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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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— LE PLATONISME ITALIEN ( suite )   :
    CAMPANELLA
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    p.783 L ’ aboutissant de ce courant animiste est le système de Campanella qui, malgré son époque (1568-1639), reste bien un homme de la Renaissance  : Son ouvrage le plus important, De Sensu rerum et magia , rédigé en 1604 et publié en 1620, se donne dans le sous-titre comme «  une partie admirable de la philosophie occulte où il est démontré que le monde est la statue de Dieu vivante et connaissante, que toutes ses parties et les parties de ses parties sont douées de sens, plus ou moins clair ou obscur, mais autant qu ’ il suffit pour sa conservation et celle du tout  » . L ’ on a reconnu le panpsychisme de Bruno et de Telesio  : deux de ses principaux arguments pour démontrer que le monde est un être sentant, sont d ’ origine stoïcienne  : il est sentant parce que certaines de ses parties sentent et ce qui est dans les parties est a fo rt iori dans le tout  : argument de Chrysippe au De natura deorum de Cicéron  ; toutes ses parties sentent parce que, toutes, elles ont des instincts ou impulsions qui impliquent la sensation  : argument qui emploie la théorie du De Finibus , mais en étendant à tous les êtres de la nature, comme Plotin l ’ avait fait, ce que les Stoïciens disent seulement de l ’ animal. Campanella ne reconnaît plus la hiérarchie d ’ Aristote et des stoïciens entre l ’ animal, la plante et l ’ être inanimé  ; il ne voit plus là, comme Platon et Plotin, que des degrés  : la faculté nutritive suppose déjà la faculté sentante  ; l ’ intellect est identique au sens  ; la bête pense déjà et a une sorte de raison discursive ( discursus universalis ). A cette conception du monde se rattache la magie naturelle, conçue à la manière dont la concevait Plotin à la I V e Ennéade comme un art positif d ’ employer les forces occultes qui émanent des astres ou de la simple tension de la volonté  [933] ; cette action magique, qui est le type de l ’ action p.784 naturelle, est tout l ’ opposé du mécanisme dont le triomphe était si proche.
    Sur ce naturalisme s ’ édifie une métaphysique, qui développe le principe du système de Plotin  : ce qui est sympathie dans le monde sensible est, dans la réalité intelligible, union intime et identité. La connaissance sensible n ’ est qu ’ un contact de l ’ objet avec le sujet  ; elle ne nous révèle de l ’ objet que l ’ aspect par où le sentant peut s ’ identifier au senti  ; mais la connaissance intellectuelle a pour type la connaissance de l ’ âme par soi  ; or toute connaissance est inséparable de cette connaissance de soi  ; en connaissant les choses, «  l ’ âme se connaît parce qu ’ elle est ce qu ’ elle est  : elle est les autres choses. au moment où elle se sent changée en elles. Pourtant ce changement n ’ est pas le savoir, mais la cause ou l ’ occasion du savoir  » . Selon le même principe les propriétés communes et similitudes qui relient les choses donnent l ’ occasion à l ’ âme de contempler les Idées  ; l ’ assimilation du connu au connaissant, imparfaitement réalisée dans nos concepts généraux, l ’ est parfaitement dans l ’ Idée. L ’ âme et la nature conduisent Campanella jusqu ’ à un Dieu qui contient, en ses « primalités  » , Puissance, Sagesse et Amour le modèle de notre âme et de toutes choses  : l ’ analogie universelle permet à ce sensualiste de s ’ élever du sensible à l ’ intelligible  [934] .
    En 1599, Campanella complota en Calabre où, se présentant comme un nouveau Messie, il semble, d ’ après les pièces du procès qui lui fut intenté, avoir voulu réaliser une république théocratique analogue à celle qu ’ il exposa plus tard dans la Cité du Soleil , composée en 1602 et parue en 1623. L ’ idée centrale de cette utopie est celle d ’ une renaissance de l ’ humanité grâce à une organisation plus productive. Il a un grand souci des réalités économiques  : « On compte, dit-il, soixante-dix mille âmes à Naples, et c ’ est à peine s ’ il y a dix ou quinze mille travailleurs p.785 dans le nombre. Aussi ceux-là s ’ épuisent et se tuent pour un travail au-dessus de leurs forces. Dans la cité du Soleil, les travaux étant également distribués, chacun ne travaille pas plus de quatre heures par jour.  » Pourtant le résultat économique n ’ est pas le principal  : « Quelques hommes s

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