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Histoire de croisades

Histoire de croisades

Titel: Histoire de croisades Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Allessandro Barbero
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dans un invraisemblable
enchaînement de circonstances, finit par envahir l’Empire byzantin au lieu de s’achever
en Terre sainte. Cette fois l’écart entre l’idéal et la réalité est vraiment
excessif, car c’est un empire chrétien que les croisés se mettent à dévaster. Le
pape Innocent III prit la chose très mal, et il y eut même quelques croisés
pour admettre que l’exploit avait été d’un goût douteux. Cela n’empêcha pas les
chansons de leurs troubadours d’être pleines d’enthousiasme : « Nous
avons conquis un empire, nous avons fait des empereurs et des rois ! »
Cette immense avidité de puissance et de gain, ce désir de conquérir, de piller,
de massacrer, en s’engageant physiquement, en jouant sa vie avec la certitude d’être
approuvé par Dieu, est l’essence même du phénomène des croisades.

III
Entre guerre sainte et djihad
    Le phénomène de la croisade comporte deux dimensions
parallèles, qui se reflètent réciproquement : la naissance de l’idée de
guerre sainte dans la culture chrétienne, et le réveil du concept de djihad dans
la culture islamique. Pour analyser ce thème, il est inévitable de faire
référence aux textes sacrés des grandes religions monothéistes : la Bible
juive, le Nouveau Testament et le Coran. Ces textes, pour les croyants, sont la
parole de Dieu, « parole du Seigneur » comme le dit la liturgie catholique,
révélée par Dieu aux hommes à travers les prophètes. Naturellement, je ne
traiterai ici de ces textes qu’en historien. Chacun, en son for intérieur, est
libre de savoir s’il croit ou non qu’il s’agit de la parole d’un Dieu créateur,
mais personne ne peut nier que l’Ancien et le Nouveau Testament ainsi que le
Coran furent mis par écrit en un moment historique précis, par des hommes qui
les entendaient dicter dans leur tête et qui les écrivirent avec les mots de
leur langue et de leur époque. Il n’est pas moins évident que ces livres ont
ensuite continué, au fil des siècles, à influencer la pensée et l’action des
fidèles des religions monothéistes ; pas toujours, néanmoins, de la même
manière. Le point crucial est que l’ensemble des préceptes et des exemples
contenus dans les textes sacrés de chaque religion a pu être compris de façon
très différente en fonction des périodes historiques : pris à la lettre ou
bien interprété sur le mode allégorique ; lu, relu, répété avec insistance
ou bien laissé de côté et presque oublié. Cette dimension historique des
grandes religions et de leur relation avec les textes sacrés est un élément
dont il est très important de tenir compte si nous voulons parler des chrétiens
et de la guerre sainte.
    Le point de départ est celui-ci : les premiers
chrétiens, dans leur immense majorité, étaient peu enclins à la guerre et par
conséquent au métier des armes, un métier qui inévitablement, tôt ou tard, peut
obliger à tuer. Chez les chrétiens du temps des persécutions et des catacombes,
nous connaissons divers cas de refus du service militaire ; c’est même une
des raisons pour lesquelles on les persécutait. Pas la seule, bien sûr, et sans
doute pas la principale. Les grandes persécutions qui frappèrent à plusieurs
reprises les chrétiens dans le monde romain – et plus généralement la méfiance
et le mépris du gouvernement impérial envers ces gens, partagés par les empereurs
que nous admirons le plus, comme Trajan ou Marc-Aurèle – s’expliquent aussi par
l’hostilité des Romains envers les juifs, leur fanatisme religieux et leur
résistance à l’assimilation. Il ne faut pas oublier qu’au début les chrétiens
étaient tous des juifs convertis et que les communautés chrétiennes, ne
serait-ce qu’en raison de l’hostilité dont elles faisaient l’objet, tendaient à
vivre dans l’isolement, voire dans la clandestinité, ce qui engendrait beaucoup
de fausses rumeurs à leur sujet.
    Mais par certains côtés, il leur était réellement difficile
de se faire accepter comme de bons citoyens. Dans l’Empire, la divinité de l’empereur
revêtait une grande importance ; après sa mort avait lieu l’apothéose, cérémonie
au cours de laquelle il devenait officiellement un dieu, mais dès son vivant il
entretenait avec les dieux un rapport très particulier qui se traduisait par l’existence
d’un culte impérial, avec collèges de prêtres et célébrations religieuses
régulières. En

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