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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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public, qui ruina d’abord ses anciens alliés de la commune et de la Montagne, et qui périt ensuite par ses propres divisions. Du 9 thermidor jusqu’au mois de brumaire an IV (octobre 1795), la convention vainquit le parti révolutionnaire et le parti royaliste, et chercha à établir la république modérée malgré l’un et malgré l’autre.
    Pendant cette longue et terrible époque, la violence de la situation changea la révolution en une guerre, et l’assemblée en un champ de bataille. Chaque parti voulut établir sa domination par la victoire, et l’assurer en fondant son système. Le parti girondin l’essaya et périt   ; le parti montagnard l’essaya et périt   ; le parti de la commune l’essaya et périt   ; le parti de Robespierre l’essaya et périt. On ne put que vaincre, on ne put pas fonder. Le propre d’une pareille tempête était de renverser quiconque cherchait à s’asseoir. Tout fut provisoire, et la domination, et les hommes, et les partis, et les systèmes, parce qu’il n’y avait qu’une chose de réelle et de possible, la guerre. Il fallut un an au parti conventionnel, dès qu’il eut repris le pouvoir, pour ramener la révolution à la situation légale   ; et il ne le put que par deux victoires, celle de prairial et celle de vendémiaire. Mais alors la convention étant retournée au point d’où elle était partie, remplit sa véritable mission qui était d’instituer la république après l’avoir défendue. Elle disparut de la scène du monde qu’elle avait étonné. Pouvoir révolutionnaire, elle commença au moment où l’ordre légal avait fini, et elle finit au moment où l’ordre légal recommença. Trois, années de dictature avaient été perdues pour la liberté, mais non pour la révolution.

DIRECTOIRE EXÉCUTIF

CHAPITRE XII
     
    Revue de la révolution. – Son second caractère de réorganisation   ; passage de la vie publique à la vie privée. – Les cinq directeurs   ; leurs travaux intérieurs. – Pacification de la Vendée. – Conspiration de Babœuf   ; dernière défaite du parti démocratique. – Plan de campagne contre l’Autriche   ; conquête de l’Italie par le général Bonaparte   ; traité de Campo-Formio   ; la république française est reconnue, avec ses acquisitions, et son entourage des républiques batave, lombarde, ligurienne, qui prolongent son système en Europe. – Élections royalistes de l’an V   ; elles changent la situation de la république. – Nouvelle lutte entre le parti contre-révolutionnaire, ayant son siège dans les conseils, dans le club de Clichy, dans les salons, et le parti conventionnel, posté au directoire, dans le club de Salm et dans l’armée. – Coup d’état du 18 fructidor, le parti de vendémiaire est encore une fois battu.
     
    La révolution française, qui avait détruit l’ancien gouvernement, et bouleversé de fond en comble l’ancienne société, avait deux buts bien distincts, celui d’une constitution libre, et celui d’une civilisation plus perfectionnée. Les six années que nous venons de parcourir furent la recherche du gouvernement, de la part de chacune des classes qui composaient la nation française. Les privilégiés voulurent établir leur régime contre la cour et contre la bourgeoisie, par le maintien des ordres et des états-généraux   ; la bourgeoisie voulut établir le sien contre les privilégiés et contre la multitude, par le code de 1791   ; et la multitude voulut établir le sien contre tout le monde, par la constitution de 1793. Aucun de ces gouvernements ne put se consolider, parce que tous furent exclusifs. Mais, pendant leurs essais, chaque classe, momentanément dominatrice, détruisit dans les classes plus élevées ce qu’il y avait d’intolérant et ce qui devait s’opposer à la marche de la nouvelle civilisation.
    Au moment où le directoire succéda à la convention, les luttes de classes se trouvèrent extrêmement ralenties. Le haut de chacune d’elles, formait un parti qui combattait encore pour la possession et pour la forme du gouvernement   ; mais la masse de la nation, qui avait été si profondément ébranlée depuis 1789 jusqu’à 1795, aspirait à s’asseoir et à s’arranger d’après le nouvel ordre des choses. Cette époque vit finir le mouvement vers la liberté, et commencer celui vers la civilisation. La révolution prit son second caractère, son caractère d’ordre, de fondation et de repos, après

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