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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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favorables à la cause populaire qui était la leur   ; enfin, le tiers-état choisit des hommes éclairés, fermes, et unanimes dans leur vœu. L’ouverture des états-généraux fut fixée au 5 mai 1789.
    Ainsi fut amenée la révolution   : la cour tenta vainement de la prévenir, comme dans la suite elle tenta vainement de l’annuler. Sous la direction de Maurepas, le roi nomma des ministres populaires, et fit des essais de réformes   ; sous la direction de la reine, il nomma des ministres courtisans et fit des essais d’autorité. L’oppression ne réussit pas plus que les réformes ne purent se réaliser. Après avoir inutilement recouru aux courtisans pour des économies, aux parlements pour des impôts, aux capitalistes pour des emprunts, il chercha une nouvelle classe de contribuables, et fit un appel aux privilégiés. Il demanda aux notables composés de la noblesse et du clergé, une participation aux charges de l’état qu’ils refusèrent. Alors seulement il s’adressa à la France entière, et il convoqua les états-généraux. Il traita avec les corps avant de traiter avec la nation, et ce ne fut que sur le refus des premiers qu’il en appela à une puissance dont il redoutait l’intervention et l’appui. Il préférait des assemblées particulières, qui, isolées, devaient rester secondaires, à une assemblée générale qui, représentant tous les intérêts, devait réunir toute la puissance. Jusqu’à cette grande époque, chaque année vit les besoins du gouvernement augmenter, et la résistance s’étendre. L’opposition passa des parlements à la noblesse, de la noblesse au clergé, et d’eux tous au peuple. À mesure que chacun d’eux participa au pouvoir, il commença son opposition, jusqu’à ce que toutes ces oppositions particulières vinssent se confondre dans l’opposition nationale ou se taire devant elle. Les états-généraux ne firent que décréter une révolution déjà faite.

ASSEMBLÉE CONSTITUANTE

CHAPITRE I
     
    Ouverture des états-généraux. – Opinions de la cour, du ministère, des divers corps du royaume touchant les états. – Vérification des pouvoirs   ; question du vote par ordre ou par tête. – L’ordre des communes se forme en assemblée nationale. – La cour fait fermer la salle des états   ; serment du jeu de paume. – La majorité de l’ordre du clergé se réunit aux communes. – Séance royale du 23 juin   ; son inutilité. – Projets de la cour   ; événements du 12, 13, et 14 juillet   ; renvoi de Necker, insurrection de Paris, formation de la garde nationale   ; siège et prise de la Bastille. – Suites du 14 juillet. – Décrets de la nuit du 4 août. – Caractère de la révolution qui vient de s’opérer.
     
    Le 5 mai 1789 était le jour fixé pour l’ouverture des états-généraux. La veille, une cérémonie religieuse précéda leur installation. Le roi, sa famille, ses ministres, les députés des trois ordres, se rendirent processionnellement de l’église Notre-Dame à l’église Saint-Louis, pour y entendre la messe d’ouverture. On ne vit pas sans ivresse le retour de cette solennité nationale dont la France était privée depuis si long-temps. Elle eut l’aspect d’une fête. Une multitude immense était venue à Versailles de toutes parts   ; le temps était magnifique, on avait prodigué la pompe des décorations   ; les chants de la musique, l’air de bonté et de satisfaction du roi, les grâces et la démarche noble de la reine, et autant que cela, les espérances communes, exaltaient tout le monde. Mais on remarqua avec peine l’étiquette, les costumes, l’ordre de rangs des états de 1614. Le clergé en soutane, grand manteau, bonnet carré, ou en robe violette et en rochet, occupait la première place. Venait ensuite la noblesse en habit noir, veste et parement de drap d’or, cravate de dentelle, et chapeau à plumes blanches retroussé à la Henri IV. Enfin le modeste tiers-état se trouvait le dernier, vêtu de noir, le manteau court, la cravate de mousseline, et le chapeau sans plumes et sans ganses. À l’église, les mêmes distinctions existèrent pour les places entre les trois ordres.
    Le lendemain la séance royale eut lieu dans la salle des menus. Des tribunes en amphithéâtre étaient remplies de spectateurs. Les députés furent appelés et introduits par gouvernement suivant l’ordre établi en 1614. Le clergé était conduit à droite, la noblesse à gauche,

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