doit sérieusement s’améliorer. « Hergé est sans doute
l’homme qui m’a fait le plus pleurer ! », raconta-t-il des
années plus tard 1 .
    En mars 1958, André Fernez, le rédacteur en chef,
« demande sa liberté pour convenance personnelle 2  ». Les
conflits réguliers avec Hergé ne sont pas étrangers à son
départ. Marcel Dehaye, qui s’occupait auparavant de la
correction des épreuves, prend officiellement la direction
de l’hebdomadaire

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