Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814
législatif décréta la guerre ; et la décréta d’indignation contre les gouvernements sur lesquels retombait cet énorme attentat.
Les hostilités avaient déjà commencé en Italie et sur le Rhin. Le directoire, averti de la marche des troupes russes, et suspectant les intentions de l’Autriche, fit porter une loi de recrutement par les conseils. La conscription militaire mit deux cent mille jeunes gens à la disposition de la république. Cette loi, qui eut des suites incalculables, fut le résultat d’un ordre de choses plus régulier. Les levées en masse avaient été le service révolutionnaire de la patrie ; la conscription en devint le service légal.
Les puissances les plus impatientes, et qui formaient l’avant-garde de la coalition, avaient déjà engagé l’attaque. Le roi de Naples s’était avancé sur Rome ; et le roi de Sardaigne avait levé des troupes et menacé la république ligurienne. Comme ils n’étaient pas de force à soutenir le choc des armées françaises, ils furent facilement vaincus et dépossédés. Le général Championnet entra dans Naples après une victoire sanglante. Les lazzaronis défendirent l’intérieur de la ville pendant trois jours ; mais ils succombèrent, et la république parthénopéenne fut proclamée. Le général Joubert occupa Turin, et l’Italie entière se trouva sous la main des Français, lorsque la nouvelle campagne s’ouvrit.
La coalition était supérieure à la république en forces effectives et en préparatifs ; elle l’attaqua par les trois grandes ouvertures de l’Italie, de la Suisse et de la Hollande. Une forte armée autrichienne déboucha dans le Mantouan ; elle battit deux fois Shérer sur l’Adige, et fut bientôt jointe par le bizarre, et jusque-là victorieux, Souvarof. Moreau prit la place de Shérer, et fut battu comme lui ; il fit sa retraite du côté de Gênes pour garder la barrière des Apennins, et se joindre avec l’armée de Naples, commandée par Macdonald, qui fut écrasé à la Trébia. Les confédérés portèrent alors leurs principales forces sur la Suisse. Quelques corps russes se réunirent à l’archiduc Charles, qui avait battu Jourdan sur le Haut-Rhin, et qui se disposa à franchir la barrière helvétique. En même temps, le duc d’York débarqua en Hollande avec quarante mille Austro-Russes. Les petites républiques qui protégeaient la France étaient envahies, et, avec quelques nouvelles victoires, les confédérés pouvaient pénétrer dans la place même de la révolution.
Ce fut au milieu de ces désastres militaires et du mécontentement des partis que se firent les élections de floréal an VII (mai 1799) ; elles furent républicaines, comme celles de l’année précédente. Le directoire ne se trouva plus assez fort contre les malheurs publics et les rancunes des partis. La sortie légale de Rewbel, que remplaça Sièyes, lui fit perdre le seul homme qui pût faire tête à l’orage ; elle introduisit dans son sein l’antagoniste le plus déclaré de ce gouvernement compromis et usé. Les modérés et les républicains extrêmes se réunirent pour demander compte aux directeurs de la situation intérieure et extérieure de la république. Les conseils se mirent en permanence. Barras abandonna ses collègues. Le déchaînement des conseils se dirigea uniquement contre Treilhard, Merlin et La Réveillère, derniers soutiens de l’ancien directoire. Ils destituèrent Treilhard, parce qu’il n’y avait pas eu, ainsi que l’exigeait la constitution, une année d’intervalle entre ses fonctions législatives et directoriales. L’ex-ministre de la justice Gohier fut aussitôt mis à sa place. Les orateurs des conseils attaquèrent vivement alors Merlin et La Réveillère, qu’ils ne pouvaient pas destituer, et qu’ils voulaient contraindre à se démettre. Les directeurs menacés envoyèrent aux conseils un message justificatif, et leur proposèrent la paix. Le 3o prairial, le républicain Bertrand (du Calvados) monta à la tribune, et, après avoir examiné les offres des directeurs, il s’écria : « Vous avez proposé une réunion ; et moi, je vous propose de réfléchir si vous-mêmes pouvez encore conserver vos fonctions. Vous n’hésiterez pas à vous décider, si vous aimez la république. Vous êtes dans l’impuissance de faire le bien : vous n’aurez jamais ni la confiance de vos collègues, ni celle du peuple, ni celle des
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