Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
Vom Netzwerk:
substances éternelles réalisées en dehors des choses dont elles sont les essences, Aristote ne prétend pas nier du tout, bien au contraire, que les quiddités soient  ; seulement la quiddité est dans la chose elle-même  ; la quiddité de l ’ homme est dans Socrate et Callias. Sous un de ses aspects, la métaphysique est l ’ ensemble des règles qui permettent d ’ isoler cette quiddité du reste des attributs. Mais, par la nature du problème, il n ’ y a pas là matière à démonstration, puisqu ’ on ne démontre pas la quiddité  ; d ’ où en ce domaine, cet appel fréquent soit à l ’ expérience, soit à l ’ opinion, qui est le signe de la méthode dialectique.
    D ’ une manière générale, si la substance dont il s ’ agit est nous-même, il est aisé d ’ éliminer de l ’ essence des attributs comme musicien, vêtu de blanc, qui sont acquis et n ’ appartiennent pas à nous-même comme tels  ; il reste, comme résidu, les caractères qui appartiennent à la définition  ; « l ’ essence est de toutes les choses dont il y a définition »  ; elle ne contient que ce qui dans la chose n ’ est pas dérivé mais primitif. Mais encore faut-il distinguer la définition qui suppose que le défini est en autre chose, définition qui n ’ atteint que les choses dérivées et non pas les substances, et la définition proprement dite qui est celle d ’ une essence qui ne se rapporte pas à autre chose  ; ainsi pair, qui se définit divisible par deux, implique nombre  ; camusité, qui signifie courbure dans le nez, implique le nez  ; l ’ essence ou quiddité n ’ appartient à ces choses que p.195 secondairement et non pas primitivement comme elle appartient à la substance  [277] .
    Le terrain ainsi déblayé, reste la principale difficulté  : qu ’ est-ce qui fait l ’ unité de l ’ essence exprimée par la définition, unité sans laquelle elle ne peut être une substance  ? Si la définition de l ’ homme est animal bipède, qu ’ est-ce qui fait que animal bipède désigne une essence unique et non une collection de deux termes, tandis que animal blanc est un composé d ’ essence et de qualité  [278] ? Question fort grave, puisqu ’ il s ’ agit de savoir si,   comme les atomistes l ’ ont prétendu, on peut obtenir l ’ essence d ’ un être par simple juxtaposition d ’ éléments, ou si l ’ essence a une véritable unité. Pour y répondre, il faut distinguer entre les parties matérielles d ’ un être et les parties de sa forme ou de son essence  : ainsi les partis matérielles d ’ un cercle, ce sont les segments en lesquels il est divisible  ; ses parties formelles, c ’ est le genre (figure plane) et la différence qui le définissent. Or le cercle ne naît pas de la juxtaposition de ses parties matérielles, auxquelles même il est antérieur, puisque la notion du demi-cercle implique celle du cercle  ; de même l ’ angle aigu, partie matérielle de l ’ angle droit, est pourtant logiquement postérieur à l ’ angle droit, puisqu ’ il se définit l ’ angle plus petit qu ’ un droit. De même la main est postérieure et non pas antérieure à l ’ essence du corps vivant, puisqu ’ elle ne saurait exister comme main, à part de ce corps. Il est vrai qu ’ on ne distingue pas toujours clairement les parties essentielles des parties matérielles  ; il est difficile par exemple de voir que la chair et les os ne font point partie de l ’ essence de l ’ homme. Et les platoniciens ont profité de cette difficulté pour réduire l ’ essence formelle de toutes choses à des nombres, rejetant tout le reste dans les parties matérielles (Z, 11).
    Mais, la distinction supposée faite, il en résulte d ’ abord que l ’ unité de l ’ être ne résulte point de la conjonction ou p.196 juxtaposition de parties matérielles, puisque ces parties sont postérieures à l ’ être, mais du mode d ’ union de ses composants logiques, genre et différence. Il y a deux manières pour un attribut de s ’ unir à un sujet, soit que le sujet participe à l ’a ttribut (l ’ homme est blanc) soit que l ’ attribut soit contenu dans le sujet (le nombre deux est pair)  ; mais la différence ne peut appartenir au genre d ’ aucune de ces deux manières  ; comment le genre pourrait-il participer à plusieurs différences qui sont contraires entre elles  ? Comment les différences pourraient-elles être comprises dans le genre sans

Weitere Kostenlose Bücher