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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
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l’an
1309, quand ils ont été arrêtés et
torturés par le roi de France. Gardien de cette prison, vous
êtes tout aussi piégé que nous le sommes. Combien
de temps resterez-vous ici ?
    —  Aussi
longtemps que me l’imposeront nos maîtres.
    —  Alors,
soyez un maître vous-même, Boniface. Maître de
Thot. Vous et nous, qui sommes les vrais étudiants du passé,
nous ne livrerons pas, comme le comte Silano, des secrets sacrés
à des tyrans tels que Bonaparte ! Nous les réserverons
à toute l’humanité, n’est-ce pas ? »
    Il
se grattait la tête.
    « Bien
entendu !
    —  Mais
pour agir ainsi, il faut pouvoir bouger. Très vite. Ce soir,
Napoléon va lancer son putsch, je pense, et tout dépendra
de qui détient un livre jadis perdu, aujourd’hui
retrouvé. Les Templiers avaient caché leurs richesses
en un lieu où, ils croyaient en être sûrs,
personne n’oserait venir les chercher.
    —  Où,
exactement ?
    —  Au-dessous
du temple de la Raison. Où les anciens romains avaient bâti
leur temple à Isis, déesse d’Égypte. Mais
seul le Livre de Thot nous dira où est ce temple.
    —  À
Notre-Dame ? »
    Misère
entraîne crédulité, et la paye d’un gardien
de prison est infime.
    « Il
y faudra pioche et grand courage, monsieur Boniface. Le courage de
devenir l’homme le plus riche et le plus puissant de toute la
terre. Mais seulement si vous êtes bien résolu à
creuser. Et le seul homme qui puisse nous y conduire est un ignoble
rapace. Il va falloir capturer Silano et faire ce qu’il faut
pour la franc-maçonnerie, l’amour des Templiers et les
mystères anciens. Etes-vous avec nous ?
    —  Ce
sera dangereux ?
    —  Introduisez-nous
chez Silano, et puis allez vous cacher dans les cryptes de Notre-Dame
pendant qu’on dévoilera le secret. Ensemble, nous
pouvons changer le cours de l’histoire. »
    *
* *
    En
d’autres temps, je n’aurais pas réussi à le
convaincre. Mais dans un Paris à la veille d’un coup de
force, entre barricades élevées et occupées par
la troupe sous le commandement de Napoléon, assemblées
législatives réduites à l’impuissance,
généraux paradant en grand uniforme au domicile de
Bonaparte, dans le cadre d’une cité proche de
l’explosion, rien n’était impossible.
    Plus
important encore, la Révolution et la Terreur avaient évincé
la prêtrise catholique. Notre-Dame n’était plus
qu’un gigantesque fantôme uniquement fréquenté
par de vieilles dames pieuses et les balayeurs chargés de la
garder propre à l’intention des visiteurs. Notre geôlier
pourrait descendre dans ses cryptes.
    Tandis
que Bonaparte haranguait des milliers d’hommes, aux Tuileries,
Boniface rassembla des outils de terrassement. Nous laisser sortir
constituerait une violation flagrante de son office, mais je l’avais
averti qu’il ne trouverait pas le livre sans notre
participation et passerait le reste de sa vie dans la prison du
Temple, à bavarder avec les prisonniers au lieu d’hériter
des pouvoirs et de la fortune des Templiers.
    Ce
soir-là, Boniface nous rapporta que Bonaparte avait imposé
sa présence au Conseil des Anciens. Ce même Conseil qui
s’était tout d’abord dressé contre lui
lorsqu’il lui avait demandé de dissoudre le Directoire
et de le nommer lui-même Premier consul. Il leur avait tenu un
discours volcanique, mais tellement dépourvu de sens commun
que ses propres aides l’avaient entraîné de force.
Il criait des mots sans suite ! Tout semblait perdu. Et pourtant
les Anciens n’avaient ni réclamé son arrestation
ni refusé de se réunir. Ce même soir, après
que les troupes mesmérisées eurent débarrassé
l’Orangerie de Saint-Cloud du Conseil des Cinq-Cents, certains
de ses membres sautant par les fenêtres pour n’être
pas appréhendés, le Conseil des Anciens promulgua un
nouveau décret stipulant qu’un « Comité
exécutif provisoire » présidé par
Bonaparte remplaçait désormais le Directoire de la
nation.
    « Tout
a semblé perdu, plus d’une fois, aux yeux de ses
complices, nous expliqua le geôlier. Et pourtant tous ont plié
devant lui et se sont soumis à sa volonté. À
présent, la troupe ramasse les Cinq-Cents qui vont subir le
même sort. Les conspirateurs prêteront le serment
d’allégeance bien après minuit ! »
    Plus
tard, on raconta que tout n’avait été que duperie
et illusion, baïonnettes et intimidation conduisant à la
panique. Je me demandais, de mon côté,

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