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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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coups de hache, Louis XVI ordonna de les ouvrir, et se présenta à elle à peine accompagné de quelques personnes. Le flot populaire s’arrêta un moment devant lui   ; mais ceux qui étaient dehors, et qui ne pouvaient pas être contenus par la présence du roi, avançaient toujours. On fit prudemment placer Louis XVI dans l’embrasure d’une fenêtre. Jamais il ne montra plus de courage et de véritable grandeur que dans cette déplorable journée. Entouré de gardes nationaux, qui faisaient barrière contre la multitude, assis sur une chaise, qu’on avait élevée sur une table, afin qu’il pût respirer un peu plus à l’aise, et être vu du peuple, il garda une contenance calme et ferme   ; il répondit constamment à ceux qui demandaient à grands cris la sanction des décrets   : Ce n’est ni la forme, ni le moment de l’obtenir de moi. Ayant le courage de refuser ce qui était l’objet essentiel de ce mouvement, il ne crut pas devoir repousser un signe vain pour lui, et qui, aux yeux de la multitude, était celui de la liberté   ; il mit sur sa tête un bonnet rouge, qui lui fut présenté au bout d’une pique. La multitude fut très-satisfaite de cette condescendance. Peu d’instants après, elle le couvrit d’applaudissements, lorsqu’étouffant de chaud et de soif, il but sans hésiter dans un verre que lui présenta un ouvrier à moitié ivre. Cependant Vergniaud, Isnard et quelques députés de la Gironde, étaient accourus pour protéger le roi, pour parler au peuple, et mettre un terme à ces indignes scènes. L’assemblée, qui avait depuis peu levé sa séance, se réunit à la hâte, effrayée de cette irruption, et envoya plusieurs députations successives auprès de Louis XVI pour lui servir de sauve-garde. Enfin, le maire Pétion arriva lui-même   ; il monta sur une chaise, harangua le peuple, l’invita à se retirer sans tumulte, et le peuple obéit. Ces singuliers insurgés, qui n’avaient pour but que d’obtenir des décrets et des ministres, s’écoulèrent sans avoir outrepassé leur mandat, mais sans l’avoir rempli.
    La journée du 20 juin excita un soulèvement de l’opinion constitutionnelle contre ses auteurs. La violation du domicile royal, les outrages faits à Louis XVI, l’illégalité d’une pétition présentée au milieu des violences de la multitude et de l’appareil des armes, furent vivement reprochés au parti populaire. Celui-ci se vit réduit un moment à la défensive   : outre qu’il était coupable d’une émeute, il avait essuyé un véritable échec. Les constitutionnels reprirent le ton et la supériorité d’un parti offensé et dominant   ; mais cela dura peu, car ils ne furent point secondés par la cour. La garde nationale offrit à Louis XVI de se tenir réunie autour de sa personne   ; le duc de La Rochefoucault Liancourt, qui commandait à Rouen, voulut l’emmener au milieu de ses troupes, qui lui étaient dévouées. La Fayette lui proposa de le conduire à Compiègne, et de le mettre à la tête de son armée   ; mais Louis XVI refusa toutes ces offres. Il pensa que les agitateurs seraient dégoûtés du mauvais succès de leur dernière tentative   ; et, comme il espérait sa délivrance de la part des puissances confédérées, il ne voulut pas se servir des constitutionnels, parce qu’il aurait fallu traiter avec eux.
    Cependant La Fayette vint tenter un dernier effort en faveur de la monarchie légale. Après avoir pourvu au commandement de son armée, et recueilli des adresses contre les derniers événements   ; il partit pour Paris, et se présenta, le 28 juin, sans être attendu, à la barre de l’assemblée. Il demanda, tant en son nom qu’au nom des troupes, le châtiment des attentats du 20 juin, et la destruction de la secte jacobite. Sa démarche excita des sentiments divers dans l’assemblée   : le côté droit l’applaudit beaucoup   ; mais le côté gauche s’éleva contre sa conduite. Guadet proposa d’examiner s’il n’était pas coupable d’avoir quitté son armée, et d’être venu dicter des lois à l’assemblée. Un reste de respect empêcha celle-ci de suivre l’avis de Guadet, et, après des débats assez tumultueux, elle admit La Fayette aux honneurs de la séance   ; mais ce fut là tout du côté de l’assemblée. La Fayette se tourna alors vers la garde nationale, qui lui avait été dévouée pendant si long-temps, et il espéra, avec son aide, fermer les clubs, disperser

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