Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de croisades

Histoire de croisades

Titel: Histoire de croisades Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Allessandro Barbero
Vom Netzwerk:
ont entendu parler de Godefroi de Bouillon ou de
Richard Cœur de Lion : pourquoi ? Parce qu’ils sont allés à la
croisade, et sont ainsi devenus des modèles, des exemples pour les générations
futures.
    Sur Godefroi de Bouillon, en vérité, nous n’avons pas
grand-chose à dire ; il fut un des chefs de la première croisade, et cela
suffit à indiquer, paradoxalement, que c’était un personnage de second plan. Le
pape Urbain II, en effet, lance l’idée du pèlerinage armé à Jérusalem en un
moment où l’Eglise romaine veut être le guide politique de la Chrétienté. L’État,
en Occident, n’a jamais été aussi faible qu’au cours des deux siècles qui ont
précédé et suivi l’an mille. Il y a des rois mais ils ont peu de moyens : le
pouvoir est entièrement exercé par les seigneurs locaux dans leurs châteaux, ou
bien par des princes et des évêques qui possèdent éventuellement plusieurs
châteaux dans une même région. Bien que son couronnement fasse de lui une figure
sacrée, le roi est à peine plus puissant qu’eux et passe sa vie à les combattre
pour tenter d’imposer son autorité. Il y avait naturellement un souverain plus
puissant que les autres : l’empereur, héritier de Charlemagne ; mais
à cette époque il était encore traumatisé par la récente querelle des
Investitures. Tout le monde se souvient de l’empereur Henri IV à Canossa, pieds
nus, attendant le pardon du pape : le souverain est décidément sorti très
affaibli de ce conflit.
    Il se trouve donc que la première croisade est la seule à
laquelle ne participe aucun roi, pas même l’empereur, parce que leur capacité d’action
est réduite à son minimum historique. Ce n’est pas sans raison que le pape
choisit ce moment précis pour lancer sa proposition et organiser lui-même une
grande entreprise collective mobilisant toute l’Europe chrétienne. Les rois ne
sont plus des concurrents ; il y a d’un côté le pape, de l’autre les
princes locaux qui détiennent le pouvoir au niveau régional, et ce sont eux qui
partent : le comte de Toulouse, le Normand Boémond de Hauteville, qui
possédait une partie de l’Italie méridionale, et d’autres encore, parmi
lesquels Godefroi de Bouillon, de la famille des ducs de Lorraine. Nous ne
savons presque rien de lui : pour cette époque, nous ne disposons pas de
correspondances ni de journaux, ni non plus de témoignages décrivant les
protagonistes jusque dans leur vie privée, comme il y en aura un peu plus tard.
Nous parlerons plus loin de Saint Louis, dont la vie est narrée jusque dans les
détails les plus personnels par ses amis intimes, mais cela se passe au XIII e siècle ; au XI e siècle, lorsque débute la première croisade, les
matériaux de ce genre font défaut. L’Europe est encore très arriérée, comme l’atteste
la pauvreté même des sources qu’elle nous a laissées.
    Ainsi, nous ne connaissons pas la personnalité de Godefroi
de Bouillon. Il doit sa célébrité au fait que, de tous ceux qui partirent, c’est
lui qui finit par devenir roi de Jérusalem. Depuis trois ans ils étaient loin
de chez eux, ils avaient déjà tous risqué leur vie de nombreuses fois, et voilà
qu’ils avaient réussi : ils avaient conquis Jérusalem, étaient entrés à
cheval dans les rues de la ville et même dans la cour de la mosquée – leurs
montures, dit-on, pataugeaient dans le sang jusqu’aux genoux –, et ils étaient
désormais à la tête d’un immense pays s’étendant de la Turquie à l’Egypte. Qu’allaient-ils
bien en faire ? Pas un seul instant ils ne songèrent à rentrer chez eux :
ils avaient rendu un nouveau royaume à la foi du Christ ; ils allaient s’y
maintenir et le gouverner. Le tout était de s’organiser. Nous avons vu que, pour
les hommes de cette génération, les rois ne comptaient guère ; le vrai
pouvoir était aux mains des princes, et c’est précisément pourquoi ils
décidèrent d’élire un roi. De cette façon, chacun des chefs croisés pourrait
continuer à commander un morceau de territoire, mais il y aurait un primus
interpares , un premier parmi les égaux, sans véritable puissance politique,
mais qui en contrepartie serait investi de la dimension sacrée que seuls les
rois possèdent, et qui pourrait garantir l’équilibre des pouvoirs. Nous ne
savons presque rien de la manière dont il fut choisi ; nous ne pouvons qu’imaginer
les discussions préalables. Choisirent-ils le plus

Weitere Kostenlose Bücher