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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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l’ordre donné à des officiers généraux de se mettre à la tête de la garde bourgeoise pour la diriger. De pareilles mesures n’étaient pas suffisantes pour remédier à la situation dangereuse dans laquelle on était placé   ; aussi l’assemblée n’en fut ni satisfaite, ni rassurée.
    Peu de temps après, les députés d’Ormesson et Duport vinrent annoncer à l’assemblée la prise de la Bastille, la mort de Flesselles et celle de Delaunay. On voulait envoyer une troisième députation au roi, et demander de nouveau l’éloignement des troupes. – « Non, dit Clermont-Tonnerre, laissons-leur la nuit pour conseil, il faut que les rois, ainsi que les autres hommes, achètent l’expérience. » C’est dans cet état que l’assemblée passa la nuit. Le matin, une nouvelle députation fut nommée pour faire envisager au monarque les calamités qui suivraient un plus long refus. C’est alors que Mirabeau, arrêtant les députés sur le point de partir   : « Dites-lui bien   ! dites-lui, s’écria-t-il, que les hordes étrangères dont nous sommes investis ont reçu hier la visite des princes, des princesses, des favoris, des favorites, et leurs caresses, et leurs exhortations, et leurs présents   ; dites-lui, que, toute la nuit, ces satellites étrangers, gorgés d’or et de vin, ont prédit, dans leurs chants impies, l’asservissement de la France, et que leurs vœux brutaux invoquaient la destruction de l’assemblée nationale   ; dites-lui que, dans son palais même, les courtisans ont mêlé leurs danses au son de cette musique barbare, et que telle fut l’avant-scène de la Saint-Barthélemy   ! Dites-lui, que ce Henri dont l’univers bénit la mémoire, celui de ses aïeux qu’il voulait prendre pour modèle, faisait passer des vivres dans Paris révolté, qu’il assiégeait en personne, et que ses conseillers féroces font rebrousser les farines que le commerce apporte dans Paris fidèle et affamé. »
    Mais, au même instant, le roi venait se rendre au milieu de l’assemblée. Le duc de Liancourt, profitant de l’accès que lui donnait auprès de sa personne la charge de grand-maître de la garde-robe, lui avait appris, pendant la nuit, la défection des gardes-françaises, l’attaque et la prise de la Bastille. À ces nouvelles, que ses conseillers lui avaient laissé ignorer   : C’est une révolte   ! dit le monarque étonné   : – Non, sire, c’est une révolution. Cet excellent citoyen lui avait représenté les périls auxquels l’exposaient les projets de sa cour, les craintes, l’exaspération du peuple, les mauvaises dispositions des troupes, et il l’avait décidé à se présenter à l’assemblée pour la rassurer sur ses intentions. Cette nouvelle causa d’abord des transports de joie. Mais Mirabeau représenta à ses collègues qu’il ne convenait point de s’abandonner à des applaudissements prématurés. « Attendons, dit-il, que Sa Majesté nous fasse connaître les bonnes dispositions qu’on nous annonce de sa part. Le sang de nos frères coule à Paris. Qu’un morne respect soit le premier accueil fait au monarque par les représentants d’un peuple malheureux   : le silence des peuples est la leçon des rois. » L’assemblée reprit l’attitude sombre qu’elle n’avait pas quittée depuis trois jours. Le roi parut sans gardes, et sans autre cortège que celui de ses frères. Il fut d’abord reçu dans un profond silence, mais lorsqu’il eut dit qu’il n’était qu’un avec la nation, et que, comptant sur l’amour et sur la fidélité de ses sujets, il avait donné ordre aux troupes de s’éloigner de Paris et de Versailles   ; lorsqu’il eut prononcé ces mots touchants, Eh bien   ! c’est moi qui me fie à vous   ; des applaudissements généraux se firent entendre   ; l’assemblée, par un mouvement spontané, se leva tout entière, et reconduisit le monarque au château.
    L’allégresse fut vive à Versailles et à Paris. Le sentiment de la sécurité succéda aux agitations de la crainte, et le peuple passa de l’animosité à la reconnaissance. Louis XVI rendu à lui-même sentit combien il lui importait d’aller en personne apaiser la capitale, de reconquérir son affection, et de se concilier ainsi la puissance populaire. Il fit annoncer à l’assemblée qu’il rappelait Necker, et qu’il se rendrait le lendemain à Paris. L’assemblée avait déjà nommé une députation de cent membres, qui

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