Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
Vom Netzwerk:
ajouter :
    « Mais
je n’ai ni armes, ni argent, ni vêtements de rechange… »
    Les
seules choses que j’avais pu conserver, de la Grande Pyramide,
étaient deux petits séraphins d’or massif, deux
chérubins à genoux qui, d’après Astiza,
devaient provenir de Moïse ou de sa suite, et que j’avais
cachés dans mes frusques. Ma première intention avait
été de les mettre en gage, contre de l’argent
liquide, mais ils avaient rapidement acquis à mes yeux, en
dépit de leur tendance à me griffer la cuisse, une
valeur sentimentale. Ils n’en constituaient pas moins, bien
sûr, une réserve de métal précieux que je
préférais ne pas révéler. S’il
tenait tellement à ma collaboration, que Sir Sidney Smith me
lâche donc un peu d’argent de poche !
    « Votre
façon de porter les robes arabes est parfaite, Gage. Et vous
avez le teint bronzé à point. Une fois à Jaffa,
ajoutez-y turban et burnous, et vous passerez pour un natif. Une arme
anglaise, d’autre part, risquerait de vous conduire en prison
sous inculpation d’espionnage. C’est votre astuce qui
assurera votre sécurité. Tout ce que je peux vous
prêter, c’est une petite longue-vue de poche, dotée
d’un remarquable pouvoir grossissant. Juste l’instrument
qu’il vous faut pour repérer les mouvements de troupe.
    —  Vous
n’avez pas parlé d’argent.
    —  La
somme allouée par la Couronne sera très convenable. »
    Il
me remit un petit réticule garni de pièces d’argent
et de cuivre, de reaies espagnols, de piastres ottomanes, d’un
unique kopeck russe et de deux guldens hollandais. Budget
gouvernemental !
    « À
peine de quoi payer un petit déjeuner.
    —  Une
seule livre sterling vous ferait repérer en un clin d’œil,
Gage. Vous êtes un homme de ressources. À vous de vous
débrouiller. Dieu sait que l’Amirauté s’y
emploie ! »
    Un
homme de ressources n’a pas de temps à perdre. Peut-être
les marins du Dangerous, en
dehors de leurs heures de service, n’auraient-ils rien contre
une amicale partie de cartes ? Au temps où j’étais
toujours en grâce, parmi les savants de l’expédition
égyptienne, j’avais discuté des lois de la
probabilité avec de fameux mathématiciens comme Gaspard
Monge et le géographe Edme François Jomard. Ils
m’avaient encouragé à penser de manière
plus systématique aux caprices du hasard, ainsi qu’à
perfectionner, en marge, mes talents de joueur professionnel.
    « Histoire
de passer le temps, peut-être pourrais-je intéresser vos
hommes à une petite partie de cartes ?
    —  Vraiment ?
Méfiez-vous qu’ils ne vous prennent pas aussi votre
petit déjeuner ! »

2
    J ’entrai
en lice avec un brelan, ce qui, pimenté d’une pointe de
bluff, n’est pas une mauvaise main pour engager une partie
contre de simples matelots britanniques. Je me l’étais
faite, la main, dans les salons de Paris  – le quartier du
Palais-Royal, à lui seul, abrite quelque cent salles de jeu,
dans un espace de deux hectares  – et les honnêtes
marins anglais n’étaient pas de taille pour l’homme
qu’ils ne tardèrent pas à qualifier de
Visage-de-Bois à la française.
    Après
les avoir plumés gentiment en affectant la possession de
meilleures cartes ou en mimant l’angoisse lorsque la donne
m’avait mieux pourvu en armes blanches que la ceinture d’un
mamelouk, je leur offris de passer à un jeu moins savant,
apparemment fondé sur la seule chance. Enseignes et canonniers
qui avaient déjà lâché un demi-mois de
leur solde dans des parties où prévalait une certaine
expérience n’hésitèrent pas à
risquer le mois entier dans des paris uniquement fondés sur la
veine et le hasard.
    Excepté
que ce n’était pas vrai ! Dans le simple
lansquenet, le banquier  – moi  – engage un
pari que
les autres joueurs doivent tenir. Deux cartes sont alors retournées.
Celle de gauche est la mienne, celle de droite est celle de mon
adversaire. Puis je commence à jeter des cartes jusqu’à
tomber sur la même que l’une des deux premières.
Si la carte de droite sort en premier, c’est le joueur qui
gagne. Si c’est la carte de gauche, le donneur gagne. Seule
compte la chance, d’accord ?
    Mais
si les deux premières cartes retournées sont les mêmes,
le banquier ramasse immédiatement la mise, petit avantage
mathématique qui me fournissait une marge, au long terme, et
déboucha finalement sur leur demande d’aborder un autre
jeu.
    « Si
on

Weitere Kostenlose Bücher