Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814
d’Eichstett, une partie du territoire de Passau, et toutes ses possessions dans la Souabe, le Brisgau et Ortenau, aux électorats de Bavière et de Wurtemberg, qui furent transformés en royaumes. Le grand duché de Bade profita aussi de ses dépouilles. Le traité de Presbourg compléta l’abaissement de l’Autriche, commencé par le traité de Campo-Formio, et continué par celui de Lunéville. L’empereur, de retour à Paris, couronné de tant de gloire, devint l’objet d’une admiration si générale et si empressée, qu’il fut lui-même étourdi par l’enthousiasme public, et s’enivra de sa fortune. Les corps de l’état rivalisèrent d’obéissance et de flatteries. Il reçut le titre de grand ; et le sénat, par un décret, lui consacra un monument triomphal.
Napoléon s’affermit davantage encore dans le système qu’il avait embrassé. La victoire de Marengo et la paix de Lunéville avaient sanctionné le consulat ; la victoire d’Austerlitz et la paix de Presbourg consacrèrent l’empire. Les derniers restes de la révolution furent abandonnés. Le 1 er janvier 1 806, on remplaça définitivement le calendrier républicain par le calendrier grégorien, après quatorze années d’existence. Le Panthéon fut rendu au culte, et bientôt le tribunat cessa même d’exister. Mais l’empereur s’attacha surtout à étendre sa domination sur le continent. Le roi de Naples, Ferdinand, ayant violé, pendant la dernière guerre, le traité de paix avec la France, eut ses états envahis ; et, le 3o mars, Joseph Bonaparte fut déclaré roi des Deux-Siciles. Peu après, le 5 juin 1806, la Hollande fut changée en royaume, et reçut un autre frère de l’empereur, Louis Bonaparte, pour monarque. Il n’existait plus aucune des républiques créées par la convention ou par le directoire. Napoléon, qui nommait des rois secondaires, rétablit le régime militaire hiérarchique et les titres du moyen âge. Il érigea la Dalmatie, l’Istrie, le Frioul, Cadore, Bellune, Conégliano, Trévise, Feltre, Bassano, Vicence, Padoue, Rovigo, en duchés grands fiefs de l’empire. Le maréchal Berthier fut investi de la principauté de Neufchâtel, le ministre Talleyrand de celle de Bénévent, le prince Borghèse et sa femme de celle de Guastalla, Murat du grand-duché de Clèves et de Berg. Napoléon, qui n’avait osé détruire la république suisse, s’en était déclaré le Médiateur ; et il acheva l’organisation de son empire militaire, en plaçant sous sa dépendance l’ancien corps germanique. Le 12 juillet 1806, quatorze princes du midi et de l’ouest de l’Allemagne se réunirent en confédération du Rhin , et reconnurent Napoléon pour protecteur. Le 1 er août, ils notifièrent à la diète de Ratisbonne leur séparation du corps germanique ; l’empire d’Allemagne n’exista plus, et François II en abdiqua le titre, par une proclamation.
Napoléon eut tout l’occident sous sa main. Maître absolu de la France et de l’Italie, comme empereur et roi, il l’était encore de l’Espagne, par la subordination de cette cour ; de Naples et de la Hollande, par ses deux frères ; de la Suisse, par l’acte de médiation ; et il disposait en Allemagne des rois de Bavière, de Wurtemberg, et de la confédération du Rhin, contre l’Autriche et la Prusse. Il aurait pu, après la paix d’Amiens, en maintenant la liberté, se faire le protecteur de la France et le modérateur de l’Europe. Mais ayant cherché sa gloire dans la domination, et sa vie dans les conquêtes, il se condamna à une longue lutte qui devait finir par la dépendance du continent ou par sa propre ruine.
Cette marche envahissante occasionna la quatrième coalition. La Prusse, demeurée neutre depuis la paix de Bâle, avait été sur le point, dans la dernière campagne, de se réunir aux confédérés. La rapidité des victoires de l’empereur l’avait seule retenue ; mais effrayée cette fois de l’accroissement de l’empire, et encouragée par le bel état de ses troupes, elle se ligua avec la Russie pour chasser les Français de l’Allemagne. Le cabinet de Berlin exigea, sous peine de guerre, que les troupes repassassent le Rhin. Il voulut en même temps former dans le nord de l’Allemagne, une ligue contre la confédération du midi. L’empereur, qui était dans le temps de ses prospérités, de la jeunesse de son pouvoir, et de l’assentiment national, marcha contre la Prusse, loin
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