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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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armes et dans l’attente du combat.
    Pendant que l’insurrection de Paris prenait ce caractère de fougue, de durée, de succès, que faisait-on à Versailles   ? La cour se disposait à réaliser ses desseins contre la capitale et contre l’assemblée. La nuit du quatorze au quinze était fixée pour l’exécution. Breteuil, le chef du ministère, avait promis de relever, dans trois jours, l’autorité royale. Le commandant de l’armée réunie sous Paris, le maréchal de Broglie, avait reçu des pouvoirs illimités de toute espèce. Le quinze, la déclaration du vingt-trois juin devait être renouvelée, et le roi, après avoir forcé l’assemblée à l’accepter, devait la dissoudre. Quarante mille exemplaires de cette déclaration étaient prêts pour être publiés dans tout le royaume   ; et, afin de subvenir aux besoins pressants du trésor, on avait fabriqué pour plus de cent millions de billets d’état. Le mouvement de Paris, loin de contrarier la cour, favorisait ses vues. Jusqu’au dernier moment elle le considéra comme une émeute passagère facile à réprimer   ; elle ne croyait ni à sa persévérance, ni à sa réussite, et il ne lui paraissait pas possible qu’une ville de bourgeois pût résister à une armée.
    L’assemblée connaissait tous ces projets. Depuis deux jours, elle siégeait continuellement au milieu de l’inquiétude et des alarmes. Elle ignorait en grande partie ce qui se passait à Paris. Tantôt on annonçait que l’insurrection était générale et que Paris marchait sur Versailles, tantôt que les troupes se mettaient en mouvement contre la capitale. On croyait entendre le canon, et on plaçait l’oreille à terre pour s’en assurer. Le quatorze, au soir, on assura que le roi devait partir pendant la nuit et que l’assemblée était laissée à la merci des régiments étrangers. Cette dernière crainte n’était pas sans fondement, une voiture était constamment attelée, et depuis plusieurs jours les gardes-du-corps ne quittaient pas leurs bottes. D’ailleurs, à l’Orangerie, il s’était passé des scènes vraiment alarmantes   ; on avait préparé par des distributions de vins et des encouragements les troupes étrangères à leur expédition, et tout portait à croire que le moment décisif était venu.
    Malgré l’approche et le redoublement du danger, l’assemblée se montrait inébranlable et poursuivait ses premières résolutions. Mirabeau qui, le premier, avait demandé le renvoi des troupes, provoqua une nouvelle députation. Elle venait de partir, lorsqu’un député, le vicomte de Noailles, arrivant de Paris, fit part à l’assemblée des progrès de l’insurrection, annonça le pillage des Invalides, l’armement de la multitude, et le siège de la Bastille. Un autre député, Wimpfen, vint ajouter à ce récit, celui des dangers personnels qu’il avait courus, et assura que la fureur du peuple allait en croissant avec ses dangers. L’assemblée proposa d’établir des courriers pour avoir des nouvelles toutes les demi-heures.
    Sur ces entrefaites, deux électeurs, MM. Ganilh et Bancal-des-Issarts, envoyés par le comité de l’Hôtel-de-Ville en députation auprès de l’assemblée, lui confirmèrent tout ce qu’elle venait d’apprendre   : ils lui firent part des arrêtés que les électeurs avaient pris pour le bon ordre et la défense de la capitale   ; ils annoncèrent les malheurs arrivés au pied de la Bastille, l’inutilité des députations auprès du gouverneur, et ils dirent que le feu de la garnison avait jonché de morts les environs de la forteresse. À ce récit, un cri d’indignation s’éleva dans l’assemblée, et l’on envoya sur-le-champ une seconde députation pour porter au roi ces douloureuses nouvelles. La première revenait avec une réponse peu satisfaisante, il était dix heures du soir. Le roi, en apprenant ces désastreux événements qui en présageaient de plus grands encore, parut touché. Il luttait contre le parti qu’on lui avait fait prendre. – « Vous déchirez de plus en plus mon cœur, dit-il aux députés, par le récit que vous me faites des malheurs de Paris. Il n’est pas possible de croire que les ordres qui ont été donnés aux troupes en soient la cause. Vous savez la réponse que j’ai faite à votre précédente députation, je n’ai rien à y ajouter. »Cette réponse consistait dans la promesse d’éloigner de Paris les troupes du Champ-de-Mars, et dans

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