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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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de Dieu par son verbe, ou bien le raisonnement  ; mais le vrai lui-m ême est toujours au-dessus des moyens dont dispose l ’ esprit humain. Si, au contraire, le vrai est défini par les conclusions sûres et naturelles, il est par là même proportionné aux forces de l ’ esprit humain et défini sans nulle référence à une réalité transcendante et extérieure à l ’ esprit. Mais aussi et par là même, le «  vrai  » ne s ’ expose pas sous la forme d ’ une vision systématique et totale de l ’ univers (que cette vision soit due à la révélation, à la raison ou aux deux ensembles), mais se démembre en quelque sorte en une multitude de propositions, dont le lien ensemble consiste non pas à exprimer un unique vrai mais dans la manière dent leur certitude a été acquise.
    Léonard, comme savant, sans accepter les résultats de la dynamique des occamistes, est pourtant de ceux qui en ont propagé l ’ esprit  ; critiquant les toiles d ’ araignée du syllogisme, traitant les alchimistes et les astrologues de « charlatans ou de fous  » , il est de ceux qui, comme Tartaglia, comme Galilée, mettent au-dessus de tout les œu vres d ’ Archimède, reprenant les questions de dynamique au point où il les a laissées. Mais, d ’ autre part, en Italien de la Renaissance, Léonard est un dynamiste qui, dans le mouvement, cherche le moteur spirituel, p.760 dans le corps humain, l ’œu vre de l’âme qui a réalisé en lui son idée de la forme humaine  ; et l ’ esprit est désir «  qui, avec une impatience joyeuse, toujours attend le printemps nouveau, toujours le nouvel été  » , «  et ce même désir est la quintessence inséparable de la nature  » . On voit pourtant quelle différence il y a entre ce désir, production jaillissante des formes toujours nouvelles, et l ’ antique forme aristotélicienne qui impose aux choses un ordre statique et, autant que le permet la matière , éternel.
     
    VIII. — LE PYRRHONISME   : MONTAIGNE
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    L ’ on ne saurait attribuer trop d ’ importance à ces penseurs qui, dédaigneux de tout système, hommes parlant à des hommes et non des maîtres enseignant des disciples, ont donné, dans l ’ étude de l ’ esprit humain, les mêmes exemples de sincérité qu ’ un Léonard de Vinci dans l ’ étude de la nature.
    Sans doute il y a les purs négateurs, les libertins proprement dits tels que Bonaventure des Périers, qui, en son Cymbalum mundi (1537), écrit dans la manière de Lucien, se moque de l ’ Évangile et de ses miracles.
    On trouve aussi, tout au long du XV I e siècle, un courant pyrrhonien et sceptique qui porte non pas contre la religion, qui même est souvent d ’ accord avec elle, mais qui est dirigé contre la philosophie et la science proprement dite. Agrippa de Nettesheim, dans son traité Sur l ’ incertitude et la vanité des sciences et des arts (1527) rappelle les vieilles diatribes du haut Moyen âge contre la dialectique  : les sciences (et par là il entend aussi bien les mathématiques que les arts de la divination ou l ’ équitation) sont incertaines et inutiles, puisque la religion nous enseigne, à elle seule, le chemin de la félicité. Omer Talon, l ’ auteur de l ’ Academia (1548), déclare qu ’ Aristote est «  le père des athées et des fanatiques  [897] » , et il combat en lui «  la philosophie p.761 des païens et des gentils » . Ainsi le pyrrhonisme, dont Rabelais donne, en raillant, des formules empruntées à Sextus Empiricus, n ’ est nullement antichrétien  [898] . Omer Talon y voit non pas une critique de la foi, mais la vraie philosophie «  qui est libre dans l ’ appréciation et le jugement qu ’ elle porte sur les choses et non enchaînée à une opinion ou à un auteur  » . Son livre suit d ’ ailleurs, dans l ’ essentiel, les Académiques de Cicéron.
    L ’œu vre de Rabelais et celle de Montaigne dépassent de haut ces écrits de circonstances. Chez eux se créent ces formes littéraires incomparables où la pensée, libérée de l ’ uniforme dialectique, va droit aux choses et aux hommes  ; chez ces moralistes qui n ’ ont que peu de contact avec le mouvement scientifique du temps naît pourtant une conscience intellectuelle scrupuleuse, qui ne se laisse point facilement surprendre. La raillerie lucide de Rabelais ne ménage pas plus les disputeurs des Universités que les faiseurs de miracles ou de fausses décrétales. Montaigne, loin de toute

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