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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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septembre, précédés de perquisitions domiciliaires et d’arrestations en masse ordonnées par le ministre de la Justice, eurent lieu le jour même où se réunissaient les électeurs parisiens du second degré, et après que, le 30 août, la Législative eût voté que le Conseil de la Commune devait se soumettre à la légalité. Par cette horrible besogne, qui fut leur œuvre, Danton, la Commune insurrectionnelle, les Jacobins se défendaient et prenaient une hypothèque sur la Convention qui, en effet, comme la Législative, représenta une France plus modérée que Paris. Comme la Législative aussi, cette troisième Assemblée fut composée en majorité d’hommes timides, plutôt favorables à la Gironde, mais qui, arrivant peu de jours après les massacres des prisons, étaient d’avance épouvantés. Danton, élu à Paris avec Robespierre et Marat, lui-même, quitta le ministère après y avoir préparé la prochaine débâcle des Girondins.
    Ces événements, vus du dehors, en manquaient pas de donner l’impression que la France se consumait dans l’anarchie et qu’elle courait à sa perte. En mettant bout à bout les manifestations hideuses ou banales de la démagogie, depuis les massacres en règle jusqu’aux pillages de boutiques et de marchés, on pouvait rédiger des rapports effroyables pareils à celui où Roland exposerait bientôt les effets de ce qu’il appelait avec pudeur une « propension désorganisatrice ». On pouvait s’y tromper et il est certain que l’étranger s’y trompa. Il ne calcula pas que, dans le désordre, il survivait des éléments d’ordre, que tout n’avait pas été détruit en France dans l’espace de trois ans, qu’il y subsistait de grandes ressources, que des hommes consciencieux étaient restés à leur poste, continuaient à faire leur métier, travaillaient de leur mieux à maintenir ou à rétablir une organisation. La France possédait encore des administrateurs et des officiers. Cette armature la sauva. Les volontaires qui arrivaient aux armées y portaient au moins autant d’insubordination que d’enthousiasme. Ils y trouvèrent d’anciennes troupes, des cadres, des chefs instruits, une discipline qui reprit peu à peu le dessus. Cet « amalgame » finit par donner des régiments solides et par mettre en valeur le tempérament militaire de la nation. C’est ce que les Prussiens n’attendaient pas. Ayant jugé la France encore plus bas qu’elle n’était, encouragés par la reddition de Longwy et de Verdun, ils furent déconcertés à la première résistance. Quoique Brunswick fût maître de la route de Châlons, il ne voulut pas s’y engager après le combat de Valmy, affaire médiocre en elle-même, puisqu’il n’y eut pas huit cents hommes hors de combat de chaque côté, mais grosse de conséquences. Les Prussiens, ayant trouvé le morceau plus dur qu’ils ne croyaient, car ils comptaient sur une promenade militaire, s’en tinrent là. Ils ne se souciaient pas d’être retenus en France tandis que l’Autriche et la Russie se partageraient la Pologne, et il leur suffisait que la Révolution fût incapable d’empêcher ce nouveau partage, qui, en effet, eut lieu. D’ailleurs, Dumouriez, trop heureux de son succès de Valmy, se garda de poursuivre Brunswick et d’exposer son armée, dont il connaissait la faiblesse, à un retour offensif de l’adversaire. Il proposa même la paix à la Prusse et une alliance, qu’elle repoussa, contre la maison d’Autriche, tant était puissante chez les hommes du dix-huitième siècle l’illusion que le pays du grand Frédéric ne pouvait être que notre ami.
    Valmy est du 20 septembre 1792. La Convention s’ouvrait le 21. Elle proclama aussitôt la République. Mais, cette République, qui la gouvernerait ? Quel parti aurait le pouvoir ? Dès le premier jour, la lutte éclata entre la gauche et les Girondins, devenus la droite de la nouvelle Assemblée. Ceux-ci, comptant sur la sympathie des députés des départements, attaquèrent aussitôt les Jacobins, leur reprochèrent l’usurpation de la Commune de Paris et les massacres de septembre. Louvet demanda la mise en accusation de Robespierre et des septembriseurs. La majorité n’osa pas le suivre. Ses amis de la Gironde eux-mêmes l’abandonnèrent, parce qu’ils sentirent que, pour une pareille réaction, la force leur manquait. Ainsi, dès le début, les Girondins avaient commis une faute grave : ils avaient menacé leurs

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