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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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musicien en acte que s ’ il est éduqué par un musicien en acte  ; c ’ est l ’ homme qui engendre l ’ homme  ; enfin substantiellement, puisque l ’ homme en puissance, qui est la semence, tient toute son essence d ’ un homme adulte et en acte.
    La grosse objection et peut-être l ’ unique au fond qu ’ Aristote adresse à ses devanciers, c ’ est d ’ avoir méconnu la vérité de ce théorème, depuis les théologiens qui faisaient tout naître de la nuit  [293] , jusqu ’ à Platon qui veut faire naître la variété des êtres des genres suprêmes les plus indéterminés. Contre tous ces adversaires, Aristote ne se lasse pas de répéter ce qui en effet peut être présenté sous diverses formes, mais non pas prouvé, à savoir que l ’ existence ne peut être donnée que sous forme de substances actuelles, intégralement déterminées, et que l ’ indétermination ou la matière qui peut exister dans le monde n ’ est nullement une indétermination absolue et en soi, mais seulement relative à des formes plus complètes.
     
    VII. — PHYSIQUE   ; LES CAUSES, LE MOUVEMENT, LE TEMPS, LE LIEU, LE VIDE
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    p.201 L ’ acte, c ’ est-à-dire la fonction agissante d ’ un être actuellement existant, tel est donc, en chaque cas, le principe final d ’ explication  ; l ’œil sera expliqué lorsque l ’ on aura montré que ses matériaux sont choisis et disposés pour la vision  ; l ’ animal, lorsque l ’ on aura montré tous les organes combinés pour rendre possibles les fonctions vitales  ; la cité, lorsque l ’ on aura montré les activités humaines qui en sont les matériaux se combinant en vue d ’ une vie heureuse, facile et bonne. La science aristotélicienne consistera, pour une bonne part, à montrer comment des matériaux choisis s ’ organisent en vue d ’ une certaine fonction  : la métaphysique n ’ a fait qu ’ en dessiner les cadres ou en indiquer l ’ esprit  ; c ’ est à l ’ expérience de les remplir, et c ’ est là une œuvre collective, encyclopédique, sujette à des retouches à l ’ infini  ; aussi rigides sont les cadres, aussi variée et multiforme la matière qui s ’ y insère.
    Pour avoir un guide dans cette encyclopédie  ; il faut se tenir ferme à la maxime aristotélicienne suivante  : « Il faut procéder du général au particulier  [294]  » , c ’ est-à-dire de ces ensembles obscurs et confus que sont pour nous les premières connaissances à ces connaissances détaillées et distinctes qui, en soi sinon pour nous, sont les premières. La science d ’ Aristote a même rythme que son univers  ; elle est un passage de l ’ indéterminé au déterminé  ; l ’ opérateur de ce passage, c ’ est la pensée en acte, celle par exemple qui sait actualiser dans une figure géométrique les lignes qui y sont en puissance et qui serviront à démontrer le théorème. La science d ’ Aristote ne progresse pas en profondeur  ; elle va plutôt s ’ étendant et s ’ épanouissant.
    C ’ est que la recherche des fonctions, actes ou essences, est p.202 absolument solidaire des investigations expérimentales sur les conditions matérielles dans lesquelles ces fonctions peuvent se réaliser  ; ces investigations qui, naturellement, sont illimitées, forment la grande partie des travaux d’Aristote. La physique générale sera complète lorsque, ayant défini les êtres naturels en général, nous aurons saisi le mécanisme du mouvement qui les réalise. L ’ étude de l ’ être vivant sera complète quand, ayant défini les fonctions vitales en général et l ’ âme, nous aurons décrit les mille combinaisons organiques qui lui permettent de se réaliser. La forme est toujours ainsi inséparable d ’ une matière, l ’ être en acte de l ’ être en puissance.
    Les notions fondamentales de la physique se réfèrent à cette union. La théorie des causes répond à la question  : qu ’ est-ce qui fait que tel sujet acquiert telle forme, que le malade guérit ou que l ’ airain devient statue  ? C ’ est la cause matérielle de quoi la chose est faite  ; c ’ est ici l ’ airain ou le malade  ; la cause formelle, forme, modèle ou essence, qui est l ’ idée de la santé dans l ’ esprit du médecin ou l ’ idée de la statue dans l ’ esprit du sculpteur  ; la cause motrice, qui est le médecin ou le sculpteur  ; la cause finale, c ’ est-à-dire l ’ état final ou achevé en vue duquel l ’ être

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