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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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Leibniz dit qu ’ « il était effectivement un grand homme avec tous ses défauts et aurait été incomparable sans ses défauts »  [893] , a laissé des Confessions ( De vita propria ) où il se déclare, entre autres choses «  détracteur de la religion, vindicatif, envieux, mélancolique, dissimulé, perfide, magicien ». Il y a en effet chez lui une singulière histoire des rel i gions  ; considérant la grandeur et la décadence des religions et leur distribution dans les divers climats, il les rapporte à l ’ influence de conjonctions d ’ astres et fait correspondre leur histoire aux grandes périodes cosmiques  ; il tire l ’ horoscope du Christ né sous la conjonction de Jupiter et du Soleil, tandis que la loi judaïque vient de Saturne  [894] . Dans son monde animé par une âme unique dont l ’ organe est la chaleur, et qui renferme toutes les âmes individuelles, dans ce monde, où tous les êtres, même en apparence insensibles, sont vivants, les influences magiques se propagent à volonté pour qui sait les capter. Cette conception de l ’ âme, appelée parfois un esprit universel, dispose Cardan à accepter l ’ averroïsme et à rejeter l ’ immortalité.
    Le mouvement padouan aboutit en Italie à Cremonini (1550-1631), qui, professeur à Padoue, fut en 1611 et en 1613 l ’ objet d ’ une enquête en cour de Rome  ; les points de doctrine qu ’ on lui reprochait d ’ avoir soutenus en son De Cœlo sont caractéristiques de l ’ aristotélisme padouan : éternité et nécessité p.758 du ciel qui l ’ amènent à nier la création, liaison intime de l ’ âme au corps qui lui fait nier l ’ immortalité, action de Dieu comme d ’ une simple cause finale, ce qui ne s ’ accorde point avec la personnalité et la providence divine. C ’ est surtout le danger de ces propositions pour les croyances qui frappait les contemporains  ; nous devons ajouter que, au moment où Copernic, Képler et Galilée avaient déjà paru, le ciel d’Aristote avec son éternelle circulation et sa finalité n ’ étaient plus que des vieilleries encombrantes  : les platoniciens, nous le verrons, étaient, bien autrement que les Padouans, attentifs au progrès scientifique.
    Il faut donc distinguer, dans la pensée padouane, les constructions dogmatiques, si médiocres et vieillies, de la critique morale et religieuse dont l ’ influence fut immense, surtout en France, et qui inaugure cette pensée libre et indépendante qui, ne se traduisant en aucune doctrine philosophique arrêtée, se glissant de mille manières dans la littérature et la poésie, devient habituelle chez ceux que l ’ on a appelés les libertins. Nombreux furent, vers 1540, les rapports intellectuels entre la France et l ’ Italie  [895] . Calvin connaît bien les Italiens et se méfie d ’ eux  ; ce sont eux, écrit-il en 1539, qui ont dit « que la religion a esté anciennement controuvée par l ’ astuce et finesse de peu de gens  : à fin de contenir par ce moyen le simple populaire en modestie  » [896] . De 1542 à 1567, Vicomercato, appelé par François I er , enseigne l ’ averroïsme au Collège de France. Il a en France des élèves comme Jean Fernel, qui, dans le De abditis rerum causis (1548), dépeint sous le nom de Brutus, un alexandriste convaincu.
     
    VII. — LE MOUVEMENT SCIENTIFIQUE : Léonard de Vinci
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    « Le mensonge est si vil, écrit Léonard de Vinci (1452-1519), que, même s ’ il parlait bien des choses de Dieu, il ferait perdre sa grâce au divin  ; la vérité est d ’ une telle excellence qu ’ elle prête p.759 sa noblesse aux moindres choses qu ’ elle loue. La vérité, même si elle traite d ’ une chose petite et inférieure, dépasse infiniment les opinions incertaines sur les problèmes les plus sublimes et les plus élevés... Mais toi qui vis de songes, tu trouves ton plaisir plutôt aux sophismes dans les choses relevées et incertaines qu ’ aux conclusions sûres et naturelles qui ne s ’ élèvent pas à cette hauteur.  » C ’ est là une opinion toute contraire à celle des padouans  ; et Pomponazzi déclarait que la noblesse d ’ une science vient de la noblesse de son objet plutôt que de la certitude de la démonstration. Voyons bien tout ce qu ’ elle implique  : dans les siècles dont nous venons d ’ écrire l ’ histoire, on identifie le vrai avec Dieu même  ; le moyen d ’ atteindre « le vrai  » est alors ou bien la révélation

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