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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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de frapper fort et vite. Osez, disait-il, voilà tout le secret des révolutions. Mais il voulait déterminer Robespierre à un coup d’audace qui n’était pas possible, en l’engageant à atteindre ses ennemis sans les prévenir. La force dont il disposait était une force révolutionnaire et d’opinion, et non pas une force organisée. Il lui fallait s’aider de la convention ou de la commune, de l’autorité légale du gouvernement ou de l’autorité extraordinaire de l’insurrection. Tels étaient les usages, et tels devaient être les coups d’état. On ne pouvait même recourir à l’insurrection qu’après avoir essuyé les refus de l’assemblée, sinon le prétexte manquait au soulèvement. Robespierre fut donc contraint de livrer d’abord l’attaque dans la convention elle-même. Il espéra tout obtenir d’elle par son ascendant, ou si, contre son ordinaire, elle résistait, il compta, que le peuple provoqué par la commune, s’insurgerait le 9 thermidor contre les proscrits de la Montagne et le comité de salut public, comme il s’était insurgé le 31 mai contre les proscrits de la Gironde et la commission des douze. C’est toujours sur le passé qu’on règle sa conduite et ses espérances.
    Le 8 thermidor il arrive de bonne heure dans la convention. Il monte à la tribune et dénonce les comités par un discours fort adroit   : « Je viens défendre devant vous, dit-il, votre autorité outragée, et la liberté violée. Je me défendrai aussi moi-même, vous n’en serez point surpris   ; vous ne ressemblez point aux tyrans que vous combattez. Les cris de l’innocence outragée n’importunent point votre oreille, et, vous n’ignorez pas que cette cause ne vous est point étrangère. » Après ce début, il se plaint de ses calomniateurs, il attaque ceux qui veulent perdre la république par les excès ou par la modération, ceux qui persécutent les citoyens pacifiques, et il désigne par là les comités   ; ceux qui persécutent les vrais patriotes, et il désigne par là les Montagnards. Il s’associe aux desseins, à la conduite passée, et à l’esprit de la convention. Il ajoute que ses ennemis sont les siens. « Eh   ! que suis-je pour mériter les persécutions, si elles n’entraient dans le système général de leur conspiration contre la convention nationale   ? N’avez-vous pas remarqué que pour vous isoler de la nation ils ont publié que vous étiez des dictateurs régnant par la terreur et désavoués par le vœu tacite des Français   ? Pour moi, quelle est la faction à qui j’appartiens   ? c’est vous-mêmes. Quelle est cette faction qui, depuis le commencement de la révolution, a terrassé les factions et fait disparaître tant de traîtres accrédités   ? c’est vous, c’est le peuple, ce sont les principes. Voilà la faction à laquelle je suis voué et contre laquelle tous les crimes sont ligués… Voilà au moins six semaines que l’impuissance de faire le bien et d’arrêter le mal m’a forcé à abandonner absolument mes fonctions de membre du comité de salut public. Le patriotisme a-t-il été plus protégé   ? lesfactions plus timides   ? la patrie plus heureuse   ? Mon influence s’est bornée dans tous les temps à plaider la cause de la patrie devant la représentation nationale et au tribunal de la raison publique. » Après avoir cherché à confondre sa cause avec celle de la convention, il l’excite contre les comités par l’idée de son indépendance. « Représentants du peuple, il est temps de reprendre la fierté et la hauteur de caractère qui vous convient. Vous n’êtes pas faits pour être régis, mais pour régir les dépositaires de votre confiance. »
    En même temps qu’il tente de gagner l’assemblée par le retour de son pouvoir et la fin de sa servitude, il s’adresse aux hommes modérés en leur rappelant qu’ils lui doivent le salut des soixante-treize, et en leur faisant espérer le retour de l’ordre, de la justice et de la clémence. Il parle de changer le système dévorant et tracassier des finances, d’adoucir le gouvernement révolutionnaire, de guider son action et de punir ses agents prévaricateurs. Enfin il invoque le peuple, il parle de ses besoins de sa puissance, et après avoir rappelé tout ce qui peut agir sur la convention, et l’intérêt, et l’espérance, et la peur   : « Disons donc, ajoute-t-il, qu’il existe une conspiration contre la liberté publique   ;

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