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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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ressortir encore davantage les intentions de la cour. Il les réduisit en quelque sorte à l’examen de l’impôt pour le voter, à la discussion d’une loi sur la presse pour lui imposer des bornes, et à la réforme de la législation civile et criminelle. Il proscrivit tous les autres changements, et il s’écria   : « Les demandes justes ont été accordées   ; le roi ne s’est point arrêté aux murmures indiscrets, il a daigné les couvrir de son indulgence   ; il a pardonné jusqu’à l’expression de ces maximes fausses et outrées à la faveur desquelles on voudrait substituer des chimères pernicieuses aux principes inaltérables de la monarchie. Vous rejetterez, messieurs, avec indignation ces innovations dangereuses que les ennemis du bien public voudraient confondre avec les changements heureux et nécessaires qui doivent amener cette régénération, le premier vœu de Sa Majesté. »
    C’était peu connaître le vœu de la nation, ou le combattre bien ouvertement. On s’attendait à un tout autre langage de la part de M. Necker. Il était le ministre populaire, il avait fait obtenir la double représentation, et l’on espérait qu’il approuverait le vote par tête, qui devait seul permettre au tiers-état d’utiliser son nombre. Mais il parla en contrôleur général et en homme prudent   ; son discours, qui dura trois heures, fut un long budget de finances   ; et lorsqu’il en vint, après avoir lassé l’assemblée, à la question qui occupait tous les esprits, il la laissa indécise pour ne se commettre ni avec la cour ni avec le peuple.
    Le gouvernement aurait dû mieux comprendre l’importance des états-généraux. Le retour de cette assemblée annonçait seul une grande révolution. Attendus avec espérance par la nation, ils reparaissaient à une époque où l’ancienne monarchie était affaissée, et où ils étaient seuls capables de réformer l’état, de pourvoir aux besoins de la royauté. La difficulté des temps, la nature de leur mandat, le choix de leurs membres, tout annonçait qu’ils n’étaient plus convoqués comme contribuables, mais comme législateurs. Le droit de régénérer la France leur était accordé par l’opinion, dévolu par leurs cahiers, et ils devaient trouver dans l’énormité des abus et dans les encouragements publics, la force d’entreprendre et d’accomplir cette grande tâche.
    Il importait au monarque de s’associer à leurs travaux. Il aurait pu de cette manière restaurer son pouvoir, et se garantir d’une révolution en l’opérant lui-même. Si, prenant l’initiative des changements, il avait fixé avec fermeté mais avec justice le nouvel ordre des choses   ; si, réalisant les vœux de la France, il eût déterminé les droits des citoyens, les attributions des états-généraux, les limites de la royauté   ; s’il eût renoncé à l’arbitraire pour lui, à l’inégalité pour la noblesse, aux privilèges pour les corps   ; enfin, s’il eût accompli toutes les réformes qui étaient réclamées par l’opinion et qui furent exécutées par l’assemblée constituante, cette résolution aurait prévenu les funestes dissensions qui éclatèrent plus tard. Il est rare de trouver un prince qui consente au partage de son pouvoir et qui soit assez éclairé pour céder ce qu’il sera réduit à perdre. Cependant Louis XVI l’aurait fait, s’il avait été moins dominé par ses alentours, et s’il eût suivi ses inspirations personnelles. Mais l’anarchie la plus grande régnait dans les conseils du roi. Lorsque les états-généraux s’assemblèrent, aucune mesure n’avait été prise   ; on n’avait rien décidé de ce qui pouvait prévenir les contestations. Louis XVI flottait irrésolu entre son ministère, dirigé par Necker, et sa cour dirigée par la reine et par quelques princes de sa famille.
    Le ministre, satisfait d’avoir obtenu la double représentation du tiers-état, craignait l’indécision du roi et le mécontentement de la cour. N’appréciant pas assez l’importance d’une crise qu’il considérait plus comme financière que comme sociale, il attendait les événements pour agir, et se flattait de les conduire sans avoir rien fait pour les préparer. Il sentait que l’ancienne organisation des états ne pouvait plus être maintenue, que l’existence des trois ordres, ayant chacun le droit de refus, s’opposait à l’exécution des réformes et à la marche de

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