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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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Metz, de Rouen, de Bordeaux, de Toulouse, s’élevèrent contre les opérations de l’assemblée qui supprima les chambres de vacations, abolit les ordres, et déclara incompétentes les commissions des états. Les partisans de l’ancien régime saisissaient tous les moyens de l’inquiéter dans sa marche   : la noblesse excitait, les provinces, les parlements prenaient des arrêtés, le clergé faisait des mandements, et les écrivains profitaient de la liberté de la presse pour attaquer la révolution. Ses deux principaux ennemis furent les nobles et les évêques. Le parlement n’ayant pas de racine dans la nation, ne formait qu’une magistrature dont on prévenait les attaques en la détruisant   ; au lieu que la noblesse et le clergé avaient des moyens d’action qui survivaient à leur influence de corps. Les malheurs de ces deux classes furent causés par elles-mêmes   ; après avoir harcelé la révolution dans l’assemblée, elles l’attaquèrent plus tard à force ouverte, le clergé par des soulèvements intérieurs, la noblesse en armant l’Europe contre elle. Ils espérèrent beaucoup de l’anarchie, qui causa, il est vrai, de grands maux à la France, mais qui fut loin de rendre leur propre situation meilleure. Voyons comment furent amenées les hostilités du clergé, et pour cela reprenons les choses de plus haut.
    La révolution avait commencé par les finances, et n’avait pas pu faire cesser encore les embarras qui l’avaient produite. De plus importants objets avaient occupé les moments de l’assemblée. Appelée, non plus à soudoyer l’administration, mais à constituer l’état, elle avait de temps en temps suspendu ses discussions législatives pour satisfaire aux besoins les plus pressants du trésor. Necker avait proposé des moyens provisoires qui avaient été adoptés de confiance, et presque sans discussion. Malgré cet empressement, il ne voyait pas sans humeur les finances subordonnées à la constitution, et le ministère à l’assemblée. Un premier emprunt de trente millions, décrété le 9 août, n’avait pas réussi   ; un emprunt postérieur de quatre-vingts millions, décrété le 27 du même mois, avait été insuffisant. Les impôts étaient réduits ou abolis, et ils ne produisaient presque rien à cause de la difficulté de leur perception. Il devenait inutile de recourir à la confiance publique, qui refusait ses secours   ; et, en septembre, Necker avait proposé, comme unique moyen, une contribution extraordinaire du quart du revenu, une fois payé   : chaque citoyen devait le fixer lui-même, en employant cette formule de serment si simple, et qui peint si bien ces premiers temps de loyauté et de patriotisme   : Je déclare avec vérité.
    Ce fut alors que Mirabeau fit décerner à Necker une véritable dictature financière. Il parla des besoins urgents de l’état, des travaux de l’assemblée qui ne lui permettaient pas de discuter le plan du ministre, et qui lui interdisaient d’en examiner un autre, de l’habileté de Necker qui promettait la réussite du sien   ; et il pressa l’assemblée de se décharger sur lui de la responsabilité du succès en l’adoptant de confiance. Comme les uns n’approuvaient pas les vues du ministre, comme les autres suspectaient les intentions de Mirabeau à son égard, il finit ce discours, l’un des plus éloquents qu’il ait prononcés, en montrant la banqueroute menaçante et en s’écriant   : « Votez ce subside extraordinaire, et puisse-t-il être suffisant   ! Votez-le, parce que si vous avez des doutes sur les moyens, vous n’en avez pas sur la nécessité et sur notre impuissance à le remplacer   ; votez-le, parce que les circonstances publiques ne souffrent aucun retard, et que nous serions comptables de tout délai. Gardez-vous de demander du temps   ; le malheur n’en accorde jamais… Hé   ! messieurs, à propos d’une ridicule motion du Palais-Royal, d’une risible incursion qui n’eut jamais d’importance que dans les imaginations faibles ou les desseins pervers de quelques hommes de mauvaise foi, vous avez entendu naguère ces mots forcenés   : Catilina est aux portes de Rome, et l’on délibère   ! Et, certes, il n’y avait autour de nous ni Catilina, ni périls, ni factions, ni Rome   : mais aujourd’hui la banqueroute, la hideuse banqueroute est là   ; elle menace de consumer vous, vos propriétés, votre honneur   ; et vous délibérez   ! »

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