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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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est pour lui vivre selon les inclinations qu ’ elle nous a données.  [573] .  » C ’ est notre nature individuelle qu ’ il faut prendre comme règle. « Sans doute il ne faut rien faire contre la nature universelle, mais, celle-ci respectée, suivons notre propre nature, et, trouvions-nous mieux ailleurs, mesurons pourtant nos volontés en les réglant sur notre propre nature  [574] .  » Plus de ces ambitions exagérées de sagesse surhumaine. Non pas que Panétius, sous prétexte de « naturalisme  » , permette à l ’ homme de s ’ abandonner à toutes ses passions. La conscience que nous avons de notre humanité et de notre dignité d ’ homme suffit à nous arrêter. L ’ idée d ’ humanité est vraiment le centre du traité cicéronien. Il est intéressant de préciser le sens et les cas où il l ’ emploie. Il y a, par exemple, dit-il, deux espèces de combats  : le premier est l ’ emploi direct de la force, comme chez les animaux  ; le second est particulier à l ’ homme  : ce sont les guerres justes, précédées p.400 de déclaration, impliquant le respect des serments. Ou encore ; il y a deux sortes de sociétés, les sociétés animales et les sociétés proprement humaines dont les deux liens les plus forts sont la raison et le langage ( ratio et oratio ), inconnus aux bêtes. Ou enfin : la résistance au plaisir, qui est inconnue de l’animal, est au contraire digne de l’homme. Cicéron dira aussi qu’il est « inhumain » de faire servir à la perte des hommes de bien l’éloquence dont le rôle naturel est de les sauver ; il dira qu’il est très contraire à l’ humanité de méditer dans un banquet où l’on est invité, de chanter sur la place publique [575]. En un mot l’humanité, c’est tout ce qui transforme en usages civilisés les instincts brutaux de l’animal, depuis la politesse et la tenue qu’elle exige jusqu’aux règles de justice que gardent entre eux les ennemis eux-mêmes, s’ils sont hommes. L’homme de Panétius, ce n’est pas l’homme rudimentaire des Cyniques pour qui la civilisation ne crée que complications inutiles ; car le lien social vient de la nature même, et c’est elle qui nous invite à la réserve et au respect de nous-mêmes ( verecundia ). Les arts sont non pas des dons des dieux, comme disent les mythes, mais des résultats de l’effort humain, et c’est par eux que « la vie humaine civilisée est si loin de la manière de vivre des bêtes. » L’humanité transforme donc l’instinct bestial, mais sans se substituer à lui ; il y a chez les bêtes des tendances correspondantes à toutes les vertus, un désir de voir et d’entendre et une tendance désintéressée au jeu, correspondant à la vertu spéculative, un désir de conservation de soi correspondant au courage et à la tempérance, des tendances sociales innées. Les vertus humaines ne sont que ces tendances naturelles réglées par la raison [576]. L’homme, contrairement à ce que dit le stoïcisme orthodoxe, est donc et reste double, raison et tenantes irrationnelles.
    Cette doctrine de Panétius, qui ne nous est parvenue qu’en p.401 échos assourdis, paraît avoir été merveilleusement vivante et vigoureuse. Après la gravité un peu pesante ou le pessimisme désenchanté des doctrines des deux siècles qui ont précédé, la pensée de Panétius, comme celle de Carnéade, est comme un nouveau départ dans la pensée grecque ; l’on a l’impression d’une vie intellectuelle ascendante, en correspondance avec les prodigieuses transformations politiques qui s’accomplissaient dans le monde.
     
    II. — LE MOYEN STOÏCISME (SUITE).
    POSIDONIUS
    @
    Ce brillant développement du stoïcisme se continue dans une tout autre voie avec le Syrien Posidonius d’Apamée (135-51). Grand voyageur, et grand observateur de la nature, il visite toutes les côtes de la Méditerranée, Sicile, côtes de l’Adriatique, Gaule Narbonnaise, côtes d’Espagne jusqu’à l’Atlantique, où il observe le phénomène des marées. Fixé à Rhodes après 1041, il y est chef d’école, en même temps qu’il y occupe l’importante fonction politique de prytane. Ses relations avec Rome sont constantes ; pendant la guerre de Mithridate, alors que Rhodes, presque seule en Orient, était restée du parti romain, il va à Rome en ambassade pour demander du secours. Pompée fut son ami personnel et lui rendit plusieurs fois visite à Rhodes ; le souvenir de

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