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Herge fils de Tintin

Herge fils de Tintin

Titel: Herge fils de Tintin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoit Peeters
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ce
jour-là Hergé fit la connaissance d’Edgar Jacobs.
Van Melkebeke a tenu à le présenter à son ami d’enfance,
comme chaque fois qu’il rencontre quelqu’un de remarquable.
    Né le 30 mars 1904, Jacobs est de trois ans l’aîné
d’Hergé. Le futur auteur de Blake et Mortimer l’a souvent
raconté : lors de cette première rencontre, il n’avait lu
aucune des Aventures de Tintin . Fait presque incroyable en
Belgique, il ignorait jusqu’à leur existence. Il faut dire que
son entrée dans le monde de la bande dessinée était toute
récente. Revenu en Belgique en août 1940, il n’avait pu
trouver de travail sur les scènes lyriques où il chantait
jusqu’alors comme baryton, et craignait d’être envoyé en
Allemagne comme « travailleur volontaire ». Sur le conseil
de son vieil ami Jacques Laudy, il était allé présenter sesdessins au directeur artistique de l’hebdomadaire Bravo ! ,
Jean Dratz. Ce dernier lui avait commandé des illustrations, « d’abord au compte-gouttes, puis de façon de plus
en plus régulière 7  ». Entre Hergé et Jacobs, le courant
passe immédiatement et les deux hommes se revoient plusieurs fois dans l’atelier de Van Melkebeke.
    Une deuxième pièce, rédigée par les mêmes auteurs, fut
jouée au Théâtre des Galeries pendant les vacances de
Noël 1941, mais elle laissa fort peu de souvenirs, à Hergé
en tout cas : « Quant à Monsieur Boullock a disparu , sa disparition ne pourrait être plus totale : il n’en subsiste rien,
ni dans mes dossiers, ni même dans ma mémoire 8 . » Le
spectacle devait être assez quelconque, car la critique que
signa Marcel Dehaye, dans Le Soir pourtant tout acquis,
est très brève et ne parvient pas à être élogieuse :
Évidemment, l’on pourrait discuter de l’opportunité de
porter à la scène « Tintin et Milou ». […] Même réalisée parfaitement, une transposition de ce genre risque toujours de
décevoir. […] Le dialogue dramatique et le jeu scénique, forcément, portent un rude coup à ces jeunes personnages, nés
pour le rêve et propres à faire vagabonder l’imagination des
jeunes lecteurs. De plus, dans les pages des albums où ils
vivent habituellement, ils sont portés par un certain humour
que les feux de la rampe alourdissent singulièrement 9 .
    Pendant cette période, Hergé multiplie les incursions
dans de nouveaux domaines. Les produits dérivés, auxquels il songeait à la fin des années trente, commencent àdevenir réalité. À la fin du mois de juillet 1942, il cède aux
sollicitations d’un agent, un certain Bernard Thièry, qui
lui fait valoir les avantages qu’il aurait à lui confier la gestion de ses affaires. En le débarrassant des soucis commerciaux, il lui permettra, lui assure-t-il, de se consacrer
entièrement à ses travaux de dessinateur. M. Thièry
s’empresse de lui faire signer un contrat : sur chaque
affaire dont il s’occupe, il prélève 40 %, ce qui est considérable. Profitant de la notoriété accrue des Aventures de
Tintin , l’agent demande à Hergé de concevoir des cartes
postales, des puzzles et des albums à colorier… Mais les
rapports ne sont pas excellents entre les deux hommes, et,
dès cette époque, l’essentiel de leur correspondance est
constitué de reproches.
    Une initiative d’allure anodine s’avérera plus funeste
encore : l’illustration des Fables de Robert de Vroylande.
Compagnon de Léon Degrelle à ses débuts, l’auteur avait
rompu violemment avec lui, et son pamphlet souvent
désopilant, Quand Rex était petit , paru en 1936, lui avait
valu la haine des rexistes. C’est dès le mois de février 1940
que le fabuliste avait demandé à Hergé d’illustrer son
album. Alors mobilisé, Hergé avait décliné l’invitation.
Mais Vroylande, également responsable des éditions Styx,
revient à la charge en janvier 1941. Les conditions qu’il
offre à Hergé paraissent très favorables : pour un nombre
assez réduit de dessins, il lui offre 10 % de droits. Il est
vrai que ces images sont de belle facture. Comme le nota
lucidement l’écrivain, « c’est votre très grand talent qui
sauvera de l’oubli mes fables ».
    Hélas, les amateurs d’Hergé préféreraient ne pas s’en
souvenir. Car si l’ensemble est plutôt anodin, l’un des
textes est clairement antisémite. Intitulé « Les deux juifs
et leur pari », il s’achève par cette consternante « morale » :
« Un juif trouve toujours un

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