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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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littérature et de l’anecdote. Et pourtant, Louis XIV a sa légende, inséparable de son histoire et de la nôtre. Versailles, la Cour, les maîtresses du roi, la touchante La Vallière, l’altière Montespan, l’austère Maintenon qui devint sa compagne légitime, sont encore un fonds inépuisable, pour le roman, le théâtre et la conversation. Tour à tour, si ce n’est en même temps, les Français ont admiré ou blâmé cette vie royale, commencée dans le succès et la gloire, achevée dans les deuils de famille et les revers. Ils ne se sont pas lassés de s’en répéter les détails, partagés entre le respect et l’envie qu’inspirent les grands noms et les grandes fortunes. Cette curiosité n’est pas épuisée de nos jours, tant la France, à tous les égards, a vécu du siècle de Louis XIV, tant les imaginations ont été frappées par le Roi-Soleil. Versailles est resté un lieu historique, non seulement pour nous, mais pour l’Europe entière. Ce palais, dont la coûteuse construction arrachait des plaintes à Colbert, où Louis XIV se plaisait d’autant plus que les souvenirs de la Fronde lui avaient laissé une rancune contre Paris, a été le point que des millions d’hommes regardaient, l’endroit d’où partait une imitation presque générale. Versailles symbolise une civilisation qui a été pendant de longues années la civilisation européenne, notre avance sur les autres pays étant considérable et notre prestige politique aidant à répandre notre langue et nos arts. Les générations suivantes hériteront du capital matériel et moral qui a été amassé alors, la Révolution en héritera elle-même et trouvera encore une Europe qu’un homme du dix-huitième siècle, un étranger, l’Italien Caraccioli appelait « l’Europe française ».

Chapitre 14 La régence et Louis XV
    On a dit, dès le dix-huitième siècle, que la Régence avait été « pernicieuse à l’État ». Elle le fut, en effet, pour des raisons qui tenaient moins au caractère du Régent qu’à la nature des circonstances.
    La grande affaire de la monarchie, c’était toujours d’assurer la succession au trône, et Louis XIV, avant de mourir, avait vu disparaître son fils, le Grand Dauphin, ses petits-fils, le duc de Bourgogne et le duc de Berry, tandis que le duc d’Anjou, roi d’Espagne, avait perdu ses droits. L’héritier était un jeune enfant qui, avant longtemps, n’aurait pas de descendance. Le premier prince du sang, régent naturel, c’était le duc d’Orléans contre lequel Louis XIV nourrissait de l’antipathie parce qu’il avait intrigué en Espagne contre Philippe V, et surtout à cause de la méfiance qu’inspiraient les membres de la famille royale en souvenir des anciennes séditions : il est à remarquer que Louis XV et Louis XVI, par un véritable système, écarteront les princes des emplois importants.
    Louis XIV avait donc toutes sortes de raisons de ne pas aimer son neveu dont la réputation n’était pas bonne et qui passait pour un esprit frondeur, nous dirions aujourd’hui un esprit avancé. De plus, les rangs étaient très éclaircis dans la maison de France. Que la mort frappât encore aussi durement, il faudrait chercher, pour régner, de lointains collatéraux. De là l’idée qui vint à Louis XIV et qu’il mit à exécution en 1714 et en 1715, sans que personne osât protester, de renforcer sa famille. Les deux fils qu’il avait eus de Mme de Montespan, le duc du Maine et le comte de Toulouse, furent déclarés légitimes et aptes à succéder. Le Parlement enregistra docilement les édits. Par son testament, Louis XIV institua un conseil de régence dont le duc d’Orléans aurait la présidence seulement et où entreraient les Légitimés.
    Ce fut la cause initiale des difficultés et des scandales qui allaient survenir. Le duc d’Orléans ne devait avoir de cesse que les Légitimités, concurrents possibles, fussent remis à leur place. Ce n’était pas tout. Il avait à redouter Philippe V qui persistait à revendiquer ses droits et qui, au cas où le jeune roi Louis XV fût mort, eût pu les faire valoir contre le duc d’Orléans. Cette situation compliquée allait peser pendant plusieurs années sur toute notre politique. En voulant borner l’autorité du Régent, Louis XIV l’avait poussé à mettre toute son activité à l’affermir.
    Le premier soin de Philippe d’Orléans fut d’annuler le testament de Louis XIV et de se

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