Herge fils de Tintin
Thierry
Smolderen et Pierre Sterckx (Casterman, coll. « Bibliothèque de
Moulinsart », 1988, p. 139-148). Benoît Mouchart a consacré une
biographie à celui qui vécut toujours : À l’ombre de la ligne claire (Vertige graphic, 2002) ; je le remercie vivement de son aide.
3 Qui l’évoque sous le nom de « l’ami Jacques » dans Un opéra de
papier , Gallimard, 1981.
4 Témoignage de Raymond Leblanc, recueilli par Benoît Mouchart
le 25 octobre 2000.
5 Témoignage de Marcel Stal à l’auteur, 1988.
6 Des extraits significatifs sont cités par Pierre Assouline dans son Hergé , Gallimard, coll. « Folio », 1998, p. 243-244 et p. 255-257.
7 Le Soir - Jeunesse , jeudi 7 novembre 1940, p. 3.
8 Hergé, « Projets et projets de scénarios », note de 1939 ou 1940.
Ce carnet a été transcrit et commenté dans le tome VI de la série L’Univers d’Hergé : Projets, croquis, histoires interrompues , Rombaldi,
1988.
9 Le Crabe aux pinces d’or , version noir et blanc, p. 30-31.
10 Alexis Hennebert, « Tintin chez les hommes », L’Escholier , 1952.
Cité in Les Amis de Hergé , n o 2, décembre 1985, p. 33.
11 Pierre Ajame, Hergé , Gallimard, 1991, p. 199.
12 Numa Sadoul, Tintin et moi, entretiens avec Hergé , édition
définitive, Casterman, 2000, p. 156.
13 Lettre d’Hergé à Charles Lesne, 6 août 1941.
14 Lettre d’Hergé à Charles Lesne, 19 septembre 1941.
15 Lettre d’Hergé à Charles Lesne, 18 août 1941.
16 Lettre de Charles Lesne à Hergé, 20 novembre 1941.
3
Une malencontreuse étoile
Même s’il ne s’y intéresse guère, Hergé se trouve, par sa
situation au Soir « volé », aux premières loges pour observer l’évolution du conflit et l’attitude des Allemands.
Dès le début de la guerre, Hitler avait donné pour instruction de favoriser autant que possible les Flamands.
Les autorités d’Occupation se sont donc appuyées d’emblée sur le VNV, le mouvement nationaliste de Staf
De Clercq 1 . Vis-à-vis de Rex et de son leader Léon
Degrelle, l’attitude reste longtemps des plus réservées. Les
Allemands le considèrent comme inconstant, peu psychologue et dénué de sens de l’organisation ; très affaibli politiquement, Degrelle sait qu’il doit gagner leur confiance.
Le 1 er janvier 1941, son éditorial du Pays réel s’achève par
un retentissant « Heil Hitler ! » ; bientôt, le Führer est
désigné comme « l’homme le plus extraordinaire de notre
temps ». Le 21 juin 1941, l’entrée en guerre des Allemands contre les Soviétiques donne une nouvelle envergureau conflit. Pour beaucoup de collaborateurs, la guerre
devient une « croisade antibolchevique ». Degrelle envoie
ses « légions de volontaires » combattre sur le front de
l’Est, dans la Brigade SS Wallonie. Lui-même s’engage
d’ailleurs comme simple soldat, tenant à gravir par sa
seule bravoure tous les échelons hiérarchiques. La publicité qu’il parvient à donner à ses exploits redore pour un
temps son blason.
Pas plus que Paul Jamin, Raymond De Becker ne voudrait endosser l’uniforme. C’est par la plume qu’il
combat, en publiant dans Le Soir , tout au long du mois
d’août 1941, une série d’articles sur « la Belgique et
l’Europe ». Son anticommunisme de toujours lui fournit
un motif supplémentaire pour renforcer la collaboration.
« Une solidarité morale complète doit unir les Belges et les
peuples européens engagés dans la lutte contre la Russie. »
Le racisme, jusqu’alors étranger à son univers mental,
commence à se manifester. Plus d’une fois, son discours
prend des accents odieux : « S’il est vrai que les Américains sont des Blancs comme nous, on ne peut cependant
oublier que les sphères dirigeantes sont aujourd’hui complètement aux mains des juifs, que la population des
grandes villes, minée par le métissage, y est déjà notablement asiatisée et que son indice biochimique est un des
plus bas des peuples de race blanche 2 . »
Cette même année 1941, De Becker tente, avec Robert
Poulet, Louis Carette, Pierre Daye et quelques autres, de
mettre sur pied un parti unique des provinces romanes,
défendant « dans un esprit national belge » les intérêts des
populations « romanes » de Bruxelles et de Wallonie.
Mais le projet avorte rapidement, les Allemands ne tolérant pas du côté francophone un parti qui irait moins loinque
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