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HHhH

HHhH

Titel: HHhH Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Laurent Binet
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légèrement
audacieuse mais il en faut plus pour faire reculer la Gestapo. En revanche, le
fonctionnaire n’est pas décidé à se laisser faire, et sa défense les prend de
court : oui, il a bien autorisé le départ du train, mais c’est suite à la
demande expresse du ministère de l’Air à Berlin. Autant dire de Göring. De
plus, ce fonctionnaire méticuleux a conservé copie de l’autorisation de
circulation tamponnée par les services de police de Prague. S’il y a eu erreur,
la Gestapo devra donc assumer sa part de responsabilité. Au palais Peček,
on décide de ne pas insister avec cette histoire.
243
    C’est le commissaire Pannwitz,
ce vieux briscard, un fin connaisseur de l’âme humaine manifestement, qui
trouve une idée pour débloquer la situation. Pannwitz part de ce constat :
le climat de terreur créé délibérément depuis le 27 mai est
contre-productif. La terreur, il n’a rien contre, n’était qu’elle a un inconvénient :
elle produit un effet absolument décourageant sur tous les délateurs de bonne
volonté. Plus de deux semaines après l’attentat, personne ne va prendre le
risque de venir expliquer à la Gestapo qu’il a des informations mais que
jusqu’ici, il hésitait à les livrer. Il faut promettre – et
accorder – une amnistie à tous ceux qui viendraient de leur plein gré
faire des révélations sur l’affaire, quand bien même ils seraient impliqués.
    Frank se laisse
convaincre : il décrète une amnistie pour quiconque livrera, sous cinq
jours , des informations permettant la capture des assassins. Après, il ne
pourra plus contenir la soif de sang d’Hitler et d’Himmler.
    M me  Moravec,
lorsqu’elle l’apprend, comprend immédiatement ce que cela signifie : les
Allemands jouent leur va-tout. Si d’ici cinq jours personne ne dénonce les
garçons, ils seront à l’abri de la délation et leurs chances de survie
augmenteront considérablement. En effet, une fois la période d’amnistie
expirée, plus personne n’osera aller voir la Gestapo. Nous sommes le
13 juin 1942. Le même jour, un inconnu passe chez elle, mais il n’y a
personne. L’homme demande au concierge si elle n’a pas laissé une serviette
pour lui. Il est tchèque mais il ne donne pas le code, « Jan ». Le
concierge répond qu’il n’est au courant de rien. L’inconnu repart. Karel
Čurda a failli refaire surface.
244
    La tante Moravec a envoyé sa
famille quelques jours à la campagne mais elle-même a trop à faire à Prague.
Elle lave le linge, repasse, fait les commissions, court partout. Pour ne pas attirer
l’attention, elle se fait aider par la femme du concierge. Il ne faut pas qu’on
la voie trop souvent avec des colis plein les bras. D’un autre côté, le lieu où
se cachent les parachutistes doit rester secret. Alors les deux femmes se
donnent rendez-vous place Charles, et la concierge lui remet les sacs de
provisions au milieu de la foule et des parterres de fleurs. Ensuite, la tante
descend la rue Resslova, entre dans l’église et disparaît. Une autre fois,
elles montent dans le même tramway mais la concierge descend deux ou trois
stations avant l’arrêt, en laissant ses sacs, et la tante les récupère. Dans la
crypte, elle apporte des gâteaux tout chauds sortis du four, des cigarettes, de
l’alcool à brûler pour faire fonctionner un vieux réchaud, et des nouvelles du
monde extérieur. Les garçons sont tous un peu malades à cause du froid mais le
moral est meilleur. La mort d’Heydrich ne peut pas faire oublier Lidice mais
tout de même, ils réalisent progressivement la portée de ce qu’ils ont
accompli. Valičík accueille la tante en robe de chambre. C’est vrai qu’il
a l’air un peu pâlot mais il porte désormais une fine moustache qui, ma foi,
lui donne un genre distingué. Il lui demande des nouvelles de Moula, son chien.
Moula va bien, les concierges l’ont confié à une famille qui a un grand jardin.
Le visage de Kubiš a dégonflé et même Gabčík retrouve un peu de sa gaieté
naturelle. La petite communauté des sept s’organise : ils ont fait une
passoire avec un tricot de corps, ils aimeraient bien faire du café. La tante
promet qu’elle va essayer d’en trouver. Pendant ce temps, l’instituteur Zelenka
travaille avec la Résistance sur des plans d’exfiltration très hypothétiques.
Anthropoïde avait été conçue comme une mission suicide et personne n’avait
vraiment imaginé que la question du retour

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