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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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détermina les politiques et les financiers à approuver l’occupation et l’exploitation de la Belgique, sous des prétextes tirés de la philosophie révolutionnaire, malgré le risque d’une intervention anglaise que l’on essaierait de détourner, tandis que Custine passait le Rhin. D’abord bien reçu par les populations rhénanes, depuis longtemps francisées, Custine les souleva contre nous, dès qu’il eut frappé d’une grosse contribution la ville de Francfort d’où il fut bientôt chassé par les Prussiens. Aussitôt après notre victoire de Jemmapes (6 novembre 1792), l’Angleterre était d’ailleurs résolue à la guerre plutôt que de laisser les Français en Belgique. L’exécution de Louis XVI ne fut que l’occasion d’un conflit devenu inévitable : les Anglais se seraient peu souciés de l’exécution de Louis XVI si, le 21 janvier, nous n’eussions déjà occupé Anvers.
    Alors commença la guerre véritable, celle de l’Angleterre et de la France, l’éternelle guerre pour les Pays-Bas, la même sous la Révolution que sous Philippe le Bel, la vieille guerre pour la suprématie maritime de la Grande-Bretagne, la même que sous Louis XIV, Louis XV et Louis XVI. Il ne s’agissait plus d’une guerre continentale avec des adversaires comme la Prusse et l’Autriche, sur lesquels la France pouvait encore remporter des succès. La coalition retrouvait sa tête et sa caisse. Cette fois, l’Angleterre allait mener la lutte jusqu’au bout, d’autant plus résolue à liquider son vieux compte avec la France qu’elle la voyait privée de ses forces navales par la Révolution, puis rendue incapable de les reconstituer par sa détresse financière. La Révolution, et ce fut une de ses fautes les moins visibles et les plus choquantes, se mit en conflit avec la plus grande puissance maritime du monde, sans avoir elle-même d’escadre et sans espoir d’en retrouver. Car une marine, instrument de précision, ne s’improvise pas, la nôtre était ruinée par l’anarchie, et, comme disait Villaret-Joyeuse, « le patriotisme ne suffit pas à diriger les vaisseaux ». Profitant de cette situation unique, l’Angleterre ne devait plus quitter la partie qu’elle ne l’eût gagnée. Lente comme toujours à entrer en pleine action, longue à se décider et à se préparer, par la nature de son gouvernement parlementaire, elle étendit elle-même la durée et là gravité de cette guerre, parce qu’elle n’y mit que peu à peu toutes ses ressources, tandis que la France, retrouvant sa supériorité sur terre, s’enfonçait dans l’illusion déjà ancienne que des victoires terrestres suffiraient à mettre l’Angleterre à genoux. L’illusion ne prendra fin qu’à Waterloo.
    On a voulu voir dans les événements révolutionnaires, dans la Terreur elle-même, des raisons profondes et une ligne de conduite calculée. L’extrême confusion de cette période montre plutôt que les hommes de la Révolution prenaient des décisions de circonstance. Depuis la Constituante il en était ainsi. La vérité, c’est qu’il y avait le plus grand trouble dans les esprits. Danton, qu’on a représenté comme un homme tout d’une pièce, n’était pas le moins flottant. Élevé au pouvoir par la journée du 10 août et les massacres de septembre, il n’était pas plus capable que ne l’avaient été les Girondins d’ « endiguer » la Révolution. Il eût voulu se placer entre l’Assemblée et la Commune, entre la Gironde et les Jacobins quand déjà les positions étaient prises. Les Girondins avaient enfin découvert que la Commune était le véritable gouvernement de la Révolution et ils n’admettaient pas que ce pouvoir usurpé commandât toute la France. À quoi les Jacobins répliquaient qu’en dressant les départements contre Paris, la Gironde se rendait coupable de « fédéralisme », qu’elle tendait à rompre l’unité de la République, qu’elle trahissait la nation. Danton était trop compromis avec la Commune, il avait trop besoin d’elle, dans le cas où il aurait à rendre compte du sang répandu, pour travailler à la renverser. Mais les Girondins périssaient s’ils ne la renversaient pas. En devenant homme de gouvernement à son tour, Danton se mettait dans une contradiction insoluble. On l’admire d’avoir appuyé l’institution du tribunal révolutionnaire qui devait régler et modérer la Terreur : il lui donnait son instrument, il la perfectionnait,

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