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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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Lunéville, avait été repris avec beaucoup d’ardeur depuis la nouvelle rupture. Au commencement de 1805, une flottille de deux mille petits bâtiments, servis par seize mille marins, portant une armée de cent soixante mille hommes, neuf mille chevaux, une nombreuse artillerie, était rassemblée dans les ports de Boulogne, d’Étaples, Wimereux, Ambleteuse et Calais. L’empereur hâtait par sa présence le dénouement de cette expédition maritime, lorsqu’il apprit que toutes les forces de la monarchie autrichienne s’étaient ébranlées. Quatre-vingt-dix mille hommes, sous l’archiduc Ferdinand et le général Mach, avaient passé l’Inn, envahi Munich et chassé l’électeur de Bavière, allié de la France   ; trente mille, sous l’archiduc Jean, occupaient le Tyrol   ; et l’archiduc Charles, avec cent mille hommes, s’avançait sur l’Adige. Deux armées russes se disposaient à joindre les Autrichiens. L’Angleterre avait organisé cette troisième coalition. L’établissement du royaume d’Italie, la réunion de Gênes et du Piémont à la France, l’influence ouverte de l’empereur sur la Hollande et la Suisse, soulevaient de nouveau l’Europe, qui redoutait aujourd’hui l’ambition de Napoléon, comme elle avait craint, dans les premiers temps, les principes de la révolution. Le traité d’alliance entre le ministère britannique et le cabinet russe avait été signé le 11 avril 18o5, et l’Autriche, y avait accédé le 9 août.
    Napoléon quitta Boulogne, retourna à Paris en toute hâte, se rendit au sénat le 23 septembre, obtint une levée de quatre-vingt mille hommes, et partit, le lendemain, pour commencer la campagne. Il passa le Rhin le 1 er octobre, et entra en Bavière, le 6, avec une armée de cent soixante mille hommes. Masséna arrêta le prince Charles en Italie, et l’empereur fit la guerre d’Allemagne au pas de course. En quelques jours il passa le Danube, entra dans Munich, remporta la victoire de Vertingen, et força, à Ulm, le général Mach à mettre bas les armes. Cette capitulation désorganisa l’armée autrichienne. Napoléon poursuivit le cours de ses victoires, occupa Vienne le 13 novembre, et marcha en Moravie, à la rencontre des Russes auxquels s’étaient ralliés les débris des troupes battues.
    Le 2 décembre 1805, anniversaire du couronnement, les deux armées en vinrent aux mains, dans la plaine d’Austerlitz. Les ennemis avaient quatre-vingt-quinze mille hommes sous les drapeaux   ; les Français, quatre-vingt mille. De part et d’autre, l’artillerie était formidable. La bataille commença au soleil. Ces masses énormes s’ébranlèrent   ; l’infanterie russe ne tint point contre l’impétuosité de nos troupes et les manœuvres de leur général. La gauche de l’ennemi fut coupée la première   ; la garde impériale russe donna, pour rétablir la communication, et fut entièrement écrasée. Le centre essuya le même sort, et à une heure après midi la victoire la plus décisive avait complété cette merveilleuse campagne. Le lendemain, l’empereur félicita l’armée par une proclamation, sur le champ de bataille même   : « Soldats, leur dit-il, je suis content de vous   ; vous avez décoré vos aigles d’une immortelle gloire   ! Une armée de cent mille hommes, commandée par les empereurs de Russie et d’Autriche, a été en moins de quatre jours ou coupée, ou dispersée   ; ce qui a échappé à votre fer s’est noyé dans les lacs. Quarante drapeaux, les étendards de la garde impériale de Russie, cent vingt pièces de canon, vingt généraux, plus de trente mille prisonniers, sont le résultat de cette journée à jamais célèbre. Cette infanterie tant vantée, et en nombre supérieur, n’a pu résister à votre choc   ; et désormais vous n’avez plus de rivaux à redouter. Ainsi, en deux mois, cette troisième coalition a été vaincue et dissoute   ! » Un armistice fut conclu avec l’Autriche   ; et les Russes, qui auraient pu être écrasés, obtinrent de se retirer par journées d’étape.
    La paix de Presbourg suivit les victoires d’Ulm et d’Austerlitz   ; elle fut signée le 26 décembre. La maison d’Autriche, qui avait perdu ses possessions extérieures, la Belgique et le Milanais, fut entamée cette fois dans l’Allemagne même. Elle céda les provinces de la Dalmatie et de l’Albanie au royaume d’Italie   ; le comté du Tyrol, la ville d’Augsbourg, la principauté

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