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Histoire De France 1758-1789, Volume 19

Histoire De France 1758-1789, Volume 19

Titel: Histoire De France 1758-1789, Volume 19 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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juillet, deux choses extrêmement graves.
    «La disgrâce du ministère a été signée pendant huit heures. La Reine a tout fait révoquer.
    «À notre assemblée du 2, des officiers en uniforme ont signé la délibération .»
    Jamais le vieux maréchal, qui avait vu tant de choses, n'avait vu un tel spectacle. Il se trouva, avec ses vingt mille hommes, comme noyé dans ce tourbillon, ce vertige populaire de vaillance, d'ardeur et de joie. Ses officiers lui échappaient. Il l'écrivit à la cour ( Augeard .) Ce qui dut l'étonner surtout, ce fut, dans une telle ardeur, un bon sens, une mesure, un sang-froidextraordinaires. Cela ne se voit guère ailleurs. Si fermes dans les grandes choses, ils cédaient sur les petites, qui souvent exaltent encore plus. Il crut les embarrasser en défendant la cocarde bleue aurore, l'insigne de la province. Mais cela leur rendait service. Il valait mieux être Français. On disait, non sans apparence: «Toute la France sera Dauphiné.»
    De Vaux, de mauvaise humeur, avait signifié d'abord qu'on ne s'assemblerait pas, qu'il saurait bien l'empêcher. On lui répondit gaiement: «Nous nous assemblerons, fût-ce à la bouche du canon.»
    Il se rabattit à dire: «Ce ne sera pas à Grenoble.» On n'y avait jamais songé. Enfin il entoura Vizille de grandes forces militaires, comme si l'on avait craint des rassemblements du peuple. Il croyait que ses baïonnettes intimideraient l'assemblée. On n'y regarda même pas. Cela l'achève. Il s'alite, et le voilà très-malade. On crut qu'il y passerait. Il traîna un an ou deux.
    M. Périer, fort noblement, avait préparé des tables pour servir quatre cents personnes. La salle d'armes du vieux connétable, Lesdiguières, était préparée pour faire siéger dignement cette première de nos assemblées.
    Le secrétaire était Mounier, juge royal de Grenoble, homme capable, fort mesuré, qui avait tenu la plume avec adresse et courage dans les réunions de la ville. L'assemblée s'ouvrit à huit heures, s'organisa jusqu'à onze, examina les mémoires proposés jusqu'à minuit, signa jusqu'à quatre heures du matin. Tout ainsi fut consommé dans un long jour de juillet. On arrêta(outre les choses arrêtées le 14 juin): que voulant montrer à la France un exemple d'union, d'attachement à la monarchie, on n'octroierait les impôts qu'après délibération dans les États généraux—que le Tiers-État aurait autant de députés que les deux autres ordres réunis.
    Une mesure admirable fut gardée par cette assemblée:
    1º La municipalité n'y domina pas. Les députés de Grenoble, très-nombreux, ne voulurent pas être comptés selon leur nombre.
    2º Le parlement n'y domina pas. Quoique seul il eût d'abord dirigé le mouvement, l'assemblée se mit à sa place, dit même indirectement qu'il n'était pas impeccable. Elle exprime que la conduite généreuse des Parlements avait réparé leurs torts.
    3º Nul ordre ne pesa sur les autres. Le Tiers n'abusa pas de la force supérieure que donnait la situation. Le clergé et la noblesse, entraînés d'un bel élan, votèrent sans difficulté la double représentation du Tiers.
    4º L'assemblée ne se montra pas exclusivement dauphinoise . Elle fut surtout française, protesta dans deux articles de son amour pour l'unité, dit que le Dauphiné ne séparerait jamais sa cause de celle des autres provinces.
    Tout cela était très-neuf.
    On sait bien que dans son fantôme d'Assemblées provinciales, le roi avait doublé le Tiers. C'était un mensonge de plus. Puisqu'il nommait les députés, on était sûr qu'il prendrait l'élite des faibles et des serviles, les plus plats de la bourgeoisie.—Le Tiersaussi était double dans les États de Languedoc. Autre leurre, autre mensonge. Les formes ne sont rien du tout dans l'absence de la vie. Ce Tiers ne parlait jamais, sauf un compliment ampoulé que le capitoul de Toulouse débitait à l'ouverture. Les capitouls, les consuls, en toute chose importante suivaient leurs seigneurs les évêques.
    Non, la leçon de la France ne fut pas le type bâtard des Assemblées provinciales, ni les États de Languedoc. Elle fut dans l'unanimité des trois ordres du Dauphiné. Elle fut dans l'unanimité (peu durable, mais réelle alors) des nobles bretons et du peuple.
    Elle fut dans l'ébranlement de l'armée, dans cet aveu terrible du maréchal de Vaux: que la troupe n'est pas sûre . Nonainville à Rennes, Boissieux à Grenoble, s'obstinent à ne pas tirer.
    Ce qui

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