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Histoire De France 1715-1723 Volume 17

Histoire De France 1715-1723 Volume 17

Titel: Histoire De France 1715-1723 Volume 17 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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de l'Artillerie, par le duc du Maine, qu'il avait rappelé tout exprès. Mais pour donner l'ensemble à tout cela, et l'élan du coup de collier, il lui fallait son ministre Leblanc.
    Il venait de faire une chose qui avertissait fort M. le Duc. Il avait rappelé, réintégré ses mortels ennemis, les bâtards, le duc du Maine, le comte de Toulouse. Malheureusement ils étaient trop brisés. Dans leur isolement, ils n'apportaient guère de force à Dubois. Il aurait bien voulu pouvoir les faire siéger dans le Conseil d'État qui fut créé à la majorité. Conseil très-étroit, trop serré, de cinq personnes en tout. Dubois, avec les deux d'Orléans et un jeune ministre, y avait quatre voix; mais celle de M. le Duc, à elle seule, pesait davantage. Hors du Conseil, il en était de même. Tout se portait de ce côté. Dubois offrait le singulier spectacle d'un homme tout-puissant qui reste seul, qu'on fuit, dont on craint la faveur.
    Il le voyait très-bien, et flottait entre deux pensées, celle du prêtre, celle du ministre, la fuite ou le combat.
    Quoi qu'il arrivât, après tout, il était cardinal, inviolable. Il garderait sa peau, autant et mieux qu'Alberoni. Il n'avait pas lâché Cambrai, un très-beau pis-aller, archevêché, principauté. Il y songeait sérieusement, car il faisait chercher les droits des archevêquessur le territoire même, le Cambrésis, qui serait devenu une souveraineté tout à fait. Mais, du côté de Rome, il avait de bien autres chances qu'il cultivait soigneusement. Il voulut présider ici l'Assemblée du clergé, pour se montrer là-bas au plus haut et capable de rendre les plus grands services. Il avait pris la Feuille des bénéfices pour ne nommer que les amis de Rome. Il écrivait même aux Romains qu'il méditait pour eux les plus grandes choses, qu'il voulait revenir au temps où les places d'administration et de gouvernement étaient données aux prêtres. À voir de telles promesses, on ne peut guère douter que le drôle ne comptât, s'il perdait la France, avoir Rome, changer le ministère pour la tiare. Branlant ici, il rêvait le palais de Latran.
    En attendant, il défend le présent, prend la Police et la Justice,—la Police pour savoir, la Justice pour frapper. Il tient la police de Paris par le cadet d'Argenson, homme fin et sûr. Il tient directement et par lui seul les Postes, l'ouverture des lettres, le cabinet noir. D'Aguesseau l'incertain, le scrupuleux, est écarté. Dubois, sans titre, a en effet les Sceaux, machine essentielle de ce gouvernement, pour sceller, lancer à toute heure les actes nécessaires, Lettres royales ou Arrêts du Conseil, etc., etc.
    Et avec tout cela, M. le Duc avance. En vain Leblanc, Bellisle, sont trouvés innocents (1 er juillet). Il poursuit, il menace. Dubois dit lâchement qu'il en est étonné et mécontent ( Buvat ), tandis qu'il écrit autre part qu'il a tout fait pour les défendre ( lettre citée par Lemontey ).
    Mais le Duc ne le tient pas quitte pour de vains mots. Il les fait exiler.
    Dubois ayant décidément perdu son épée de chevet, son jeune ministre de la guerre, fut forcé d'être jeune. Il résolut de monter à cheval, de se faire connaître des troupes, à la revue de la Saint-Louis, de se donner auprès de la Maison militaire le mérite des libéralités et des régals d'usage, de bien montrer celui dont tout avancement dépendait.
    Il simulait l'audace; mais il était accablé de son isolement. Il se croyait perdu et son cerveau se dérangeait. «Il a, dit Lemontey, déposé ses terreurs dans quelques écrits en désordre. J'ai lu plusieurs papiers noircis de ces funèbres visions.»
    La revue le tua. Un abcès qu'il avait creva dans la vessie. Il aggrava le mal en le cachant. Il allait au Conseil. Il faisait dire aux ambassadeurs qu'il irait à Paris. Une opération devint nécessaire, et la mort la suivit de près.
    Il mourut en homme d'esprit. Il fut moins sacrilège qu'il n'avait été dans sa vie. Il esquiva l'hostie, qui aurait été un scandale. Il dit que, pour un cardinal, il y avait de grandes cérémonies à faire, qu'il fallait aller demander cela à Paris, au cardinal Bissy. Il calculait très-bien que, pendant le voyage, il aurait le temps de passer (10 août 1723).
    Tout retombe au Régent, et dans un état pitoyable. Dubois n'avait rien décidé sur l'essentiel de la situation. Chose incroyable, après ce terrible Visa, qui avait tant réduit, l'embarras subsistait le même. On éludait, on

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