Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814
pas peu à la soumission de ce parti, sous le consulat et sous l’empire.
CHAPITRE XIII
Le directoire rentre, par le 18 fructidor, dans le gouvernement révolutionnaire, un peu mitigé. – Paix générale, excepté avec l’Angleterre. – Retour de Bonaparte à Paris ; expédition d’Égypte. – Élections démocratiques de l’an VI ; le directoire les annule, le 22 floréal. – Seconde coalition ; la Russie, l’Autriche, l’Angleterre, attaquent la république par l’Italie, la Suisse et la Hollande ; défaites générales. – Élections démocratiques de l’an VII ; le 3o prairial, les conseils prennent leur revanche, et désorganisent l’ancien directoire. – Deux partis dans le nouveau directoire et dans les conseils : le parti républicain modéré, sous Sièyes, Roger-Ducos, les anciens ; celui des républicains extrêmes, sous Moulins, Gohier, les cinq cents et la Société du Manège. – Projets en divers sens. – Victoires de Masséna, en Suisse ; de Brune, en Hollande. – Bonaparte revient d’Égypte ; il s’entend avec Sièyes et son parti. – Journées du 18 et du 19 brumaire. – Fin du régime dictatorial.
La principale conséquence du 18 fructidor fut le retour du gouvernement révolutionnaire, mais un peu mitigé. Les deux anciennes classes privilégiées furent de nouveau mises hors de la société ; les prêtres réfractaires furent une seconde fois déportés. Les chouans et les anciens fuyards, qui occupaient le champ de bataille des départements, l’abandonnèrent aux vieux républicains ; ceux qui avaient fait partie de la maison militaire des Bourbons, les employés supérieurs de la couronne, les membres des parlements, les commandeurs de l’ordre du Saint-Esprit et de Saint-Louis, les chevaliers de Malte, tous ceux qui avaient protesté contre l’abolition de la noblesse, et qui en avaient conservé les titres, durent quitter le territoire de la république. Les ci-devant nobles ou anoblis ne purent exercer les droits de citoyens qu’au bout de sept années, après avoir fait, en quelque sorte, un apprentissage de Français. Ce parti, en voulant la domination, ramena la dictature.
Le directoire parvint, à cette époque, à son maximum de puissance ; pendant quelque temps, il n’eut point d’ennemis sous les armes. Délivré de toute opposition intérieure, il imposa la paix continentale à l’Autriche par le traité de Campo-Formio, et à l’empire par le congrès de Rastadt. Le traité de Campo-Formio fut plus avantageux au cabinet de Vienne que les préliminaires de Léoben. On lui paya ses états belges et lombards avec une partie des états vénitiens. Cette vieille république fut partagée ; la France garda les îles illyriennes, et donna à l’Autriche la ville de Venise, les provinces de l’Istrie et de la Dalmatie. Le directoire commit en cela une grande faute, et se rendit coupable d’un véritable attentat. On peut, lorsqu’on a le fanatisme d’un système, vouloir rendre une nation libre, mais on ne peut jamais la donner. En distribuant d’une manière arbitraire le territoire d’un petit état, le directoire fournit le mauvais exemple de ce trafic des peuples, trop suivi depuis. D’ailleurs, la domination de l’Autriche devait, tôt ou tard, être étendue en Italie, par l’imprudente cession de Venise.
La coalition de 1792 et 1793 était dissoute ; il ne restait de puissance belligérante que l’Angleterre. Le cabinet de Londres n’était point disposé à céder à la France, qu’il avait attaquée dans l’espoir de l’affaiblir, la Belgique, le Luxembourg, Porentruy, Nice, la Savoie, le protectorat du Piémont, de Gênes, de Milan et de la Hollande. Mais, comme il avait besoin d’apaiser l’opposition anglaise, et de refaire ses moyens d’attaque, il fit des propositions de paix ; il envoya en qualité de plénipotentiaire le lord Malmesbury, d’abord à Paris, ensuite à Lille. Mais les offres de Pitt n’étant point sincères, le directoire ne se laissa pas tromper par ses ruses diplomatiques. Les négociations furent rompues deux fois, et la guerre continua entre les deux puissances. Pendant que l’Angleterre négociait à Lille, elle préparait à Saint-Pétersbourg la triple alliance ou la seconde coalition.
Le directoire, de son côté, sans finances, sans parti intérieur, n’ayant d’autre appui que l’armée, et d’autre éclat que la continuation de ses
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