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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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pièces d’artillerie du camp des Sablons, et il les disposa, ainsi que les cinq mille hommes de l’armée conventionnelle, sur tous les points par où l’on pouvait être assailli. Le 13 vendémiaire, vers midi, l’enceinte de la convention avait l’aspect d’une place forte qu’il fallait prendre d’assaut. La ligne de défense s’étendait   : sur le côté gauche des Tuileries, le long de la rivière, depuis le Pont-Neuf jusqu’au pont Louis XV   ; sur le côté droit, dans toutes les petites rues qui débouchent sur celle de Saint-Honoré, depuis celles de Rohan, de l’Échelle, cul-de-sac Dauphin, jusqu’à celle de la révolution. En face, le Louvre, le jardin de l’Infante, le Carrousel, étaient garnis de canons   ; et, par derrière, le Pont-Tournant et la place de la Révolution formaient un parc de réserve. C’est dans cet état que la convention attendit les insurgés.
    Ceux-ci la cernèrent bientôt sur plusieurs points. Ils avaient environ quarante mille hommes sous les armes, commandés par les généraux Danican, Duhoux et l’ex-garde-du-corps Lafond. Les trente-deux sections, qui formaient la majorité, avaient fourni leur contingent militaire. Parmi les seize autres, plusieurs sections des faubourgs avaient leurs troupes dans le bataillon de 89. Quelques-unes envoyèrent du secours pendant l’action, comme celles des Quinze -Vingts et de Montreuil   ; d’autres ne le purent pas, quoique bien disposées , comme celle de Popincourt   ; enfin, d’autres restèrent neutres, comme celle de l’ Indivisibilité. De deux heures à trois, le général Carteaux, qui occupait le Pont-Neuf avec quatre cents hommes et deux pièces de quatre, fut entouré par plusieurs colonnes de sectionnaires, qui l’obligèrent de se replier jusqu’au Louvre. Cet avantage enhardit les insurgés, qui étaient en force sur tous les points. Le général Danican somma la convention de faire retirer ses troupes et de désarmer les terroristes. Le parlementaire, introduit dans l’assemblée les yeux fermés, y jeta d’abord quelque trouble par sa mission. Plusieurs membres se déclarèrent pour des mesures conciliatoires. Boissy-d’Anglas fut d’avis d’entrer en conférence avec Danican   ; Gamon proposa une proclamation, dans laquelle on engagerait les citoyens à se retirer, en leur promettant de désarmer ensuite le bataillon de 89 . Cette adresse excita les plus violents murmures. Chénier s’élança à la tribune   : « Je suis étonné, dit-il, qu’on vienne nous entretenir de ce que demandent les sections en révolte. Il n’y a point de transaction   : il n’y a pour la convention nationale que la victoire ou la mort   ! » Lanjuinais voulut soutenir cette adresse, en faisant valoir l’imminence et les malheurs de la guerre civile   ; mais la convention ne voulut pas l’entendre, et, sur la motion de Fermond, elle passa à l’ordre du jour. Les débats continuèrent pendant quelque temps encore sur les mesures de paix ou de guerre avec les sections, lorsqu’on entendit, vers quatre heures et demie, plusieurs décharges de mousqueterie, qui firent cesser toute délibération. On apporta sept cents fusils, et les conventionnels s’armèrent comme corps de réserve.
    Le combat s’était engagé dans la rue Saint-Honoré, dont les insurgés étaient maîtres. Les premiers coups partirent de l’hôtel de Noailles   ; et un feu meurtrier se prolongea, sur toute cette ligne. Peu d’instants après, sur l’autre flanc, deux colonnes, fortes d’environ quatre mille sectionnaires, commandées par le comte de Maulevrier, débouchèrent par les quais, et attaquèrent le Pont-Royal. La bataille fut alors générale   ; mais elle ne pouvait pas durer long-temps, la place était trop formidablement défendue, pour être prise d’assaut. Après une heure de combat, les sectionnaires furent débusqués de Saint-Roch et de la rue saint-Honoré par le canon de la convention, et par le bataillon des patriotes. La colonne du Pont-Royal essuya trois décharges d’artillerie en tête et en écharpe, par le pont et par les quais, qui l’ébranlèrent, et la mirent en pleine déroute. À sept heures, les troupes conventionnelles, victorieuses sur tous les points, prirent l’offensive   ; à neuf heures, elles avaient délogé les sectionnaires du théâtre de la République et des postes qu’ils occupaient encore dans le voisinage du Palais-Royal. Ils se disposaient à faire des

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