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HHhH

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Titel: HHhH Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Laurent Binet
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renseignements
impressionne grandement Londres, et c’est par le canal tchèque qu’il les fait
parvenir, car A54 officie à Prague et, prudent, ne souhaite qu’un seul interlocuteur.
Il représente donc un formidable atout dans la manche de Beneš, qui dépense
sans compter pour alimenter sa précieuse source.
    Enfin, à l’autre bout de la
chaîne, les petites mains de la Résistance, ces gens comme vous et moi à ceci
près qu’ils acceptent de risquer leur vie en cachant des gens, stockant du
matériel, portant des messages, forment une armée des ombres tchèque, non
négligeable, sur laquelle on peut encore compter.
    Gabčík et Kubiš ne sont
que deux pour remplir leur mission, mais en fait, ils ne sont pas seuls.
153
    Dans un appartement de Prague,
dans le quartier de Smíchov, deux hommes attendent. Une sonnerie les fait
sursauter. L’un d’eux se lève et va ouvrir. Un homme d’assez grande taille pour
l’époque entre. C’est Kubiš.
    — Je suis Ota, dit-il.
    — Et moi Jindra, lui
répond l’un des hommes.
    Jindra est le nom de l’un des
plus actifs groupes de résistance, organisé à l’intérieur d’une association de
sport et de culture physique, les Sokols.
    On sert du thé au nouvel
arrivant. Les trois hommes observent un silence pesant, que finit par rompre
celui qui s’est présenté au nom de l’organisation :
    — Je voudrais vous faire
remarquer que la maison est gardée et que chacun de nous a quelque chose dans
sa poche.
    Kubiš sourit et sort un
pistolet de son veston (en fait, il en a un autre dans la manche) :
    — Moi aussi j’aime les
jouets, dit-il.
    — D’où venez-vous ?
    — Je ne peux pas vous le
dire.
    — Pourquoi ?
    — Notre mission est
secrète.
    — Mais vous avez déjà
confié à plusieurs personnes que vous veniez d’Angleterre…
    — Et alors ?
    Un silence, je suppose.
    — Ne soyez pas étonné de
notre méfiance, nous ne manquons pas d’agents provocateurs dans ce pays.
    Kubiš ne répond rien, il ne
connaît pas ces gens, il a peut-être besoin de leur aide, mais il a
manifestement décidé qu’il n’avait pas de comptes à leur rendre.
    — Connaissez-vous en
Angleterre des officiers tchèques ?
    Kubiš consent à lâcher quelques
noms. Il répond plus ou moins de bonne grâce à d’autres questions susceptibles
de l’embarrasser. L’autre homme intervient alors. Il lui montre la photo de son
beau-fils parti à Londres. Kubiš le reconnaît, ou ne le reconnaît pas, mais il
semble à l’aise, puisqu’il l’est. Celui qui s’est présenté sous le nom de
Jindra reprend la parole :
    — Est-ce que vous êtes de
Bohême ?
    — Non, de Moravie.
    — Quelle coïncidence, moi
aussi !
    Encore un silence. Kubiš sait
qu’il passe un test.
    — Et pourriez-vous me dire
de quel endroit ?
    — Des environs de
Třebíč, répond Kubiš, de mauvaise grâce.
    — Je connais le coin.
Savez-vous ce qu’il y a d’extraordinaire à la gare de Vladislav ?
    — Il y a un superbe massif
de rosiers. Je suppose que le chef de gare aime les fleurs.
    Les deux hommes commencent à se
détendre. Kubiš finit par ajouter :
    — Ne prenez pas ombrage de
mon silence sur notre mission. Je ne peux vous dire que son nom de code :
« Anthropoïde ».
    Ce qui reste de la Résistance
tchèque prend ses désirs pour des réalités, et, une fois n’est pas coutume,
elle n’a pas tort :
    — Vous êtes venus pour
tuer Heydrich ? demande celui qui se fait appeler Jindra.
    Kubiš sursaute :
    — Comment le
savez-vous ?
    La glace est rompue. Les trois
hommes se resservent du thé. Tout ce qui compte encore de résistants à Prague
va se mettre au service de deux parachutistes venus de Londres.
154
    Pendant quinze ans, j’ai
détesté Flaubert, parce qu’il me semblait responsable d’une certaine
littérature française, dénuée de grandeur et de fantaisie, qui se complaisait
dans la peinture de toutes les médiocrités, s’abîmant avec délice dans le
réalisme le plus emmerdant, se délectant d’un univers petit-bourgeois qu’elle
prétendait dénoncer. Et puis j’ai lu Salammbô , qui est immédiatement
entré dans la liste de mes dix livres préférés.
    Quand j’ai eu l’idée de
remonter au Moyen Age pour exposer en quelques scènes les origines du
contentieux tchéco-allemand, j’ai voulu chercher quelques exemples de romans
historiques dont l’action remontait au-delà de l’ère moderne et j’ai repensé

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