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HHhH

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Titel: HHhH Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Laurent Binet
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examen pour accéder au rang
de colonel. Entre autres sujets de devoirs, on lui propose cette
hypothèse : « Les circonstances font que la Tchécoslovaquie est
attaquée par l’Allemagne. La Hongrie et l’Autriche sont également hostiles. La
France n’a pas mobilisé et la Petite Entente peine à se mettre en place.
Quelles sont les solutions militaires pour la Tchécoslovaquie ? »
    Analyse du sujet :
l’Autriche-Hongrie démembrée en 1918, Vienne et Budapest lorgnent naturellement
sur leurs anciennes provinces, à savoir la Bohême-Moravie, qui dépendait de l’Autriche,
et la Slovaquie, qui était sous contrôle hongrois. De plus, la Hongrie est
dirigée par un fasciste ami de l’Allemagne, l’amiral Horthy. Quant à
l’Autriche, très affaiblie, elle résiste tant bien que mal aux pressions de
ceux qui, de part et d’autre de la frontière allemande, réclament le
rattachement du pays au grand frère germanique. L’accord signé avec Hitler, qui
promet de ne pas intervenir dans les affaires autrichiennes, ne vaut guère plus
qu’un bout de papier. En cas de conflit avec l’Allemagne, la Tchécoslovaquie
devra donc faire face également aux deux têtes de l’Empire déchu. La Petite
Entente, signée en 1922 par la Tchécoslovaquie avec la Roumanie et la
Yougoslavie pour se garder de leurs anciens maîtres austro-hongrois, ne
constitue pas à proprement parler une alliance stratégique très dissuasive. Et
les réticences de la France à tenir ses engagements envers son allié tchèque en
cas de conflit sont déjà manifestes. La situation proposée comme hypothèse par
le sujet est donc tout à fait réaliste. La réponse de Moravec tient en trois
mots : « Problème militairement insoluble. » Il passe son examen
avec succès et devient colonel.
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    Si je devais rapporter tous les
complots dans lesquels Heydrich a trempé, ça n’en finirait pas. Il m’arrive, lorsque
je me documente, de tomber sur une histoire que je décide de ne pas relater,
soit parce qu’elle me semble trop anecdotique, soit parce que les détails me
manquent ou que je ne parviens pas à rassembler toutes les pièces du puzzle,
soit parce que je la trouve sujette à caution. Il arrive aussi que j’aie
plusieurs versions d’une même histoire, et parfois ces versions sont absolument
contradictoires. Dans certains cas, je me permets de trancher, sinon je laisse
tomber.
    J’avais décidé de ne pas
mentionner le rôle d’Heydrich dans la chute de Toukhatchevsky. D’abord parce
que ce rôle me semblait secondaire, voire illusoire. Ensuite parce que la
politique soviétique des années 1930 débordait quelque peu de l’entonnoir
narratif dans lequel j’enfourne mes chapitres. Enfin, probablement, par peur de
m’engager sur un nouveau terrain historique : les purges staliniennes, la
carrière du maréchal Toukhatchevsky, les origines de son contentieux avec
Staline, tout ceci requérait à la fois érudition et minutie. Cela risquait de
m’emporter un peu loin.
    Mais j’avais quand même imaginé
une scène, en quelque sorte pour le plaisir : on y voyait le jeune général
Toukhatchevsky contemplant la déroute de l’armée bolchevique aux portes de
Varsovie. Nous sommes en 1920. La Pologne et l’URSS sont en guerre. « La
Révolution passera sur le cadavre de la Pologne ! » a dit Trotski. Il
faut dire qu’en s’alliant à l’Ukraine, en rêvant à une confédération qui
inclurait aussi la Lituanie et la Biélorussie, la Pologne menace l’unité
fragile de la Russie soviétique naissante. D’autre part, si les
bolcheviques veulent aller faire triompher la révolution en Allemagne, ils sont
de toute façon bien obligés de traverser la région.
    En août 1920, la
contre-attaque soviétique a mené l’Armée rouge aux portes de Varsovie, et le
sort des Polonais semble scellé. Mais l’indépendance de la jeune nation va se
prolonger encore dix-neuf ans. Ce qu’elle ne saura pas faire en 1939 face aux
Allemands, la Pologne le fait ce jour-là face aux Russes : elle les repousse.
C’est le « miracle de la Vistule ». Toukhatchevsky est vaincu par un
stratège hors pair, Jozef Pilsudski, le héros de l’indépendance, de presque
trente ans son aîné.
    Les forces en présence sont
équilibrées : 113 000 Polonais font face à 114 000 Russes.
Toukhatchevsky est pourtant certain de l’emporter, c’est lui qui a
l’initiative. Il engage le gros de ses forces au nord, où Pilsudski l’a

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