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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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compléta le système du directoire, et le rendit prépondérant en Europe   ; il se vit à la tête des républiques helvétique, batave, ligurienne, cisalpine, romaine, toutes construites sur le même modèle. Mais pendant que le directoire étendait son influence au dehors, il était de nouveau menacé par les partis intérieurs.
    Les élections de floréal an VI (mai 1798), ne furent point favorables au directoire   ; elles eurent lieu dans un sens entièrement contraire à celles de l’an V. Depuis le 18 fructidor, l’éloignement des contre-révolutionnaires avait redonné toute l’influence au parti républicain exclusif, qui avait rétabli les clubs sous le nom de cercles constitutionnels. Ce parti domina dans les assemblées électorales, qui, par extraordinaire, avaient à nommer quatre cent trente-sept députés   ; deux cent quatre-vingt-dix-huit pour le conseil des cinq cents, cent trente-neuf pour celui des anciens. Dès l’approche des élections, le directoire s’éleva beaucoup contre les anarchistes. Mais ses proclamations n’ayant pas pu prévenir des choix démocratiques, il se décida à les annuler en vertu d’une loi de circonstance, par laquelle les conseils, après le 18 fructidor, lui avaient accordé le pouvoir de juger les opérations des assemblées électorales. Il invita par un message le corps législatif à nommer dans ce but une commission de cinq membres. Le 22 floréal, les élections furent en grande partie annulées, le parti directorial frappa à cette époque les républicains extrêmes, comme, neuf mois auparavant, il avait frappé les royalistes.
    Le directoire voulait maintenir l’équilibre politique, qui avait été le caractère de ses deux premières années   ; mais sa situation était bien changée. Il ne pouvait plus être, depuis son dernier coup d’état, un gouvernement impartial, parce qu’il n’était plus un gouvernement constitutionnel. Avec ces prétentions d’isolement, il mécontenta tout le monde   : cependant il vécut encore de cette manière jusqu’aux élections de l’an VII. Il montra beaucoup d’activité, mais une activité un peu étroite et tracassière. Merlin (de Douai), et Treilhard, qui avaient remplacé Carnot et Barthélemy, étaient deux procureurs politiques. Rewbell avait au plus haut degré le courage d’un homme d’état, sans en avoir les grandes vues   ; La Réveillère s’occupait beaucoup trop de la secte des théophilanthropes, pour un chef de gouvernement. Quant à Barras, il continuait sa vie dissolue et sa régence directoriale   : son palais était le rendez-vous des joueurs, des femmes galantes et des agioteurs de toute espèce. L’administration des directeurs se ressentit de leur caractère, mais surtout de leur position, aux embarras de laquelle vint encore ajouter la guerre avec toute l’Europe.
    Pendant que les plénipotentiaires républicains négociaient encore à Rastadt la paix avec l’empire, la seconde coalition entra en campagne. Le traité de Campo-Formio n’avait été pour l’Autriche qu’une suspension d’armes. L’Angleterre n’eut point de peine à l’engager dans une nouvelle confédération   ; excepté la Prusse et l’Espagne, toutes les puissances européennes en firent partie. Les subsides du cabinet britannique et l’attrait de l’Occident décidèrent la Russie   ; la Porte et les États Barbaresques y accédèrent à cause de l’invasion de l’Égypte   ; l’empire pour recouvrer la rive gauche du Rhin, et les petits princes d’Italie afin de détruire les républiques nouvelles. On discutait à Rastadt le traité relatif à la cession de la rive gauche du Rhin, à la navigation de ce fleuve, et à la démolition de quelques forteresses de la rive droite, lorsque les Russes débouchèrent en Allemagne, et l’armée autrichienne s’ébranla. Les plénipotentiaires français, pris au dépourvu, reçurent l’ordre de partir dans les vingt-quatre heures   ; ils obéirent sur-le-champ, et ils se mirent en route après avoir obtenu des sauf-conduits des généraux ennemis. À quelque distance de Rastadt, ils furent arrêtés par des hussards autrichiens qui, s’étant assurés de leur nom et de leur titre, les assassinèrent   : Bonnier et Roberjot furent tués, Jean de Bry fut laissé pour mort. Cette violation inouïe du droit des gens, cet assassinat prémédité de trois hommes revêtus d’un caractère sacré, excita une horreur générale. Le corps

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