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Histoire De France 1758-1789, Volume 19

Histoire De France 1758-1789, Volume 19

Titel: Histoire De France 1758-1789, Volume 19 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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supplée?... LES ABUS.»
    «Oui, Messieurs, dans les abus se trouve un fonds de richesse que l'État a droit de réclamer. Dans la proscription des abus réside le seul moyen de subveniraux besoins... Et le plus grand des abus serait de n'attaquer que les petits. Ce sont les plus considérables, les plus protégés qu'il s'agit d'anéantir.»
    Là, l'Assemblée se regarda. Qui siégeait? Les abus eux-mêmes.
    Il poussa, s'expliqua...: «Abus qui pèsent sur la classe productive et laborieuse, priviléges pécuniaires, exemptions injustes qui ne peuvent décharger les uns qu'en aggravant le sort des autres.»
    C'était accuser les Notables, les mettre au pied du mur, les mettant en demeure de voter contre eux-mêmes, ou de se signaler à la haine publique. L'impopularité dont souffrait le gouvernement, elle aurait passé aux Notables.
    Plus d'un dut regarder la porte, croire à un guet-apens. Le clergé fut surtout inquiet de se voir fortement désigné par un mot sur l'intolérance.
    Ainsi, montrant les dents, Calonne, enveloppé de la peau du lion de Némée, ne pouvait pourtant éviter de montrer le bout de l'oreille. Mais il le fit avec talent. Dans un langage magnifique, il rappela le Déficit, mal antique de l'État, qui se perd dans la nuit des temps. Sa poésie pompeuse brouilla tout. Ce qu'on en comprit, c'est que le Déficit s'était accru sous Necker, qu'à son départ, il fut de quatre-vingt millions par an.
    Ainsi, il aurait mis le plus fort sur le dos de Necker, détourné le public sur un autre terrain, l'examen du Compte rendu de celui-ci, écarté, ajourné la chose capitale: le crime des cinq cent millions empruntés, et dissipés en trois années.
    Plus tard, il osa dira que Necker, quittant la caisse,n'y avait rien laissé, qu'il n'avait pas pourvu aux dépenses de l'année.
    Personne ne douta que le menteur ne fut Calonne. Il y eut un tolle ! véhément contre lui, un cri universel pour Necker. L'effroi fut dans Versailles. Quelqu'un osa insinuer qu'il y aurait prudence à envoyer les Polignacs à Londres. Quelqu'un ouvrit l'avis de se saisir de Necker et de le bâillonner. Comment? en le faisant ministre. On sentait qu'à propos de sa défense personnelle, il récriminerait, démontrerait les hontes de Calonne, du roi, de la cour.
    Des complices de Calonne, les premiers à coup sûr étaient les princes qui lui vendirent sa place et en tirèrent des sommes épouvantables ( Augeard ). En faisant Monsieur, d'Artois et Condé, présidents des Notables, Calonne avait bien droit de croire qu'il avait là de solides compères qui plaideraient, mentiraient pour lui. Mais ayant tant reçu, se sentant si véreux, ils furent sous la panique. Ils cherchèrent un abri, la popularité. Des Notables disaient que l'ordre populaire devait avoir autant de délégués que les deux autres réunis. Monsieur et le comte d'Artois le dirent et dirent bien plus: que les deux ordres privilégiés ne devaient avoir que le tiers des voix !
    Mais Monsieur enfonça dans le cœur de Calonne un coup plus direct... Tu quoque, mi fili! ... Il dit qu'avant d'examiner l'impôt nouveau, il faut juger l'ancien et regarder les comptes .
    Simple menace. S'il osa dire cela, c'est qu'il était bien sûr que le roi, que Calonne n'oseraient exposer ce fumier. Réellement le roi avait peur. Il renia sonfripon de ministre, l'accusa, se mit en fureur. Il invectiva violemment «contre ce coquin de Calonne, qu'il aurait dû faire pendre!» Il saisit une chaise, la maltraita, brisa, extermina.
    Des évêques, voyant que le Roi même enfonçait son ministère, le poussèrent vivement. «Nul impôt, lui dirent-ils, que par les États généraux.» Sorte d'appel au peuple. Calonne y répondit par un semblable appel. Il imprima ses plans, il donna à grand bruit l'exposé des bienfaits que les Notables repoussaient. Manifeste de guerre que durent lire partout les curés. Deux ans plus tard, c'eût été un tocsin. Mais rien encore n'est éveillé.
    D'autre part, il rappelle de Berlin son dogue de combat, Mirabeau, pour lui faire mordre Necker, comme il a mordu Beaumarchais. Mirabeau, sans scrupule, usa d'un véhément pamphlet qu'il avait fait jadis contre Calonne, biffa Calonne et mit Necker à la place. Très-mauvaise action. Il ne tenait nul compte dans ce livre de ce qui excusait les grands emprunts de Necker (la guerre), de ce qui condamnait les emprunts de Calonne (la paix).
    Le livre réussit par-dessus les nuées. Le roi en fut ravi (Mir.,

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