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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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en Grèce ; la mission qu’elles se donnaient étaient d’enseigner des méthodes de purification qu’elles tenaient secrètes pour les initiés. Telle était bien aussi l’association pythagoricienne ; elle avait des secrets qu’elle interdisait de révéler aux impurs. Des traditions assez anciennes rattachent à l’enseignement dePythagore despromesses de vie heureuses après la mort pour les initiés. Telétait aussi l’enseignement orphique. La société, ouverte aux femmes et aux étrangers, dépassait les limites d’une religion de la cité [60]. Les fameuses interdictions contenues dans le catéchisme pythagoricien (ne pas manger de fèves, ne pas parler dans l’obscurité, ne pas porter sur une bague l’effigie d’un dieu, ne pas sacrifier de coq blanc, etc.) [61], sont des tabous du genre le plus vulgaire [62] où il ne faut chercher aucun symbolisme moral, comme on le fit plus tard, mais des signes qui doivent suffire à distinguer des autres hommes les membres de la secte.
    La doctrine de la transmigration des âmes à travers des corps d’hommes et d’animaux, doctrine qu’un très ancien document [63] attribue à Pythagore, ne peut non plus passer comme le fruit d’une réflexion philosophique : croyance fréquente chez les p.52 primitifs qui ne voient en la naissance qu’une réincarnation [64], elle se rattache à ces contes, si fréquents dans le folklore, qui montrent l’âme sortant du corps, et allant résider dans un animal ou un objet inanimé [65] ; elle n’a nullement à être rattachée à une origine historique précise. Enfin, le précepte d’abstinence de la viande, s’il a réellement fait partie du catéchisme primitif de l’école, se rattache sans doute à la même foi en l’unité de tous les vivants, qui a donné naissance à la doctrine de la transmigration.
    Qu’est-ce qui distingue donc Pythagore des sectes orphiques, si incapables de progrès et si cantonnés dans leur rituel et leurs mythes fantastiques ? Hérodote raconte que le Thrace Zamolxis, ayant été l’esclave de Pythagore, à Samos, apprit de lui « la manière de vivre des Ioniens [66] ». Il semble bien aussi que Pythagore apporta en Grande-Grèce la cosmologie milésienne ; il enseignait, comme Anaximène, que le monde était plongé au sein d’un air infini ; de cet infini, il absorbe, par une sorte de respiration, les parties les plus proches, qui, entrées en lui, séparent et isolent les choses les unes des autres ; l’air illimité, appelé aussi obscurité, nuit ou vapeur, produit ainsi dans les choses la multiplicité et le nombre [67]. Comme les Milésiens, Pétron, un pythagoricien de la plus ancienne époque, passe pour avoir admis la pluralité des mondes [68], une pluralité définie, il est vrai, et des mondes rangés en ordre géométrique. Entre la physique milésienne de Pythagore, et les règles pratiques de l’ordre, il nous est d’ailleurs impossible de saisir la moindre affinité.
    Nulle parenté visible non plus entre cette cosmologie et la doctrine célèbre attribuée à Pythagore par la tradition : toutes les choses sont des nombres. Cette doctrine elle-même se p.53 présente à nous sous trois aspects différents dont le lien n’apparaît aucunement. En premier lieu elle désigne une certaine relation entre les nombres et les formes géométriques ; Pythagore représentait les nombres non pas par le symbolisme habituel des lettres, mais un peu de la manière dont ils sont représentés sur nos dominos, chaque nombre étant représenté par autant de points qu’il a d’unités, et ces points étant rangés selon un ordre géométrique ; d’où les nombres triangulaires, c’est à dire représentables par des points disposés en triangle, comme 3, 6, 10, etc., carrés, représentés par des points disposés en carré, comme 4, 7, etc., oblongs, représentés par des points disposés en rectangle comme 6, 12, etc. [69].
    Autre, aspect de la doctrine : les trois accords musicaux, quarte, quinte, octave, sont représentés par des rapports numériques simples, à savoir 2/1, 3/2, 4/3, et de plus on peut définir une certaine proportion, dite proportion harmonique, qui les contient tous les trois ; c’est la proportion 12 : 8 : 6, où la moyenne est inférieure au plus grand extrême, d’un tiers de cet extrême, et supérieure au plus petit, également d’un tiers de lui-même 8=12-12/3=6+6/3. Enfin, troisième aspect, un symbolisme

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