Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
Vom Netzwerk:
disait-il à Panétius, à des dompteurs les chevaux capricieux  ; il faut, amener les hommes trop confiants en leur étoile a la règle de la raison et de la doctrine, pour qu ’ ils se rendent compte de la faiblesse des choses humaines et de l ’ inconstance de la fortune  [565] » . La vieille éducation traditionnelle doit donc céder le pas à un enseignement rationnel. Les disciples romains de Panétius sont nombreux et influents  ; c ’ est Quintus Tubéron, le neveu de Scipion, fervent Stoïcien dans sa conduite, qui écrivit un traité Sur l ’ Office du juge , où il conciliait sans doute ses connaissances juridiques avec la doctrine stoïcienne  [566] ; Mucius Scaevola, augure et juriste  ; Rutilius Rufus, proconsul d ’ Asie Mineure  ; Æ lius Stilon, un grammairien et historien qui fut maître de l ’ érudit Varron. Après ce long séjour à Rome, il dirigea l ’ école à Athènes de 129 à 110.
    L ’ univers de Panétius est bien différent de celui de Zénon  ; il a un grand enthousiasme pour Platon, « le divin, le très sage, le très saint, l ’ Homère des philosophes  [567] .  » Il n ’ attache plus à la dialectique broussailleuse la même importance que les fondateurs de l ’ école, et son enseignement commence par la physique  [568] . Mais l ’ unité du cosmos se détend  : la conflagration universelle, qui était comme le symbole de la toute-puissance p.398 de la raison, est niée  ; ce monde, si beau et si parfait, conservera toujours un ordre identique à celui que nous contemplons. Avec la conflagration tombe la sympathie universelle  ; «  quelle apparence que, d ’ une distance presque infinie, l ’ influence des astres puisse s ’ étendre jusqu ’ à la lune, ou plutôt jusqu ’ à la terre  ? » . En même temps que la sympathie, il rejette la divination, fondée sur elle  ; et il est disposé à admettre un certain relâchement dans le destin  [569] .
    Ces modifications touchent au fond des choses  : Panétius n ’ est plus un théologien, c ’ est un humaniste  ; c ’ est l ’ activité civilisatrice de l ’ homme qui l ’ intéresse, la raison humaine en mouvement, créatrice des arts et des sciences, beaucoup plus que la raison divine immanente aux choses. Aussi rejette-t-il pour l ’ âme (qui n ’ est pour lui qu ’ un souffle enflammé) toute destinée en dehors de sa vie dans le corps  ; il allait, nous dit-on, jusqu ’ à nier l ’ authenticité du Phédon . L ’ âme doit mourir, dit-il, puisqu ’ elle est née, et la preuve qu ’ elle ne préexiste pas à la naissance, c ’ est la ressemblance morale des enfants avec leurs parents. D ’ autre part, elle est corruptible puisqu ’ elle est sujette à la maladie  ; et enfin sa partie éthérée doit regagner à la mort les hauteurs du monde dont elle est issue  [570] .
    Il ne faut pas s ’ étonner non plus qu ’ il traitât la théologie des écoles de simple bavardage  : il est sans doute l ’ auteur responsable de cette étude positive de la théologie que l ’ on trouve chez son disciple Scaevola qui l ’ a transmise à Varron  [571] . Il y a en fait trois théologies  : celle des poètes, si futile, qui met les dieux au-dessous des hommes de bien, celle des philosophes qui s ’ accorde mal avec les croyances nécessaires aux cités, soit que, avec Evhémère, on pense que les dieux ne sont que des hommes réels que l ’ on a divinisés, soit que l ’ on accepte p.399 des dieux qui n ’ ont rien de commun avec les dieux dont on voit les statues dans les cités, puisque le dieu des philosophes n ’ a ni sexe, ni âge, ni corps limité. Il y a enfin la théologie civile, celle du culte, instituée dans les cités par des sages  ; et pour laquelle Scaevola, politique avant tout, ne cache pas sa prédilection.
    Panétius écrivit en 140 un traité Du Devoir , qui, selon Cicéron, contient sur le sujet une discussion très exacte et sans controverse. Cicéron ajoute qu ’ il a suivi (mais non traduit) ce traité dans les deux premiers livres de son propre ouvrage Des Devoirs , non pourtant sans le corriger quelque peu  [572] » . Ces deux livres forment notre principale source de renseignements sur Panétius. Son idéal paraît être la conduite de l ’ honnête homme trouvant, dans une société civilisée, les moyens et les occasions de satisfaire et de fortifier les penchants dont la nature l ’ a doué. Vivre conformément à la nature, c ’

Weitere Kostenlose Bücher