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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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française vous accuse. Vous allez entendre la lecture de l’acte énonciatif des faits. Louis, asseyez-vous. » Un siège avait été préparé pour lui   ; il s’y plaça. Pendant ce long interrogatoire, il montra beaucoup de calme et de présence d’esprit   ; il répondit à chaque question avec à-propos, le plus souvent d’une manière touchante et victorieuse. Il repoussa les reproches qui lui furent adressés relativement à sa conduite avant le 14 juillet, en rappelant que sa puissance alors n’était pas encore limitée   ; avant le voyage de Varennes, par le décret de l’assemblée constituante, qui avait été satisfaite de ses réponses   ; enfin, avant le 10 août, en rejetant tous les actes publics sur la responsabilité ministérielle, et en niant toutes les démarches secrètes qui lui étaient personnellement attribuées. Ces dénégations ne détruisaient pas aux yeux des conventionnels, des faits la plupart constatés par des pièces écrites ou signées de la main même de Louis XVI   ; mais il usait du droit naturel à tout accusé. C’est ainsi qu’il ne reconnut pas l’existence de l’armoire de fer et de toutes les pièces qui lui furent présentées. Louis XVI invoquait une loi de sauve-garde, que la convention n’admettait pas, et la convention cherchait à s’assurer des tentatives contre-révolutionnaires que Louis XVI ne voulait pas reconnaître.
    Lorsque Louis fut retourné au Temple, la convention s’occupa de la demande qu’il avait faite d’un défenseur. Ce fut en vain que quelques Montagnards s’y opposèrent, la convention décréta que Louis aurait un conseil. Il désigna Target et Tronchet   : le premier refusa. Ce fut alors que le vénérable Malesherbes s’offrit à la convention pour défendre Louis XVI. « J’ai été appelé deux fois, écrivit-il, au conseil de celui qui fut mon maître, dans le temps que cette fonction était ambitionnée par tout le monde   ; je lui dois le même service, lorsque c’est une fonction que bien des gens trouvent dangereuse. » Sa demande lui fut accordée. Louis XVI, dans son état d’abandon, fut touché de cette preuve de dévouement. Lorsque Malesherbes entra dans sa chambre, il alla vers lui, le serra dans ses bras, et, les yeux humides, il lui dit   : « Votre sacrifice est d’autant plus généreux que vous exposez votre vie, et que vous ne sauvez pas la mienne. » Malesherbes et Tronchet s’occupèrent sans interruption de sa défense, et s’associèrent M. Desèze   ; ils cherchaient à ranimer le courage du roi, mais ils le trouvaient peu facile à espérer. « J’en suis sûr   ; ils me feront périr   : mais n’importe   ; occupons-nous de mon procès, comme si je devais le gagner, et je le gagnerai en effet, puisque la mémoire que je laisserai sera sans tache. »
    Enfin le jour de la défense arriva. Elle fut prononcée par M. Desèze. Louis était présent   : le plus grand silence régnait dans l’assemblée et dans les tribunes. M. Desèze fit valoir en faveur du royal accusé toutes les considérations de justice et d’innocence. Il invoqua l’inviolabilité qui lui avait été accordée   ; il dit que, comme roi, il ne pouvait pas être jugé   ; que, comme accusateurs, les représentants du peuple ne pouvaient pas être ses juges. En cela il n’avança rien qui n’eût été soutenu par une partie de l’assemblée. Mais il s’attacha surtout à justifier la conduite de Louis XVI, et à lui attribuer des intentions constamment pures et irréprochables. Il finit par ces dernières et solennelles paroles   : « Entendez d’avance l’Histoire qui dira à la Renommée   : Louis, monté sur le trône à vingt ans, y porta l’exemple des mœurs, la justice et l’économie   ; il n’y porta aucune faiblesse, aucune passion corruptrice   : il fut l’ami constant du peuple. Le peuple voulut qu’un impôt désastreux fût détruit, Louis le détruisit   ; le peuple voulut l’abolition de la servitude, Louis l’abolit   ; le peuple sollicita des réformes, il les fit   ; le peuple voulut changer ses lois, il y consentit   ; le peuple voulut que des millions de Français recouvrassent leurs droits, il les leur rendit   ; le peuple voulut la liberté, il la lui donna. On ne peut pas disputer à Louis la gloire d’avoir été au-devant du peuple par ses sacrifices   ; et c’est lui qu’on vous a proposé…   ! Citoyens, je n’achève pas, je m’arrête

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