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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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devant l’Histoire   ; songez qu’elle jugera votre jugement, et que le sien sera celui des siècles. » Mais les passions étaient sourdes et incapables de prévoyance.
    Les Girondins désiraient sauver Louis XVI, mais ils craignaient l’imputation de royalisme que leur adressaient déjà les Montagnards. Pendant tout le procès leur conduite fut assez équivoque   : ils n’osèrent se prononcer ni pour ni contre l’accusé, et leur modération les perdit sans le servir. Dans ce moment sa cause, la cause non plus de son trône, mais de sa vie, était la leur. On allait résoudre par un acte de justice ou par un coup d’état, si l’on reviendrait au régime légal, ou si l’on prolongerait le régime révolutionnaire. Le triomphe des Girondins ou des Montagnards se trouvait dans l’une ou l’autre de ces solutions. Ces derniers s’agitaient beaucoup. Ils prétendaient qu’on suivait des formes qui étaient un oubli de l’énergie républicaine, et que la défense de Louis XVI était un cours de monarchie présenté à la nation. Les Jacobins les secondaient puissamment, et des députations venaient à la barre demander la mort du roi.
    Cependant les Girondins, qui n’avaient pas osé soutenir l’inviolabilité, proposèrent un moyen adroit de soustraire Louis XVI à la mort, en appelant de la sentence de la convention au peuple. L’extrême droite protestait encore contre l’érection de l’assemblée en tribunal. Mais la compétence de la convention ayant été précédemment décidée, tous les efforts se portèrent d’un autre côté. Salles proposa de déclarer Louis XVI coupable, et de laisser aux assemblées primaires l’application de la peine. Buzot, craignant que la convention n’encourût par là le reproche de faiblesse, pensa qu’elle devait elle-même prononcer la peine, et en appeler au peuple de son propre jugement. Cet avis fut vivement combattu par les Montagnards, et même par un grand nombre de conventionnels modérés, qui virent dans la convocation des assemblées primaires le danger de la guerre civile. L’assemblée avait délibéré à l’unanimité que Louis était coupable, lorsque la question de l’appel au peuple fut posée. Deux cent quatre-vingt-quatre voix votèrent pour, quatre cent vingt-quatre contre, dix se récusèrent. Vint alors la terrible question de la peine à infliger. Paris était dans le dernier degré d’agitation   : des menaces étaient faites aux députés à la porte même de l’assemblée, on craignait de nouveaux excès populaires, le club des Jacobins retentissait d’invectives forcenées contre Louis XVI et contre la droite. Le parti montagnard, jusque-là le plus faible dans la convention, cherchait à obtenir la majorité par l’épouvante, décidé, s’il ne réussissait pas, à sacrifier également Louis XVI. Enfin, après quarante heures d’appel nominal, le président Vergniaud dit   : « Citoyens, je vais proclamer le résultat du scrutin. Quand la justice a parlé, l’humanité doit avoir son tour. »Il y avait sept cent vingt et un votants. La majorité absolue était de trois cent soixante et un. La mort fut prononcée à la majorité de vingt-six voix. Les opinions avaient été mêlées   : des Girondins avaient voté la mort, avec un sursis, il est vrai   ; le plus grand nombre des membres de la droite avait voté la détention ou le bannissement   ; quelques Montagnards votèrent comme les Girondins. Dès que le résultat du scrutin fut connu, le président dit avec l’accent de la douleur   : «  Je déclare du nom de la convention que la peine qu’elle prononce contre Louis Capet est la mort. » Les défenseurs parurent à la barre   : ils étaient très-émus. Ils essayèrent de ramener l’assemblée à des sentiments de miséricorde, en considération du petit nombre de voix qui avait décidé de la sentence. Mais déjà on avait discuté et résolu cette question. Les lois ne se font qu’à une simple majorité, avait dit un Montagnard. – Oui, avait répondu une voix, mais les décrets se rapportent, et la vie d’un homme ne se rapporte pas. Malesherbes voulut parler, mais il ne le put point. Les sanglots étouffaient sa voix, et il ne fit entendre que quelques mots suppliants et entrecoupés. Sa douleur toucha l’assemblée. La demande d’un sursis fut accueillie par les Girondins, comme une dernière ressource   ; mais là encore ils échouèrent, et l’arrêt fatal fut

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