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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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parts, sont ceux de la patrie   ; qu’il les nomme, ils auront cessé de vivre. » Pendant toute cette nuit, Robespierre disposa ses partisans pour la journée du lendemain. Il fut convenu qu’ils s’assembleraient à la commune et aux Jacobins, afin d’être prêts à tout événement, pendant qu’il se rendrait avec ses amis dans le sein de l’assemblée.
    Les comités s’étaient réunis de leur côté et avaient délibéré toute la nuit. Saint-Just avait paru au milieu d’eux. Ses collègues essayèrent de le détacher du triumvirat   ; ils le chargèrent de faire un rapport sur l’événement de la veille, et de le leur soumettre. Mais, au lieu de cela, il dressa un acte d’accusation qu’il ne voulut pas leur communiquer et leur dit en les quittant   : « Vous avez flétri mon cœur, je vais l’ouvrir à la convention.» Les comités mirent tout leur espoir dans le courage de l’assemblée et dans l’union des partis. Les Montagnards n’avaient rien oublié pour amener ce salutaire concert. Ils s’étaient adressés aux membres les plus influents de la droite et du Marais. Ils avaient conjuré Boissy-d’Anglas et Durand-Maillane qui étaient à leur tête, de se joindre à eux contre Robespierre. Ceux-ci hésitèrent d’abord   : ils étaient si effrayés de la puissance de Robespierre, si pleins de ressentiments contre la Montagne, qu’ils renvoyèrent deux fois les Dantonistes sans les écouter. Enfin les Dantonistes revinrent une troisième fois à la charge, et alors la droite et la Plaine s’engagèrent à les soutenir. De part et d’autre, il y avait donc conjuration. Tous les partis de l’assemblée étaient réunis contre Robespierre, tous les complices des triumvirs étaient préparés contre la convention. C’est dans cet état que s’ouvrit la séance du 9 thermidor.
    Les membres de l’assemblée s’y rendirent plus tôt que d’ordinaire. Vers onze heures et demie, ils se promenaient dans les couloirs s’encourageant les uns les autres. Le montagnard Bourdon de l’Oise aborde le modéré Durand-Maillane, lui presse la main, et lui dit   : « Ô les braves gens, que les gens de la droite   ! » – Rovère et Talien s’approchent aussi, et joignent leurs félicitations à celles de Bourdon. À midi, ils voient, de la porte de la salle, Saint-Just monter à la tribune. C’est le moment, dit Talien, et ils entrent dans la salle. Robespierre occupe un siège en face de la tribune, sans doute pour intimider ses adversaires de ses regards. Saint-Just commence   : « Je ne suis, dit-il, d’aucune faction   ; je les combattrai toutes. Le cours des choses a voulu que cette tribune fût peut-être la roche Tarpéienne pour celui qui viendrait vous dire que des membres du gouvernement ont quitté la route de la sagesse   ! » Aussitôt Talien interrompt violemment Saint-Just, et s’écrie   : « Aucun bon citoyen ne peut retenir ses larmes sur le sort malheureux auquel la chose publique est abandonnée. Partout on ne voit que division. Hier un membre du gouvernement s’en est isolé pour l’accuser. Aujourd’hui, un autre fait la même chose. On veut encore s’attaquer, aggraver les maux de la patrie, la précipiter dans l’abîme. Je demande que le rideau soit entièrement déchiré   ! » Il le faut   ! il le faut   ! s’écria-t-on de toutes parts.
    Billaud-Varennes prit alors la parole de sa place. « Hier, dit-il, la société des Jacobins était remplie d’hommes apostés, puisque aucun n’avait de carte   ; hier, on a développé dans cette société l’intention d’égorger la convention nationale   ; hier, j’ai vu des hommes qui vomissaient les infamies les plus atroces contre ceux qui n’ont jamais dévié de la révolution. Je vois sur la Montagne un de ces hommes qui menaçaient les représentants du peuple   ; le voilà   !… » Qu’on l’arrête   ! qu’on l’arrête   ! s’écria-t-on. Les huissiers s’en emparèrent et le conduisirent au comité de sûreté générale. « Le moment de dire la vérité, poursuivit Billaud, est arrivé. L’assemblée jugerait mal les événements et la position dans laquelle elle se trouve, si elle se dissimulait qu’elle est entre deux égorgements. Elle périra, si elle est faible. » Non, non, elle ne périra pas, répondent tous les membres en se levant. Ils jurent de sauver la république   ; les tribunes applaudissent et crient   : Vive la convention nationale   ! Le

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