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Histoire De France 1715-1723 Volume 17

Histoire De France 1715-1723 Volume 17

Titel: Histoire De France 1715-1723 Volume 17 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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Noailles, faisant peur au Roi d'une Fronde, établissant longuement que, pour son bien, ces gens ne pouvaient revenir. Rien de plus sot. Quel résultat? Dégrader le Régent par l'énumération des soufflets qu'il avait reçus de Villeroi? Rendre impossible le duc de Noailles? c'est-à-dire rendre un seul possible, M. le Duc! fortifier celui qui n'était que trop fort déjà.
    Dubois bientôt le vit et le sentit. Il avait sous la main deux hommes à lui infiniment utiles, que M. le Duc le força de sacrifier. Gens de vigueur et de peu de scrupules, de main, d'épée, très-bons en politique et meilleurs en police. C'étaient Leblanc, secrétaire d'État de la guerre, et son jeune ami Bellisle, petit-fils de Fouquet. Il était agréable à un homme de l'âge et de la robe de Dubois, qui n'avait jamais tenu qu'une plume, de disposer de ces gens-là pour des cas fortuits. Leblanc était à toute sauce; il arrêta Cartouche,enleva Villeroi. Le Régent y tenait, non-seulement pour l'agrément de son commerce, mais par un très-fort souvenir. C'est qu'en ce jour de terreur blême où Law fut presque mis en pièces, où le peuple forçait les grilles du Palais-Royal, Leblanc seul descendit, entra paisiblement dans cette foule et lui fit entendre raison.
    Si Dubois, le Régent, les deux malades, eussent été serrés de trop près par l'impatience de leur successeur, M. le Duc, s'il eût frappé un coup, c'est Leblanc qui l'eût fait. Il l'aurait enlevé, tout aussi bien que Villeroi. Et Bellisle, au besoin, aurait fait davantage. Il était des Fouquet, armateurs (ou corsaires) de Nantes, et il était parti de bien moins que de rien, de la ruine et de la disgrâce, de la prison d'État où mourut son grand-père. Il voulait arriver, et n'importe comment. Il avait un esprit terrible, infiniment d'audace, l'intrigue, la bassesse intrépide. En 1719, il s'était chargé pour Dubois d'une scabreuse et dangereuse besogne, d'espionner l'armée d'Espagne et ce grand sec Berwick, si sujet à pendre les gens.
    Bellisle avait pris poste dans la maison où l'on haïssait le plus madame de Prie, la maison de sa mère, si maltraitée par elle, madame Pléneuf. Elle était belle, aimable. Bellisle servit là d'abord les amours de la Fare, puis s'attacha à Leblanc, second entreteneur. Mais madame Pléneuf avait cela qu'elle ne perdait jamais d'amants. Elle les gardait tous, et ils devenaient entre eux amis intimes. Bellisle, réussissant près d'elle, n'en fut que mieux avec Leblanc.
    C'est Oreste et Pylade, unis, inséparables. Ensemble,malgré tant d'affaires que doit avoir un ministre (Leblanc), ils passent des heures et des heures chez madame Pléneuf, toujours belle et coquette, que sa fille, déjà engraissée, déteste de plus en plus.
    Ensemble encore, le soir, les deux amis sont chez Dubois, eux, et nul autre à son coucher. Cet homme inabordable, non dictu affabilis ulli , n'a pas d'humeur pour eux. Miracle.
    En novembre 1722, M. le Duc, qui, comme on sait, est terrible pour la probité, commence à attaquer Leblanc, et peu après Bellisle. Ils ont tripoté dans les fonds, ont mis la main à la caisse de La Jonchère, un trésorier des guerres. Affaire obscure. Dans les ténèbres de la police militaire, savaient-ils bien eux-mêmes si vraiment ils avaient volé?
    Saint-Simon, supposant que tout vient de madame de Prie, leur conseillait de voir plus rarement madame Pléneuf. Impossible. Ils ne peuvent, disent-ils, se passer de la voir un jour. Autre miracle. Est-ce l'effet des beaux yeux d'une dame si mûre? Ou faut-il croire que ses amis, entre Dubois et elle, assidûment préparent certaines choses dont Chantilly est inquiet?
    Dubois fit une belle défense (de novembre en juillet), et l'on peut dire, jusqu'à sa fin, car il mourut en août. Il écrivait au sujet de Leblanc: «Je préférerais la mort à tout ce que j'ai souffert depuis huit mois à son occasion.» Ici il ne ment pas. Leblanc lui était nécessaire pour la crise prochaine de la mort du Régent. Dès janvier 1723, on n'ajournait l'apoplexie qu'en lui donnant journellement de petites purgations. Ce coup qui, d'un moment à l'autre, pouvait l'enlever à Dubois,aurait mis celui-ci dans l'extrême péril de se voir seul avec le jeune fils du Régent, devant M. le Duc. Fleury certainement eût donné le roi au plus fort. Pour être le plus fort, Dubois arrangeait tout. Il était sûr des Gardes par le duc de Guiche, voué aux Orléans. Il était sûr des Suisses et

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