Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
Vom Netzwerk:
conserver éternellement, elles pourront, dans leur course sans fin à travers les âges, mépriser les puissantes attaques d ’ une durée sans bornes.  » Le sentiment que le monde est créé et doit disparaître, loin d ’ être pour l ’ Hellène une preuve de la puissance de Dieu, est au contraire un signe de son impuissance. C ’ est bien l ’ idée de Boéthus  : la corruption du monde n ’ aurait pas de cause, puisqu ’ elle ne peut venir ni de l ’ extérieur, c ’ est-à-dire du néant, ni de l ’ intérieur du monde qui ne contient aucun principe de maladie (c ’ est là l ’ enseignement du Timée )  ; de plus le monde ne se détruit ni par division, puisqu ’ il ne résulte pas d ’ un assemblage d ’ atomes, ni par altération de la qualité, puisque les stoïciens admettent, on l ’ a vu, que son individualité ou qualité propre reste, après la conflagration, la même qu ’ avant, ni par confusion  ; elle est donc impossible. Enfin, et c ’ est l ’ argument suprême, ea dieu, pendant toute la durée qui suit la conflagration, reste inactif  ; or un dieu inactif est un dieu mort. Boéthus revient, on le voit, à une tradition théologique plus ancienne que le stoïcisme et qui s ’ imposera de plus en plus aux tenants de l ’ hellénisme.
    La morale aussi se modifie. La formule de la fin que donne Diogène de Babylone  : «  User de raison dans le choix des choses conformes à la nature et le rejet de choses contraire  » , ou bien celle d ’ Antipater  : « vivre en choisissant ce qui est conforme à la nature et en rejetant ce qui est contraire  » , insistent avec beaucoup de force sur la nécessité et les raisons d ’ un choix, évidemment contre l ’ indifférentisme d ’ Ariston. Dans la curieuse p.396 discussion entre Diogène et Antipater sur un cas de conscience [560] , (un commerçant amène à Rhodes pendant une famine une cargaison de blé  ; supposé qu ’ ils sachent que d ’ autres vaisseaux vont arriver, doit-il le cacher pour vendre son blé plus cher  ? ), Diogène soutient qu ’ il n ’ a rien à dire puisqu ’ il ne violera ainsi aucune loi établie  ; Antipater soutient que son devoir est de le dire, notre instinct social nous induisant à faire tout ce qui est utile aux hommes  : opposition entre une sorte de pharisaïsme découlant assez naturellement de la notion des fonctions dans l ’ ancien stoïcisme, et une conception plus large, plus libre, plus humaine, des devoirs qui sera celle du moyen et du nouveau stoïcisme. Il s ’ agit surtout de régler la vie commune, et nous voyons Antipater se faire le défenseur du mariage, ce devoir religieux, forme supérieure de l ’ amitié et de l ’ entr ’ aide, dont l ’ affaiblissement est un funeste symptôme pour la société  [561] .
    Nous avons vu Boéthus introduire le platonisme dans la physique  ; nous voyons Antipater rattacher expressément la morale stoïcienne à Platon en cherchant chez lui l ’ origine de l ’ idée que l ’ honnête est seul un bien  [562] ; et c ’ est peut-être par un retour aux idées de Platon qu ’ un disciple d ’ Antipater, Héraclide de Tarse, abandonne le paradoxe que « toutes les fautes sont égales  » .
    Mais tous ces traits s ’ accusent chez Panétius de Rhodes, un des personnages les plus curieux du I I e siècle finissant. L ’ amitié qui lia Panétius (ainsi que l ’ historien Polybe) à des Romains éminents de son temps, à Scipion Émilien et à Lélius, au moment où l ’ ordre romain commençait à s ’ imposer à tous et, réalisant le rêve d ’ une société universelle, paraissait consommer l ’ histoire, est un des symptômes les plus curieux de l ’ esprit du temps. Sa noblesse de caractère et sa gravité le rendaient digne, dit Cicéron  [563] , de cette familiarité  : Avant 129, année p.397 où il prit à Athènes la direction de l ’ école et sans doute depuis 146, il ne quitta guère Scipion, l ’ accompagnant en 142 dans son voyage à Alexandrie, faisant partie avec Polybe d’un voyage d ’ exploration organisé en 146 par Scipion le long de la côte occidentale d ’ Afrique. Panétius voyait en Scipion une sagesse, une réserve, une tenue morale qui faisaient son admiration  [564] . Scipion, d ’ autre part, devait trouver dans le stoïcisme un guide moral bien nécessaire avec la croissance rapide de Rome et toutes les ambitions qu ’ elle suscitait. «  Comme on confie,

Weitere Kostenlose Bücher