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Herge fils de Tintin

Herge fils de Tintin

Titel: Herge fils de Tintin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoit Peeters
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tendre. En parlant avec lui, Germaine
éprouve un sentiment de vraie détente, une joie qu’elle
croit n’avoir jamais connue avec Hergé. Elle tient la chronique de cette relation qui la déroute et la ravit :
Il me semble que j’y attache plus d’importance qu’il ne faudrait. Mais j’ai découvert grâce à lui la gentillesse, la douceur.
[…]
    Cela me change tellement de Georges qui est dur, si peu
tendre. Connaît-il seulement la tendresse ? […] Il m’aime
sans doute. Parce que je lui suis utile 4 .
    Au mois d’avril 1957, Germaine note que l’atmosphère
est de plus en plus lourde à la maison. Elle se demande ce
qui se passe dans la vie de Georges et pressent de nouveaux mensonges. Elle-même a l’impression d’être de plus
en plus amoureuse de ce Bob qu’elle revoit chaque
semaine au cours de danse. Leur relation est « d’une
pureté dont on peut sourire ». « C’est pour ça que c’est si
émouvant, si beau. Nous avons vingt ans ! » Elle a
l’impression de n’avoir pas grand-chose à raconter à cet
homme, mais elle se sent bien avec lui. Par rapport à
Hergé, le contraste est éclatant : elle mesure mieux ce qui
lui a manqué depuis des années. « Je vis à côté de Georges
sans le connaître. C’est une nature compliquée, égoïste, àl’imagination folle. À quoi pense-t-il, lui ? Qui aime-t-il ?
Toujours cette même énigme 5 . »
    Pour les cinquante ans d’Hergé, qui coïncident à peu
près avec leurs vingt-cinq ans de mariage, ils avaient
décidé de s’offrir un beau voyage. Le moment est pour le
moins mal choisi. Le 23 mai 1957, ils embarquent à
Anvers pour une croisière qui doit les emmener à Casablanca, puis à Rabat, Oran, Alger, Palerme et Rome. La
situation est absurde : mélancolique, Germaine ne fait
que penser à son Bob ; quant à Hergé, il préférerait sûrement être parti avec Fanny. Le voyage finit tout de même
par les distraire et, lorsqu’il les revoit un mois plus tard,
Marcel Dehaye les trouve « tous deux épanouis, bronzés,
très en forme 6  ». Mais la trêve n’est que de courte durée.
Dès la semaine suivante, Marcel Dehaye note que
Georges et Germaine ont eu « une petite explication
aigre-douce ». Bientôt, Hergé le met dans la confidence
de sa relation avec Fanny.
    Leur nièce Denise, sur le point de se marier, vient
passer l’été chez eux. L’atmosphère est tendue, même si
Hergé, qui continue de jouer les oncles modèles, fait
l’impossible pour masquer ses problèmes conjugaux. Germaine, elle, éprouve le besoin d’une trêve. Le 14 octobre,
elle demande à Hergé de l’accompagner à Ostende.
« Plutôt par devoir que par gentillesse, il a dit oui. Lui faisait la tête, indifférent, dur ; moi, malade, vidée, désemparée. Après un samedi morne, j’ai éclaté à l’hôtel, disant
que cela ne pouvait continuer ainsi, que je réclamais un
peu plus d’intérêt et de gentillesse. Georges a été dérouté
par mon attaque 7 . » Elle a l’impression d’avoir perdu lafoi dans leur couple, et plus encore « dans le sens de la
vie ». Souvent revient le souvenir des infidélités de 1948 :
la blessure ne s’est jamais refermée.
    Un week-end de novembre 1957, à Céroux-Mousty,
Hergé se décide enfin à lui parler :
Georges m’a fait l’aveu d’aimer Fanny, et Fanny l’aime !
    Je m’y attendais. Je me rendais compte qu’il y avait à nouveau
quelque chose. Au moment même, cela m’a laissée froide et
me détache de lui encore davantage. […]
    C’est le samedi soir que Georges, plus aimable que d’habitude – ça m’a mis la puce à l’oreille, donc méfiance – m’a
prise près de lui et m’a dit : « Reste bien près de moi, j’ai
besoin de toute ton indulgence, de toute ta compréhension… » Je me suis dit, voilà, nous y sommes 8 .
    Si Germaine pressentait que son mari avait une liaison,
elle n’avait jamais imaginé que c’était à l’intérieur des Studios. « Il ne les cherche pas loin », note-t-elle amèrement.
Hergé, lui, se montre plus confus que jamais : « Il voudrait sa Fanny, mais il ne voudrait pas me perdre. » Dans
un premier temps, Germaine réagit avec dureté, puis elle
plonge dans la dépression, oubliant son amoureux
romantique des cours de danse. « C’est moi qui ai brodé,
il est vrai que cela a rempli ma vie depuis des mois. » Elle
voit très souvent Bertje Jagueneau. La voyante l’encourage
et la flatte,

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