Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
Vom Netzwerk:
vendus.
    Il était difficile en effet de consommer cette vente, qui ne pouvait cependant pas être retardée, le trésor ne subsistant que d’anticipations, et la caisse d’escompte, qui lui fournissait ses billets, commençant à perdre tout crédit, à cause de la grande quantité de ses émissions. Voici comment on en vint à bout et de quelle manière on procéda à la nouvelle organisation financière. Les besoins de cette année et de l’année suivante exigeaient une vente de 4oo millions de ses biens   : pour la faciliter, la municipalité de Paris fit une soumission considérable, et les municipalités du royaume suivirent l’exemple de celle de Paris. Elles devaient verser au trésor les biens qu’elles recevaient de l’état pour les vendre aux particuliers   ; mais elles manquaient d’argent, et elles ne pouvaient pas verser le prix puisqu’elles n’avaient pas encore d’acheteurs. Que firent-elles alors   ? elles fournirent des billets municipaux, destinés à rembourser les créanciers publics, jusqu’à ce qu’elles eussent acquis les fonds nécessaires pour retirer ces billets. Lorsqu’on en fut arrivé là, on comprit qu’au lieu de ces billets municipaux, il valait mieux créer des billets d’état qui eussent un cours forcé et qui fissent fonction de monnaie   : c’était simplifier l’opération en la généralisant. Ainsi naquirent les assignats.
    Cette découverte servit beaucoup la révolution, et permit seule la vente des biens ecclésiastiques   : les assignats, qui étaient un moyen d’acquittement pour l’état, devinrent un gage pour les créanciers et de plus une véritable monnaie. De cette manière, le créancier qui les recevait n’était point tenu de se payer en terres de ce qu’il avait fourni en numéraire   ; mais tôt ou tard les assignats devaient parvenir à des hommes disposés à les réaliser, et alors ils devaient être détruits en même temps que leur gage cessait. Afin qu’ils remplissent leur but, on exigea leur circulation forcée   ; afin qu’ils fussent solides, on en limita la quantité à la valeur des biens qu’on mit en vente   ; afin qu’ils ne tombassent point par un change trop subit, on leur fit porter intérêt   ; l’assemblée voulut leur donner dès l’instant même de leur émission toute la consistance d’une monnaie. Elle espéra que le numéraire enfoui par la défiance, reparaîtrait aussitôt, et que les assignats entreraient en concurrence avec lui. L’hypothèque les rendait aussi assurés, et l’intérêt plus avantageux   ; mais cet intérêt, qui avait de grands inconvénients, disparut à la prochaine émission. Tel fut le commencement de ce papier monnaie émis avec tant de nécessité et de prudence, qui permit à la révolution l’accomplissement de si grandes choses, et qui fut décrédité par des causes qui tenaient moins à sa nature qu’à l’usage postérieur qu’on en fit.
    Lorsque le clergé vit l’administration de ses biens transférée aux municipalités, la vente de quatre cents millions qu’on allait en faire, la création d’un papier monnaie qui facilitait son dépouillement et le rendait définitif, il n’oublia rien pour faire intervenir Dieu dans la cause de ses richesses. Il fit une dernière tentative, il offrit de réaliser en son nom l’emprunt des 4oo millions, ce qui fut rejeté, parce qu’autrement on l’eût de nouveau reconnu propriétaire après avoir décidé qu’il ne l’était pas. Il chercha alors tous les moyens d’entraver les opérations des municipalités   : dans le midi, il souleva les catholiques contre les protestants   ; dans la chaire il alarma les consciences, dans le confessionnal il traita les ventes de sacrilèges, et à la tribune il chercha à rendre suspects les sentiments de l’assemblée. Il fit naître, autant qu’il put, des questions religieuses afin de la compromettre et de confondre la cause de son propre intérêt avec celle de la religion. Déjà lors de l’abolition des vœux monastiques, dont les abus et l’inutilité étaient alors reconnus par tout le monde, même par le clergé, l’évêque de Nancy avait proposé incidemment et d’une manière perfide que la religion catholique eût seule un culte public   ; l’assemblée s’était élevée contre les motifs qui avaient suggéré cette proposition, et elle avait passé outre. Mais la même proposition avait été présentée de nouveau dans une autre séance, et

Weitere Kostenlose Bücher