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Histoire De France 1715-1723 Volume 17

Histoire De France 1715-1723 Volume 17

Titel: Histoire De France 1715-1723 Volume 17 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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ajournait. Dubois envoyait tout au diable.Avec les Fermes, pour lesquelles Duverney lui payait beaucoup, avec quelques emprunts, quelques édits bursaux, il faisait face au plus indispensable. À sa mort, le Régent retrouve la question qui le poursuit depuis neuf ans: Law ou Noailles? Noailles ou Law? Créera-t-on un papier-monnaie (discrédité avant de naître!), ou bien, avec Noailles, essayera-t-on quelque nouveau retranchement (lorsque l'amputation du Visa est saignante encore!)?
    Donc, il tournait dans un cercle fatal, de l'impossible à l'impossible. Ceux qui lui succédèrent, pour le rendre odieux, ont soutenu qu'il eût rappelé Law, qu'il pensait au papier-monnaie. Mais de cela aucune preuve. Ce qui est certain, c'est qu'il fit revenir de l'exil le duc de Noailles, le vit, le consulta.
    Il n'était pas mal entouré; il avait rappelé ou appelé quelques hommes capables. Il conserva le jeune ministre Morville, un excellent choix de Dubois. Le jeune lieutenant de police, le second fils de d'Argenson, lui plaisait fort. Si l'on en croit Barbier, il l'eût fait «son premier commis,» son homme de confiance, à qui tous auraient rendu compte. Mais cela ne résolvait pas la difficulté financière. Tout ce qu'on avait imaginé pour trouver de l'argent, c'était un contrôle des actes des notaires, et le renouvellement du vieux droit féodal nommé, par antiphrase, droit de joyeux avénement. Exigence tardive pour un règne qui déjà datait de neuf ans.
    Sa meilleure chance, c'était de laisser tout, d'échapper par la mort. Il y avait espoir, sous ce rapport, de trois côtés. Depuis deux ans, il aurait eu besoin d'untraitement spécial et loyal (disait-on). Mais ses fonctions générales, très-affectées, faisaient tout ajourner. Son médecin, Chirac, lui disait sans détour qu'il mourrait d'une hydropisie de poitrine ou serait brusquement enlevé par l'apoplexie. Il opta pour l'apoplexie, regardant une mort si prompte comme une faveur de la nature, ne faisant rien pour l'éviter et l'appelant en quelque sorte.
    Deux jours avant sa mort, Maréchal, l'ancien et vénérable chirurgien de Louis XIV, l'envisageant, lui dit que d'un moment à l'autre il pouvait être frappé, qu'il lui fallait une saignée au bras, au pied. Même au dernier jour, 2 décembre, Chirac en dit autant. Il refusa toujours obstinément.
    Chacun voyait cela. On prenait ses mesures. Hélas? d'aucun côté on ne pouvait rien faire de bon.
    Avec un roi majeur qui n'a que quatorze ans (donc un mineur encore), le ministre sera un régent, un vrai roi. Mais, par une circonstance, la pire imaginable, le ministre d'alors allait être un prince du sang, un prince jeune, un prince incapable, bref un mineur d'esprit, qu'il s'appelât Orléans ou Bourbon.
    De ces deux sots, le plus honnête était le jeune duc de Chartres, fils du Régent. Il aurait eu un guide fort expérimenté et de mérite dans le duc de Noailles. Celui-ci était revenu, et sa première démarche avait été d'aller à Notre-Dame communier de la main janséniste de son oncle l'archevêque. Démarche habile qui lui assurait les meilleurs du Parlement. Il eût fallu que les orléanistes se rattachassent franchement à Noailles. C'est ce que fit le duc de Guiche, qui, coloneldes Gardes, avec le duc du Maine, colonel des Suisses, eût pu répondre de Versailles. C'est ce que ne fit pas Saint-Simon, qui, obstiné dans sa haine pour Noailles, resta à part. Il sentait bien pourtant quel malheur c'était pour l'État que l'avénement de M. le Duc et de madame de Prie. Il aurait voulu que Fleury, le vieux, le timide Fleury, se décernât le pouvoir, se fît premier ministre. Il osa le lui dire. Éconduit, il ne fit plus rien. Ainsi que le Régent, il se remit à la fatalité.
    Sur les avis réitérés des médecins, qui ne furent nullement tenus secrets, le ministre la Vrillière avait dressé déjà la patente de M. le Duc, tenu prêt le serment solennel qu'il devait prêter. Ce vilain petit la Vrillière, que le Régent appelait un bilboquet, n'en avait pas moins été mis par lui au ministère. Il lui devait tout. Par son ingratitude, il resta au pouvoir, fut pour un demi siècle le ministre des prisons d'État. Cinquante mille lettres de cachet ont été signées la Vrillière .
    Le 2 décembre au soir, le Régent était chez lui, et recevait avec sa bonté ordinaire la dédicace d'un savant livre de l'avocat Bonnet ( Histoire de la danse profane et sacrée ). Hommage fort

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