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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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n’était pas uni. Gambetta, venu de Tours à Bordeaux, avait désapprouvé l’armistice. Il voulut, du moins, quand l’armistice eût été signé malgré lui, que la suspension des hostilités servît à préparer la résistance « jusqu’à complet épuisement ». Il fallait donc une Assemblée « nationale républicaine », résolue à repousser toute mutilation du territoire et, si la paix ne pouvait être obtenue autrement, « capable de vouloir aussi la guerre ». Thiers, dont l’influence grandissait tous les jours, s’opposait à Gambetta qu’il traitera bientôt de « fou furieux ». Les modérés du gouvernement désavouèrent leur fougueux collègue, et le « dictateur » donna sa démission. Le parti républicain allait donc aux élections divisé. Son aile gauche, la plus ardente, compromettait la République par l’idée de la guerre sans fin que rejetait le bon sens du pays. L’insurrection du 31 octobre et l’agitation qui persistait à Paris montraient aussi que le danger révolutionnaire était lié aux protestations contre l’armistice. Enfin, dans le grand désarroi que la catastrophe avait causé, le suffrage universel, déçu par l’Empire, se tournait naturellement vers les hommes qui représentaient l’ordre et la paix, les conservateurs monarchistes qu’il avait déjà envoyés aux Assemblées de la deuxième République. C’est encore à ceux-là que les élections du 8 février 1871 donnèrent la majorité : sur six cent cinquante députés, l’Assemblée nationale compta quatre cents légitimistes et orléanistes. On se trouvait ainsi ramené au même point qu’en 1851, avant que l’Assemblée conservatrice eût été dispersée par le coup d’État.
    Pour d’autres raisons, l’Assemblée de 1871 n’allait pas mieux réussir à restaurer la monarchie. D’ailleurs, tout la paralysait. Les deux branches de la maison de Bourbon, séparées par le souvenir de 1830, n’étaient pas encore réconciliées. De plus, les royalistes, pour écarter de la monarchie le reproche qui avait poursuivi la Restauration, celui d’être revenue dans les fourgons de l’étranger, croyaient habile de laisser à un régime de transition la responsabilité d’une paix qui mutilerait le territoire. Ils voyaient aussi les signes avant-coureurs d’une insurrection et ils ne voulaient pas charger de la répression les débuts d’un règne. Au lieu de restaurer tout de suite la monarchie, comme en 1814, on l’ajourna. La question du régime fut réservée d’un commun accord par le « pacte de Bordeaux ». L’état de fait, qui était républicain, subsista. Et ce fut la République qui signa la paix. Elle vint à bout de la Commune et rétablit l’ordre. Elle assuma toutes les responsabilités et elle en eut le bénéfice. Ce fut elle qui remplit le programme sur lequel la majorité de droite avait été élue. Alors les craintes que la République inspirait – révolution, guerre sans fin – s’évanouirent. Et ces causes réunies firent que le régime républicain, d’abord provisoire, devint définitif.
    Le prestige personnel, l’action de Thiers y furent pour beaucoup. Au cours de ses nombreuses métamorphoses, Thiers, sous l’Empire et par opposition à l’Empire, s’était converti à la politique extérieure traditionnelle. Il avait combattu le principe des nationalités, annoncé les catastrophes. Il avait vu approcher la guerre avec la Prusse, mais conseillé de l’éviter parce que la France n’était pas prête. Ces souvenirs lui donnaient une autorité sans rivale, surtout dans les classes moyennes, dont l’opinion, chez nous, est toujours décisive. Agité, aventureux, fanfaron jusqu’à l’âge mûr, Thiers, dans sa vieillesse, apparaissait comme l’incarnation du bon sens. Le 8 février, il avait été élu dans vingt-six départements. Si Thiers devenait républicain, la bourgeoisie le deviendrait, et il l’était déjà, tout en ayant assez d’habileté pour laisser de côté la question du régime. La majorité monarchiste était d’accord avec lui pour la remettre à plus tard et elle le nomma chef du pouvoir exécutif. Un républicain de doctrine, Jules Grévy, fut élu président de l’Assemblée. Celui-là avait dit dès 1848 : « Je ne veux pas que la République fasse peur. » Il avait également combattu Gambetta. L’Assemblée poussait en avant les hommes les plus capables de faire accepter la République par un pays qui se

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