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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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souvent ils ont pris les
recherches et les idées de Gibbon comme point de départ ou comme preuve des
recherches et des idées nouvelles qu’ils avançaient. Qu’on me permette de
rendre compte ici de l’espèce d’incertitude et d’alternative que j’ai éprouvée
moi-même en étudiant cet ouvrage ; j’aime mieux courir le risque de parler
de moi que négliger une observation qui me parait propre à en faire mieux
ressortir et les qualités et les défauts. Après une première lecture rapide,
qui ne m’avait laissé sentir que l’intérêt d’une narration toujours animée
malgré son étendue toujours claire, malgré la variété des objets qu’elle fait
passer sous nos yeux, je suis entré dans un examen minutieux des détails dont
elle se compose, et l’opinion que je m’en suis formée alors a été, je l’avoue,
singulièrement sévère. J’ai rencontré dans certains chapitres des erreurs qui
m’ont paru assez importantes et assez multipliées pour me faire croire qu’ils
avaient été écrits avec une extrême négligence ; dans d’autres, j’ai été
frappé d’une teinte générale de partialité et, de prévention qui donnait à
l’exposé des faits ce défaut de vérité et de justice que les Anglais désignent
par le mot heureux de misrepresentation  ; quelques citations
tronquées, quelques passages omis involontairement ou à dessein, m’ont rendu
suspecte la bonne foi de l’auteur ; et cette violation de la première loi
de l’histoire, grossie à mes yeux par l’attention prolongée avec laquelle je
m’occupais de chaque phrase, de chaque note, de chaque réflexion, m’a fait
porter sut tout l’ouvrage un jugement beaucoup trop rigoureux. Après avoir
termine mon travail, j’ai laissé s’écouler quelque temps avant d’en revoir
l’ensemble. Une nouvelle lecture attentive et suivie de l’ouvrage entier, des
notes de l’auteur et de celles que j’avais cru devoir y joindre, m’a montré
combien je m’étais exagéré l’importance des reproches que méritait Gibbon ;
j’ai été frappé des mêmes erreurs, de la même partialité sur certains
sujets ; mais j’étais loin de rendre assez de justice à l’immensité de ses
recherches, à la variété de ses connaissances, à l’étendue de ses lumières, et
surtout à cette justesse vraiment philosophique de son esprit, qui juge le
passé comme il jugerait le présent, sans se laisser offusquer par ces nuages
que le temps amasse autour des morts, et qui souvent nous empêchent de voir que
sous la toge comme sous l’habit moderne, dans le sénat comme dans nos conseils,
les hommes étaient ce qu’ils sont encore, et que les événements se passaient il
y a dix-huit siècles comme ils se passent de nos jours. Alors j’ai senti que
Gibbon, malgré ses faiblesses, était vraiment un habile historien ; que
son livre, malgré ses défauts, serait toujours un bel ouvrage, et qu’on pouvait
relever ses erreurs et combattre ses préventions, sans cesser de dire que peu
d’hommes ont réuni, sinon à un aussi haut degré, du moins d’une manière aussi
complète et aussi bien ordonnée, les qualités nécessaires à celui qui veut
écrire l’histoire.
    Je n’ai donc cherché dans mes notes qu’à rectifier les faits
qui m’ont paru faux ou altérés, et à suppléer ceux dont l’omission devenait une
source d’erreurs. Je suis loin de croire que ce travail soit complet ; je me
suis bien gardé même de l’appliquer à l’ Histoire de la Décadence et de la
Chute de l’Empire romain dans toute son étendue ; c’eût été grossir
prodigieusement un ouvrage déjà très volumineux, et ajouter des notes
innombrables aux notes déjà très nombreuses de l’auteur. Mon premier but et ma
principale intention étaient de revoir avec soin les chapitres consacrés par
Gibbon à l’histoire de l’établissement du christianisme, pour y rétablir dans
toute leur exactitude, et sous leur véritable jour, les faits dont ils se
composent ; c’est aussi là que je me suis permis le plus d’additions.
D’autres chapitres, comme celui qui traite de la religion des anciens Perses,
celui où l’orateur expose le tableau de l’état de l’ancienne Germanie et des
migrations des peuples, m’ont paru avoir besoin d’éclaircissements et de
rectifications leur importance me servira d’excuse. En général, mon travail ne
s’étend guère au delà des cinq premiers volumes de cette nouvelle édition

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