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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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fatigue, et l’inaction des gardes-du-corps, ralentirent la fureur de la multitude, et La Fayette arriva à la tête de l’armée parisienne.
    Sa présence ramena la sécurité à la cour, et les réponses du roi à la députation de Paris satisfirent la multitude et l’armée. En peu de temps, l’activité de La Fayette, le bon esprit et la discipline de la garde parisienne, rétablirent l’ordre partout. Le calme reparut   : cette foule de femmes et de volontaires, vaincue par la lassitude, s’écoula   ; et les gardes nationaux furent les uns commis à la défense du château, les autres reçus chez leurs frères d’armes de Versailles. La famille royale rassurée, après les alarmes et les fatigues de cette pénible nuit, se livra au repos vers deux heures du matin. À cinq heures La Fayette, après avoir visité les postes extérieurs, qui avaient été confiés à sa garde, trouvant le service bien exécuté, la ville calme, la foule ou évacuée ou endormie, prit aussi quelques instants de sommeil.
    Mais vers six heures, quelques hommes du peuple, plus exaltés que les autres et éveillés plutôt qu’eux, rôdaient autour du château. Ils trouvent une grille ouverte, ils avertissent leurs compagnons, et pénètrent par cette issue. Malheureusement les postes intérieurs avaient été laissés aux gardes-du-corps, et refusés à l’armée parisienne   ; et ce fatal refus causa tous les malheurs de cette nuit. La garde intérieure n’avait pas même été doublée   ; on avait à peine visité les grilles, et le service se faisait négligemment comme en temps ordinaire. Ces hommes, agités de toutes les passions qui les avaient conduits à Versailles, aperçurent un garde-du-corps à une fenêtre, et l’assaillirent de leurs propos   ; il tira sur eux et blessa un des leurs. Ils se précipitèrent alors sur les gardes-du-corps, qui défendirent le château pied à pied et se dévouèrent avec héroïsme   ; l’un d’eux eut le temps d’avertir la reine, que menaçaient surtout les assaillants, et la reine s’enfuit, à demi nue, auprès du roi   ; le tumulte et les dangers étaient extrêmes dans le château.
    La Fayette, averti de l’invasion de la demeure royale, monte à cheval, et se dirige en toute hâte vers le lieu du danger. Il rencontre sur la place, des gardes-du-corps entourés de furieux qui veulent les massacrer. Il se jette au milieu d’eux, appelle à lui quelques gardes-françaises qui n’étaient pas éloignés, et après avoir dispersé les assaillants et sauvé les gardes-du-corps, il se précipite au château. Il le trouve déjà secouru par les grenadiers des gardes-françaises, qui, au premier bruit du tumulte, avaient accouru et avaient protégé les gardes-du-corps contre la furie des Parisiens. Mais la scène n’était point terminée   ; la foule rassemblée dans la cour de marbre, sous le balcon du roi, le demandait à grands cris   ; le roi parut. On demanda son départ pour Paris, il promit d’y aller avec sa famille, et l’on couvrit cette nouvelle d’applaudissements. La reine était résolue à le suivre, mais les préventions étaient si fortes contre elle, que le voyage n’était pas sans danger   ; il fallait la réconcilier avec la multitude. La Fayette lui proposa de l’accompagner au balcon   ; après avoir hésité elle s’y décida. Ils parurent ensemble, et pour se faire entendre d’un signe à cette foule tumultueuse, pour vaincre ses animosités, réveiller son enthousiasme, La Fayette baisa avec respect la main de la reine   ; la foule répondit par ses acclamations. Il restait encore à faire la paix des gardes-du-corps, La Fayette s’avança avec un d’eux, plaça sur son chapeau sa propre cocarde tricolore, et l’embrassa à la vue du peuple qui s’écria   : Vivent le s gardes-du-corps   ! Ainsi finit cette scène   ; la famille royale partit pour Paris, escortée par l’armée et par ses gardes mêlés avec elle.
    L’insurrection des 5 et 6 octobre fut un vrai mouvement populaire   ; il ne faut pas lui chercher des motifs secrets, ni l’attribuer à des ambitions cachées   ; elle fut provoquée par les imprudences de la cour. Le repas des gardes-du-corps, des bruits de fuite, la crainte de la guerre civile, et la disette, portèrent seuls Paris sur Versailles. Si des instigateurs particuliers, ce que les recherches les plus intéressées ont laissé douteux, contribuèrent à produire le mouvement, ils n’en

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